Bas Smets, Baloji et le musée de l’université de Gand: voici les lauréats des Ultimas
La Communauté flamande a décerné ses prix culturels Ultimas pour 2023. Le prix principal, l’Ultima du mérite culturel général, est revenu à l’architecte paysagiste Bas Smets. Dans 12 autres catégories, des artistes ou des organisations ont également reçu un Ultima pour leurs mérites dans le secteur socioculturel.
Depuis 2003, la Communauté flamande décerne des Ultimas. Ces prix culturels récompensent chaque année des artistes, des interprètes, des entreprises ou des organisations de premier plan. Les lauréats sont choisis par un jury professionnel et reçoivent 10 000 euros ainsi qu’une statuette conçue par l’artiste visuel Daan Gielis. Le lauréat de l’Ultima du Mérite culturel général se voit quant à lui remettre 20 000 euros récompensant l’ensemble de sa carrière.
Voici les lauréats par catégorie:
Prix du Mérite culturel général: Bas Smets
L’architecte paysagiste Bas Smets (°1975) a une série impressionnante de projets à son actif. Il a déjà conçu plusieurs espaces publics extérieurs dans lesquels il répond à des défis contemporains tels que le changement climatique et la viabilité des zones urbaines.
© Julian Salinas
Après des études d’ingénieur civil-architecte (KU Leuven) et un diplôme de troisième cycle en architecture paysagère à Genève, il s’est installé à Paris, où il a travaillé pendant sept ans en étroite collaboration avec l’influent architecte paysagiste Michel Desvigne.
En 2008, il a créé sa propre agence, sous le nom de Bureau Bas Smets (BBS). Cela lui a permis de réaliser des projets d’envergure. Il a notamment conçu le parc Thurn et Taxis à Bruxelles, la forêt urbaine du projet Trinity à Paris – La Défense et le site commémoratif des attentats du 22 mars 2016 dans la forêt de Soignes à Bruxelles.
© M. De Cleene
Smets a reçu plusieurs prix importants par le passé, notamment la médaille de l’Urbanisme de l’Académie d’architecture française (2018) et le prix d’Architecture de Bruxelles (2023). En 2022, il a remporté le concours international pour le réaménagement des abords de Notre-Dame de Paris. Le projet de Smets a été salué pour l’importance qu’il accorde à la végétalisation et à la viabilité de l’environnement.
Extrait du rapport du jury: «Smets est un artiste paysagiste qui suit la logique de la nature et tient compte de l’impact dévastateur du changement climatique. Il plaide pour plus d’espace pour la nature et l’eau dans les contextes urbains.»
Lisez notre portrait de Bas Smets
Lisez un article que Bas Smets a écrit pour Septentrion.
Film et médias visuels: Baloji
Serge Baloji Tshiani (°1978), connu sous le nom de Baloji, ne se laisse pas facilement catégoriser. L’artiste belgo-congolais est un touche-à-tout: en plus d’être cinéaste, il est aussi plasticien, musicien, acteur, designer et icône de mode.
Baloji s’est fait connaître en tant que musicien au sein du collectif hip-hop Starflam. Il s’est ensuite lancé dans une carrière solo et a percé avec son premier album Hotel Impala (2007).
Il s’est également fait un nom au grand écran, d’abord en tant qu’acteur, puis en tant que réalisateur. Son premier long métrage, Augure, est sorti en 2023. Il a non seulement réalisé cette coproduction belgo-congolaise-néerlandaise, mais il en a aussi écrit le scénario, composé la musique et dessiné les costumes et les décors. Au Festival de Cannes, Augure a remporté le prix Nouvelle Voix.
Le jury à propos de Baloji: «Baloji crée un cinéma qui vous touche droit au cœur. Avec le film Augure, il a réalisé un premier long métrage important et impressionnant et a prouvé une fois de plus l’étendue impressionnante de son talent.»
Littérature: Elvis Peeters
Elvis Peeters, pseudonyme du duo d’écrivains Nicole Van Bael et Jos Verlooy, construit depuis plus de 30 ans une œuvre vaste et diversifiée, composée de romans, de livres pour enfants, de théâtre, de pièces radiophoniques, de poésie et de nouvelles. Son œuvre se distingue par la clarté de son langage, son style épuré et sa pertinence sociale.
