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histoire, pays-bas français

Charles De Gaulle, star des Hauts-de-France en 2020

27 janvier 2020 4 min. temps de lecture

Charles de Gaulle est décédé il y a cinquante ans. Mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle les Hauts-de-France lui rendent hommage.

À Calais, il faut être tête en l’air ou vraiment malchanceux pour manquer les références à Charles de Gaulle. On vous pardonnera encore de louper l’immense statue du Grand Charles, accompagné d’un – petit – Winston Churchill dans le parc Richelieu. La faute aux arbres. On pourra peut-être encore vous excuser de ne pas apercevoir l’imposante plaque au pied de l’église Notre-Dame, indiquant que le futur homme d’Etat est passé par ici le 7 avril 1921. La faute à la position légèrement excentrée de l’édifice religieux. Mais on ne vous pardonnera pas d’avoir omis de saluer le couple Charles et Yvonne De Gaulle, parfaitement visible au coin de la Place d’Armes, l’un des axes les plus fréquentés de la cité.

Mais pourquoi Charles De Gaulle est-il si présent dans la première ville du Pas-de-Calais ? Sa femme, Yvonne, y est née sous le nom de Vendroux le 22 mai 1900. Le couple s’est marié à l’église Notre-Dame vingt-et-un ans plus tard. La municipalité va d’ailleurs pouvoir profiter de cette illustre naissance ces prochains mois. Le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a décrété une année spéciale De Gaulle dans la région. Il faut dire que 2020 est une année de chiffres ronds : Charles de Gaulle est né il y a cent trente ans ; il a prononcé le fameux appel du 18 juin il y a quatre-vingt-ans ; il est décédé il y a un demi-siècle.

Des liens avec la région

Les relations de Charles de Gaulle avec les Hauts-de-France dépassent le simple cadre de Calais.

Ses parents vivaient à Paris, mais il est né à Lille, au 9 rue Princesse, le 22 novembre 1890. Tout au long de son enfance, il se rendra régulièrement dans la capitale de Flandre française, berceau de sa famille maternelle, mais aussi sur la Côte d’Opale, entre Wimille, Wimereux et Wissant pour les vacances. Avant d’entrer à l’école militaire de Saint-Cyr, le jeune homme a effectué son service à Arras. Là où il aura sa première affectation en 1912, au cœur du 33e régiment d’infanterie.

Même si sa vie s’est ensuite déroulée ailleurs, «Charles de Gaulle s’est toujours défini comme ‘Le Petit Lillois de Paris’, rappelle Christophe Tardieu, coordonnateur de cette année spéciale. Son fils racontait même que quand son père parlait des Français, il pensait avant toute chose aux Nordistes. Tout le catholicisme social qu’il applique à sa politique vient directement du Nord». L’homme reviendra à plusieurs reprises dans la région. En 1940, colonel d’alors est à l’origine d’une des rares éclaircies dans la débâcle. La bataille de Montcornet (Aisne) est certes une défaite, mais elle a permis de repousser un temps les troupes allemandes. En période de paix, ses visites sont plus festives. Le 12 août 1945, on le croise à Calais, le 29 juin 1947 à Marcq-en-Barœul, le 24 septembre 1959 à Saint-Omer, le 23 avril 1966 à Lille, etc. Ces passages ont fait l’objet de glorieux comptes rendus dans la presse locale.

Une programmation « populaire » et gratuite

Ces liens permettent donc aux organisateurs de justifier une année De Gaulle qui s’annonce fournie. «Et populaire» insiste Christophe Tardieu, prenant comme exemple les deux grands spectacles prévus en juin et novembre à Lille : le premier sera articulé autour des discours de Charles de Gaulle, avec des hologrammes ; le second sera prétexte à évoquer sa vie. Les deux spectacles – gratuits comme tous les événements – sont amenés à tourner dans d’autres villes de la région. Un salon du livre est également prévu au Nouveau Siècle à Lille en octobre. Une programmation d’expositions, de pièces de théâtres, de projections de films et séries (dont des inédits) est également en cours de finalisation (Vous pouvez lire le programme ici).

Charles De Gaulle se déclinera aussi… en itinéraires mémoriels. Celui de Lille passera par sa maison natale, rue Princesse (qui a le bon goût d’être en travaux pour ne rouvrir que le… 22 novembre, date anniversaire de la naissance du Général), mais aussi par les lieux qu’il fréquentait enfant, comme la fameuse pâtisserie Meert, rue Esquermoise. Un second itinéraire explorera Charles de Gaulle et la Côte d’Opale : les liens calaisiens, les maisons de vacances sur le littoral. Un troisième itinéraire devrait être établi autour de la bataille de Montcornet. Si les particuliers déambuleront dans l’anonymat, en novembre, Xavier Bertrand et son homologue président de la région Grand Est, Jean Rottner, devraient participer à « une circulation » sur les lieux De Gaulle entre Lille et Colombey les Deux Églises (Haute-Marne), où est décédé le Général. Une opération à forte coloration politique pour deux hommes de droite à quelques mois des élections régionales de 2021…

Pour asseoir la dimension populaire, les Nordistes sont également invités à partager leurs souvenirs. Une collecte de photos, lettres, films amateurs liés à De Gaulle se déclinera ensuite en exposition. Deux concours complètent le dispositif. Pour le premier, chacun est invité à envoyer une vidéo sur son rapport à De Gaulle. Le second consiste à écrire sur une page et demie ce que l’on faisait le jour de la mort du Général, le 9 novembre 1970.

Enfin, quelques colloques plus pointus rythmeront les prochains mois : De Gaulle homme de guerre à Saint-Quentin en mai ; De Gaulle et l’Angleterre à Calais en juin ; De Gaulle et l’Europe à Bruxelles en octobre ; De Gaulle et les Hauts-de-France à Lille en novembre.

Il sera impossible de manquer en 2020 Charles De Gaulle

Bref, il sera impossible de manquer Charles De Gaulle, objet d’une véritable campagne mémorielle en 2020. Ça nous change un peu. Car si, en France, chaque homme politique de droite se réclame du gaullisme, la région Hauts-de-France restait timide au sujet de l’un de ses plus célèbres natifs. La faute à la domination des socialistes et communistes pendant plusieurs décennies ? Une piste. Désormais, «De Gaulle peut devenir un nouveau facteur d’identité de la région», avance Christophe Tardieu . Une affaire à suivre.

Montard

Nicolas Montard

Journaliste free-lance et cofondateur du magazine en ligne DailyNord.

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