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littérature

«Au-delà de Bredene» du poète K. Michel

Par K. Michel, traduit par Daniel Cunin
14 août 2020 2 min. temps de lecture Le poème du mois

K. Michel (°1958) a fait ses débuts avec une poésie joyeuse et expérimentale. Bien que la légèreté de sa poésie n’ait jamais disparu, l’exubérance a progressivement fait place à un ton plus calme et il ne craint pas les côtés sombres de l’existence. Dans ses recueils ultérieurs, K. Michel a également utilisé des nouvelles et des textes publicitaires, parfois littéralement repris dans le poème. Il est également un traducteur apprécié. Le présent poème a été extrait du recueil Kleur en schaduwen paru aux éditions Augustus en 2004.

Au-delà de Bredene*

Compter jusqu’à cent sur la terrasse
de l’hôtel désertée par les serveurs, relever
l’attitude fastueuse de la lumière qui faiblit

Les fesses de Bredene passées
les dunes et la plage dénudée
au jusant franchies
parvenir à la ligne qui fait l’eau

suivre celle-ci avec derrière soi
le phare d’Ostende et devant
notre ombre brûlant d’impatience

tandis que le trousseau de clés inutiles
tinte doucement dans notre veste et
qu’aucune lune ne laisse paraître
les étoiles les unes après les autres

La sensation d’être visible aux yeux
d’une personne nantie d’une loupe forte
en marchant sur la ligne bleue
de la carte côtière de l’atlas

S’arrêter, respirer profondément
crier «hé, bigleux! bigleux mignon bigleux!»
Trois mouettes sursautent sans bruit, prennent
leur envol avec une facilité déconcertante
Imperturbable la mer ronfle

Sans le nord personne ne saurait rentrer chez soi

* Bredene est une station balnéaire située sur la côte belge et est principalement connue pour sa plage nudiste (fermée pour le moment).

Voorbij Bredene

Tot honderd tellen op het oberloze
hotelterras en constateren dat licht
een weelderig bezwijkgedrag heeft

Na het passeren van de billen van Bredene
het oversteken van de duinenrij en
het ebwaarts blootgetrokken strand
aankomen bij de waterlijn

en die volgen met de vuurtoren
van Oostende in de rug en je schaduw
reikhalzend voor je uit

terwijl de bos onbruikbare sleutels
zachtjes rinkelt in je jas en
geen maan de ene na de andere
ster te voorschijn laat komen

De sensatie zichtbaar te zijn
voor iemand met een sterk vergrootglas
lopend over het blauwe lijntje
op de kustkaart in de Bosatlas

Stilstaan, diep ademhalen
«hé schele» roepen «lieve scheleschele»
Drie meeuwen schrikken geruisloos op
en zeilen uit met achteloos gemak
Onverstoorbaar snurkt de zee

Zonder noorden komt niemand thuis

K michel R Fossen 0

K. Michel

poète - traducteur

photo: © R. Fossen

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