«Ainsi serait-ce»: un poème de Marjoleine de Vos
Entre le conditionnel et l’imparfait, la voix poétique de ce poème de Marjoleine de Vos s’aventure au point de rencontre de ce qui aurait dû être et de ce qui était. ‘Zo zou het zijn’, la version originale de ce poème, est tirée du recueil Het waait paru aux éditions Van Oorschot, Amsterdam, 2008.
Ainsi serait-ce
Très longtemps déjà tu savais que toujours quelque part
quelqu’un t’attendrait. À un arrêt à mi-chemin, de préférence
un tantinet plus tôt. Soudain tu l’apercevrais,
lui ferais peut-être le bonjour mais d’emblée déjà
plus de distinction entre toi et elle, c’était elle
que depuis toujours tu voulais devenir, à elle menait ton chemin.
À présent tu étais celle voulue depuis le fond des temps:
en équilibre, savante, absorbée
tu cuisais aussi ton pain toi-même, parlais grec
tes fleurs fleurissaient sans fin et plus jamais
personne n’avait à se rendre quelque part.
Ainsi serait-ce, mais dans la réalité surtout un peu
de poussière qui descend, à tes propres yeux tu rétrécissais,
ne saisis guère ce que tu voulais comprendre. Jusqu’à mi-chemin
oui, voilà une femme toute grise, elle te regarde
et tu la vois. Mais tu vas ton chemin et marmonnes: bientôt
fleurira quand même le coudrier d’hiver.
Zo zou het zijn
Heel lang al wist je steeds dat ergens iemand
wachten zou. Bij een halte halverwege, liefst
iets eerder. Je zou haar plotseling zien
gedag zeggen misschien maar al meteen.
geen onderscheid meer tussen jou en haar, zij was
die jij steeds worden wou, naar haar leidde je weg.
Je was nu wie bedoeld was al vanouds:
in evenwicht, geleerd, verdiept
je bakte ook je eigen brood, sprak Grieks
je bloemen bloeiden eindeloos en nooit
hoefde meer iemand ooit eens ergens.
Zo zou het zijn, maar in het echt vooral
wat stof dat daalt, je kromp in eigen oog
snapt niet wat je begrijpen wou. Tot halverwege
ja, daar staat een grijze vrouw, ze kijkt naar jou
en jij ziet haar. Maar je loopt door en mompelt: toch
bloeit straks de winterhazelaar.