Comment les Néerlandais se voient-ils eux-mêmes?
Comment les Néerlandais définissent-ils l’identité néerlandaise? Quelles sont les choses auxquelles les Néerlandais se sentent attachés, quelles sont celles qui les laissent indifférents? Et sont-ils tous d’accord sur ce que représentent ces choses, ou bien les voient-ils différemment suivant la tranche de population à laquelle ils appartiennent? Le Sociaal en Cultureel Planbureau (SCP – Bureau du Plan social et culturel) a procédé à une large consultation publique pour tenter de répondre à ces questions. La principale conclusion qui s’en dégage est que les Néerlandais sont généralement unanimes quant à ce qui fait que les Pays-Bas sont les Pays-Bas.
Dans son rapport Thinking of the Netherlands, le Sociaal en Cultureel Planbureau décrit l’identité néerlandaise telle qu’elle est vue par le citoyen néerlandais. Par voie de sondages, de contacts avec des groupes-cible et d’interviews à travers le pays, le SCP a questionné les Néerlandais sur ce qu’ils estiment important pour leur sentiment d’appartenance à leur pays.
Jamais auparavant une enquête spécifique n’avait été menée parmi les citoyens néerlandais sur ce qu’ils entendent par identité néerlandaise.
De quoi est faite l’identité nationale ?
À la question de savoir s’il existe, selon eux, une identité néerlandaise, 41% des Néerlandais ont répondu “oui”, 42% estiment qu’elle existe à certains égards, et 6% ont répondu résolument “non”. On est frappé des larges convergences quant à ce que la population considère comme typiquement néerlandais et quant aux éléments auxquels elle se sent attachée. Ce que les gens considèrent essentiellement comme typiques des Pays-Bas sont des caractéristiques culturelles: d’abord et avant tout la langue néerlandaise, mais aussi des symboles et traditions, au rang desquels figurent le Jour du roi, les cérémonies du souvenir de la Libération et les hommages aux morts, les oliebollen (beignets) de la Saint-Sylvestre et le drapeau national.
Autres éléments considérés comme identitaires: le paysage et les caractéristiques environnementales, notamment le ciel tourmenté, les polders et la lutte des Néerlandais contre la mer. En revanche, les religions ou confessions comme l’Islam, le bouddhisme et, dans une moindre mesure, le christianisme ne constituent pas, pour la majorité des Néerlandais, des ciments de solidarité.
Les Pays-Bas sont-ils un pays polarisé ?
Les Néerlandais s’accordent très fort entre eux sur les principes. La plupart d’entre eux se sentent unis par des symboles et traditions aussi bien que par les libertés civiles. Mais il y a parfois des situations ou des débats où les gens sont conscients de devoir faire un choix. Des tensions peuvent apparaître entre des citoyens pour qui les liens avec leur pays reposent surtout sur des symboles et traditions (pensez au Jour du roi et à la Saint-Nicolas) et d’autres pour qui le sentiment d’appartenance nationale est davantage une question de droits civils (tels que la liberté de parole, le droit de manifester, la liberté de culte). Il peut y avoir des heurts, par exemple, en raison de divergences de vues sur l’interprétation de l’identité néerlandaise, comme ce fut le cas lors de la dernière entrée de saint Nicolas dans le pays.
Le battage médiatique (ou des réseaux sociaux) aidant, et malgré un degré élevé de consensus, il en résulte une image dans laquelle dominent les antagonismes et, partant, une polarisation.
Les gens qui voient dans les symboles et traditions les principaux facteurs identitaires tendent à estimer qu’il appartient au gouvernement de sauvegarder cette identité et les traditions néerlandaises. Ceux pour qui l’union repose essentiellement sur les libertés civiles croient que le gouvernement doit avant tout garantir les libertés démocratiques et l’unité de l’État constitutionnel.