Miroir de la culture en Flandre et aux Pays-Bas

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Miroir de la culture en Flandre et aux Pays-Bas

Au diable tous ces piliers!
© Bo Films
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Septentrion quinquagénaire
Société

Au diable tous ces piliers!

Lancer une revue n’est pas une sinécure. Il n’est pas rare qu’une publication cesse après un petit nombre de numéros ou quelques années. Septentrion, qui se fixait pour mission d’informer en français sur les Plats Pays, n’avait pas un profil simple. La revue a pourtant su non seulement affirmer sa présence, mais aussi grandir de manière constante. Cette réussite peut s’expliquer par différentes raisons. L’une d’elles est généralement trop peu mise en avant.

Un des programmes TV qui cartonnent en Flandre est De slimste mens (Le plus futé). Ce quiz organisé par une chaîne commerciale couronne chaque fois une personne qui peut, pendant un an, se parer du titre de «plus futée du monde» (oui, les Flamands, eux aussi, sont parfois portés à une légère exagération).

Vous hochez la tête, vous vous demandez quel rapport cela peut avoir avec l’histoire de Septentrion. La réponse est aussi brève que claire: aucun! Mais vous allez tout de suite comprendre ce que De slimste mens vient faire ici.

Une des parties les plus amusantes du quiz est celle où les trois candidats peuvent regarder à tour de rôle un petit film sur un événement ponctuel, une personne, l’une ou l’autre notion, etc. Dès la fin du film, le candidat ou la candidate dont c’est le tour doit donner cinq mots-clés en rapport avec le contenu.

Exemple: une des personnes participantes, en fait la seule dame, se voit montrer un petit film sur François Mitterrand (pour gouverne, il aurait tout aussi bien pu s’agir de Charles De Gaulle, Jacques Chirac, François Hollande ou Emmanuel Macron). La candidate s’exclama, un peu nerveuse, «aïe, la France, c’est toujours difficile», après quoi elle dit sans grande hésitation: «François Mitterrand, Français, président, socialiste». L’animateur fait remarquer qu’il manque encore un mot. La candidate n’a plus que quelques secondes, semble encore hésiter puis, juste avant que le gong retentisse, susurre en feignant d’être gênée «et alors?». Le public, enthousiaste, applaudit.

Imaginez maintenant, et nous revoici devant Septentrion, imaginez que pendant le quiz on ait projeté un petit film sur les débuts de la revue. Il y a peu de chances, sinon aucune, que cela arrive un jour, mais l’idée ne manque pas de sel. Quels sont les mots-clés qui ne pourraient être omis? «Revue (cela va de soi), francophone, les Plats Pays, Jozef Deleu», cela fait déjà un beau score. Un cinquième mot? «Transfrontalier» ne serait pas mal, de même que «Rekkem» (le village de la frontière belgo-française où Septentrion a vu le jour).

Il y a pourtant un autre mot qui semble plus approprié, même s’il ne vient pas spontanément à l’esprit de beaucoup: «décloisonné», entendez par là «hors piliers», une notion, je vous le concède, un peu difficile.

Faites le test. Feuilletez la revue des premières années, et faites de même avec d’autres revues qui paraissaient à l’époque. Une bonne partie de celles-ci n’ont pas tardé à trahir leur appartenance à un «pilier» confessionnel bien défini – mouvance catholique, libre pensée ou obédience politique relative ou plus prononcée (démocrate-chrétienne, sociodémocrate, libérale). Rien de tout cela chez Septentrion.

Parmi les collaborateurs, y compris dans les premières années, se trouvaient aussi bien des théologiens réputés que d’éminents libres penseurs, des auteurs ayant des sympathies pour telle ou telle idéologie et surtout aussi des personnalités de formation académique, des journalistes, etc. pour qui la mission de la revue et la qualité qu’elle offrait étaient tout simplement plus importantes que l’idéologie ou le choix politique.

Jamais au cours de son histoire Septentrion ne serait perçu comme le porte-parole d’un pilier, d’une tendance sociétale ou politique déterminée

Bref, Septentrion a voulu d’emblée prendre ses distances par rapport au système des piliers dont on sait qu’il minait encore sérieusement la Flandre à l’époque, que ce soit dans le domaine social en général ou sur le plan culturel. La voie choisie par Jozef Deleu valait son pesant d’or. Jamais au cours de son histoire Septentrion ne serait perçu comme le porte-parole d’un pilier, d’une tendance sociétale ou politique déterminée. La preuve est néanmoins faite que la revue a réussi à se tailler une réputation de sérieux professionnel et de fiabilité quant au contenu.

Un dernier et rapide retour à De slimste mens. Il y a une dizaine d’années, un responsable de l’émission a eu la riche idée de réunir tous les anciens vainqueurs du quiz dans une confrontation pour le titre de «personne la plus futée de toutes».

Au terme d’une finale particulièrement haletante, la compétition a été remportée par un humoriste se produisant en stand-up, Bert Kruismans. Il peut se parer à vie du titre de «personne la plus futée au monde». Le hasard veut que Kruismans ne soit pas un inconnu en pays francophone, tout spécialement chez les francophones de Belgique.

Bert Kruismans aura la parole dans le prochain numéro de Septentrion. Il contera les aventures qu’il a vécues dans ses spectacles en stand-up à Bruxelles et en Wallonie. De quoi montrer combien Bruxelles et la Wallonie peuvent être parfois surprenantes pour un Flamand, mais aussi combien ce Flamand y est amicalement reçu et s’y trouve tellement chez lui.

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