Le jury a salué l’œuvre de Peeters pour sa qualité littéraire et son courage de ne jamais s’effacer devant les questions sociales urgentes. Qu’il s’agisse des réfugiés, de l’oppression coloniale au Congo ou du fait de grandir dans un monde néolibéral, le duo d’écrivains affronte toujours des problèmes d’une grande portée et les transforme en une littérature puissante.
© Thomas Sweertvaegher
À de nombreuses reprises, l’œuvre aux multiples facettes a été en lice pour toutes sortes de prix littéraires et a remporté plusieurs prix. Les œuvres d’Elvis Peeters ont en outre ont été traduites en turc, en allemand, en espagnol, en danois et en japonais, entre autres.
Éloge du jury: «Chaque fois, leur travail est engagé et nous pousse à réfléchir sur des thèmes actuels et importants. Le jury salue également l’approche d’Elvis Peeters: toujours modeste et toujours d’une grande qualité.»
Arts de la scène: Alexander Vantournhout
Alexander Vantournhout (°1989) est un chorégraphe et un performeur. La danse, le cirque et l’art de la performance se rencontrent dans son travail.
Il a fait ses débuts en 2014 avec son spectacle Caprices, qui a remporté plusieurs prix. Depuis, il s’est fait un nom avec plusieurs productions et performances, notamment Aneckxander (2015) et Foreshadow (2023). Il a également fondé Not Standing, sa propre compagnie avec laquelle il a déjà produit un grand nombre de performances.
© Bart Grietens
Dans les arts du spectacle contemporains, Vantournhout est considéré comme une voix innovante. Il parvient à mélanger différentes disciplines, créant ainsi un langage corporel unique. L’accent est mis sur le potentiel créatif du corps humain et sur l’interaction entre l’artiste et l’objet.
Extrait du rapport du jury: «Le travail d’Alexander Vantournhout et de sa compagnie Not standing franchit les frontières des disciplines et crée un langage gestuel unique et hybride. C’est une ode à l’intelligence physique et à la cohérence qu’elle requiert. C’est un art de l’équilibre magistral qui fait appel à tous les sens.»
Les spectacles d’Alexander Vantournhout sont influencés par diverses disciplines et constituent une exploration constante des possibilités du corps, écrit Mia Vaerman dans son portrait de l’artiste.
Patrimoine matériel et immatériel: GUM & Jardin botanique
Le Musée universitaire de Gand (GUM) et son jardin botanique abritent la collection du patrimoine académique de l’université de Gand. Cette vaste collection, la plus importante de Flandre, est rassemblée dans un concept muséal innovant.
© M. Devijver
Au GUM et à son jardin botanique, les visiteurs peuvent découvrir des pièces de collection issues de différentes disciplines scientifiques, des objets de recherche à la fois historiques et modernes. Le musée se veut un lieu où les visiteurs peuvent s’immerger dans le processus de recherche et découvrir que la science est le résultat d’essais et d’erreurs, de doutes et d’imagination.
Depuis son ouverture en octobre 2020, plusieurs expositions, conférences, débats et ateliers ont déjà été organisés.
Extrait du rapport du jury: «Le GUM et son jardin botanique inspire et excelle tant que nouvel acteur dans le paysage muséal. Le musée déploie le « doute » en tant qu’élément fort tout au long du parcours, faisant ainsi du musée un lieu propice au débat social. Il propose également un fonctionnement participatif général, rompant ainsi avec le modèle classique des musées».
Le GUM ne propose ni vérités ni triomphes de la science, mais bien un éclairage sur les doutes et la beauté inhérents à sa pratique, écrit Ruben Mantels dans son article sur le musée universitaire.
Arts amateurs: Het Scheldeoffensief
Het Scheldeoffensief (L’Offensive de l’Escaut) a été fondée en 2017 par l’acteur et directeur artistique Frank Dierens et le coordinateur général An Van den Bergh. La mission de la compagnie théâtrale est de contribuer à un domaine artistique plus inclusif. Pour ce faire, elle donne aux (jeunes) adultes handicapés une place sur scène.
