Miroir de la culture en Flandre et aux Pays-Bas

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Miroir de la culture en Flandre et aux Pays-Bas

Arco: 800 000 coopérateurs flamands dupés
© Jef Van den Bossche
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Podcast Dring Dring 2: La Flandre à vélo
Société

Arco: 800 000 coopérateurs flamands dupés

DaarDaar et les plats pays se sont associés pour la deuxième saison du podcast Dring Dring. Après les stéréotypes entre Flamands et Belges francophones, partez à vélo pour découvrir cinq grands dossiers qui marquent l’actualité en Flandre. Pour le deuxième épisode, Aubry Touriel, journaliste spécialiste du nord du pays, vous emmène dans le Limbourg. On y parlera d’Arco, une coopérative dans laquelle 800 000 Flamands ont investi, mais, depuis, ils n’ont jamais revu leur argent.

Une version sous-titrée du podcast est disponible au bas de cette page, pour les personnes sourdes ou malentendantes ou quiconque désirant lire les sous-titres.

Imaginez: vous investissez des milliers d’euros dans une coopérative. Et puis, dans votre dos, le gouvernement transforme vos parts en actions cotées en bourse pour renflouer une banque en difficulté. Cette banque tombe faillite et vous perdez votre argent. Cette situation, c’est celle que vivent 800 000 Flamands avec le dossier Arco. Retour sur l’un des plus grands scandales financiers de l’histoire de Belgique.

«C’est la plus grande fraude financière de Belgique!», s’exclame Ludo Trekels. Ce Limbourgeois de 74 ans était banquier à l’époque du scandale Arco. Il se rappelle du moment où il a appris la mise en liquidation d’Arco en 2011: «J’étais en colère. Nous étions tous extrêmement furieux de ne pas avoir été mis au courant. Nous ne pouvions pas informer nos clients que l'on comptait transformer leur épargne en actions. Et ce, à leur insu. Des centaines de clients me demandaient: “Qu'en est-il de nos actions ? Qu'en est-il de nos certificats d'actions coopératives ? Ils n'ont plus de valeur?”»

Arco, c’est quoi?

Pour bien comprendre le dossier Arco, un retour dans le temps s’impose. Le mouvement chrétien flamand décide de créer une coopérative en 1929: la Coopérative ouvrière belge (COB). D’une société d’assurances au départ, la coopérative devient au fur et à mesure des décennies une caisse d’épargne et des agences bancaires voient le jour à partir des années 1990.

Les coopérateurs bénéficiaient d’avantages: rendements plus élevés, coûts de gestion réduits… «On pouvait même se procurer du mazout bon marché. Les fournisseurs recevaient une offre par province ou par région. Celui qui proposait le prix le plus bas avait la chance de fournir des milliers et des milliers de personnes. Ça marchait tellement bien que le diesel et le mazout chez Arco étaient les moins chers», raconte Ludo. Tous ces avantages ont attiré les foules et Arco compte 800 000 coopérateurs.

Avec la crise financière de 2008, les banques vacillent. En 2011, Yves Leterme, alors premier ministre belge, décide de renflouer les caisses de Dexia à la demande du président du groupe Dexia SA de l’époque, Jean-Luc Dehaene.

Objectif: éviter la faillite de la banque franco-belge. Il faut trouver du capital à tout prix : les parts des coopérateurs Arco se transforment en actions Dexia, sans leur demander leur avis. Dexia fait tout de même faillite et Arco est en liquidation.

Le rôle du CD&V

Pour Marc Vliegen, coopérateur Arco qui a perdu 17 000 euros, le CD&V a joué un rôle de premier plan dans cette affaire: «Ce sont des ministres du CD&V qui ont forcé les dirigeants d'Arco à donner leur accord pour que les fonds Arco soient remplacés en actions Dexia.»

Selon lui, les mauvais résultats électoraux du CD&V sont en partie à imputer à Arco. «Dans le groupe Arcoclaim, je vois passer des messages: “Laissez le CD&V de côté, car ils nous trompent”. Les gens sont en colère et disent : “Je ne peux pas voter pour ceux qui me volent.”»

Le parti démocrate-chrétien s’est plusieurs fois engagé à rembourser les coopérateurs floués, mais aucune action concrète n’a abouti.

De son côté, Marc Vliegen a essayé avec d’autres coopérateurs dupés de faire bouger les lignes en allant s’adresser aux politiques. Ces rencontres n’ont pas fait avancer le schmilblick: «C'est toujours la même chose. Ils font toujours des promesses. Vous avez été payés hier, à les croire. Pour le reste, vous obtenez toujours les mêmes réponses: ils vont y travailler, ils vont faire de leur mieux et vous serez payés, vous êtes sur le fonds de garantie.»

Actions en justice

Près de quinze ans après ce scandale, les coopérateurs Arco n’ont toujours pas revu leur argent. Malgré les promesses du CD&V, les 800 000 coopérateurs n’ont toujours pas récupéré leur investissement.

Ces dernières années, des citoyens se sont regroupés pour récupérer leur capital investi dans Arco. Deminor, un groupe de 2 000 coopérateurs, est allé en justice. Verdict: la plainte a été jugée irrecevable, mais le groupe va faire appel.

Un autre procès attend les membres d’Arcoclaim, comme Ludo et Marc. La première audience est d’ailleurs fixée au 22 novembre. Les coopérateurs Arco devront encore faire preuve de patience avant d’espérer pouvoir récupérer leur argent, conclut Ludo: «J’estime que ça va prendre encore 5 ans, voire 10 ans.»

Ces histoires vous intriguent ? Retrouvez-en plein d’autres dans le premier épisode de Dring Dring, le podcast de DaarDaar qui vous fait découvrir la Flandre à vélo. Dans deux semaines, on vous emmène en Flandre-Orientale. Vous en apprendrez plus sur le transport dans l’enseignement spécialisé. Avant, certains enfants restaient jusqu’à 6 heures par jour dans un bus pour aller à l’école.

Quelques photos prises dans le Limbourg

Le podcast en version sous-titrée

https://www.youtube.com/embed/kSsu3Z2kUNY
Projet soutenu par le Fonds pour le journalisme et la Fédération Wallonie-Bruxelles et coproduit DaarDaar et les plats pays.
Série

Dring Dring 2: La Flandre à vélo

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