Tous les deux mois, Hans Vanacker pose un regard personnel sur Septentrion et tire des archives du magazine des textes qui entrent en résonance avec l'actualité. Alors que le temps est à la réjouissance, l’humeur du secrétaire de rédaction de Septentrion est des plus morose. En cause, quelques évolutions récentes dans les Plats Pays et au-delà. Rien de mieux qu’un détour par l’art des XVIIe et XVIIIe siècles pour se changer les idées.

En cette période des fêtes de fin d’année, je devrais me promener avec un large sourire. Or, impossible de vous le cacher, de nombreux événements survenus récemment dans les Plats Pays me rendent particulièrement sombre. Quelque chose se trame dans la société occidentale, quelque chose qui me fait particulièrement peur.

À cela s’ajoutent la guerre en Ukraine et le conflit entre Israël et la Palestine. Sans parler des nombreux autres conflits, ici et là, qui semblent avoir été oubliés, pour ainsi dire, mais qui font encore des milliers de morts.

Comme antidote –pour ce que cela vaut– j'ai choisi un article publié dans les pages de Septentrion en 1982, soit sept ans avant que je commence à travailler comme secrétaire de rédaction du magazine. Il s'agit d'un article sur des temps révolus, mais il est, à mon avis, encore tout à fait pertinent.

Avant de n’oublier: à tous les lecteurs et les lectrices, je souhaite une belle et fructueuse année 2024!

Les artistes huguenots émigrés aux Provinces Unies et leur influence sur l’art des XVIIe et XVIIIe siècles

La suprématie de l’art français du XVIII^e siècle aux Provinces Unies est impressionnante. Il est étonnant de constater une telle domination d'une seule culture aussi Bien dans les Provinces Unies que dans toute l'Europe de l'Ouest. Pourquoi donc cette domination qui est devenue une francisation? Car le mot francisation n'est pas trop fort, on parle même de «Gallomanie». On trouve aux Provinces Unies des endroits et des lieux où l'on se croirait dans un hôtel particulier français, comme la maison Schuylenburgh à La Haye, l'actuelle ambassade de la République Fédérale d'Allemagne.

© Elsevier's Geïllustreerd Maandschrift

Cette domination dans presque tous les domaines n'est pas due à une expansion extraordinaire du territoire par la force des armes. Les conquêtes de Louis XIV aux Provinces Unies ont été insignifiantes et n'ont pas dure. Une telle domination culturelle est par ailleurs un phénomène relativement rare dans 1’histoire de fart. Il est vrai qu'aux siècles précédents, les artistes et les hommes cultivés se sont toujours dirigés vers l'Italie et qu'ils se sont inspirés de l’art de l'antiquité de la Grèce et de l’Italie. Mais cette préférence pour l’art antique comme source d'inspiration que la Renaissance a fait renaitre, n'a jamais été aussi envahissante et parfois étouffante que la préférence pour l’art français du XVIIIe siècle.

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