Extrait du rapport du jury: «Het Scheldeoffensief mérite l’Ultima des arts amateurs 2023 pour sa contribution à la représentation d’un théâtre inclusif et participatif, pour sa méthodologie inspirante en matière d’implication des personnes handicapées dans les spectacles professionnels, pour sa vision non paternaliste de l’inclusion et de la diversité dans le domaine des arts et pour la créativité et la passion inébranlables de ses spectacles.»
Architecture et arts appliqués: Rotor vzw
Le collectif de design et de recherche ROTOR vzw, basé à Bruxelles, se concentre sur la durabilité et l’architecture circulaire. Architectes et chercheurs mènent des recherches sur la récupération et la revente des matériaux de construction.
Extrait du rapport du jury: «Avec son approche circulaire, Rotor inspire les architectes, les designers et le grand public. En plus de son message de durabilité, l’organisation exprime un engagement social fort et sous-jacent.»
Arts visuels: Marianne Berenhaut
© Grace Roselli
Marianne Berenhaut (°1934) est une artiste visuelle qui a passé sa vie à travailler sur les thèmes du désir, du traumatisme, de la mémoire et de l’absence. Dans son œuvre étendue, marquée par la Seconde Guerre mondiale, elle assemble de divers matériaux.
Extrait du rapport du jury: «Marianne Berenhaut montre que l’art est un besoin fondamental de la vie, un besoin existentiel. Il nous permet de nous comprendre et de comprendre l’autre, de cultiver l’empathie et de transmettre des souvenirs».
Entrepreneuriat culturel: Onkruid
L’organisation à but non lucratif Onkruid est soutenue par un groupe de jeunes entrepreneurs amateurs d’art et de musique Ils sont notamment à l’origine du festival Horst Arts and Music, un mélange unique d’art, d’architecture et de musique électronique.
Ce qu’en dit le jury: «Les différents projets d’Onkruid sont rapidement devenus une référence dans le paysage culturel flamand. Le jury fait l’éloge du travail pionnier et multidisciplinaire d’Onkruid et de sa solide équipe interdisciplinaire qui combine des compétences en matière d’art, de musique, de design, de marketing et d’urbanisme».
Musique: Bryggen
L’orchestre à cordes Bryggen, dirigé par Jolente De Maeyer, redéfinit le concept traditionnel d’orchestre à cordes. Il explore les frontières entre la musique classique et le rôle du violon dans les traditions folkloriques.
Extrait du rapport du jury: «La qualité particulière de Bryggen réside dans la manière réfléchie dont l’orchestre associe l’innovation à la grande tradition de la musique classique. Bryggen est un exemple d’ensemble qui repousse les limites et élargit le contenu social d’une forme d’art.»
Talent émergent: Aya Sabi
© Debby Termonia
Aya Sabi (°1995) est écrivain et chroniqueuse chez Mo* et De Morgen. Elle a percé avec son premier roman Half leven (Demi-vie, 2023), une chronique familiale maroco-néerlandaise sur trois générations de femmes.
Extrait du rapport du jury: «Aya Sabi se pose en modèle pour le secteur, non seulement en raison de la qualité de son œuvre littéraire, mais aussi de son engagement social constant et sans faille. Dans tout ce qu’elle crée et écrit, il y a une main ouverte, une invitation à se connecter».
Travail socioculturel des adultes: Ligue des droits de l'homme
La Ligue des droits de l’homme joue un rôle majeur dans la surveillance des libertés civiles et la dénonciation des violations des droits de l’homme. Depuis des années, la Ligue se bat pour obtenir une société où les droits de l’homme sont compris, défendus et valorisés.
Extrait du rapport du jury: «La Ligue des droits de l’homme joue un rôle crucial dans les débats actuels. En pensant et en agissant dans le cadre des droits de l’homme, la Ligue aide à résoudre les problèmes sociaux.»
Prix du public: Die Verdammte Spielerei
Die Verdammte Spielerei est une compagnie unique de six musiciens qui donne une tournure hilarante à la fanfare classique. Pleins d’absurdité, d’humour et de musicalité, ils parviennent à surprendre et à divertir le public. Depuis leur formation en 2016, ils ont déjà réussi à se constituer un palmarès impressionnant.