Hendrik Tratsaert, rédacteur en chef de Septentrion et les plats pays, présente le vaste dossier sur la mer du Nord, l’étendue d’eau qui relit les Pays-Bas, la Belgique et la France. Dans cet édito du dernier numéro de Septentrion, il met l’accent sur l’importance de cette revue unique, qui pendant plus d’un demi-siècle a tendu la main à la francophonie. les plats pays est heureux de prendre le relais de Septentrion.
La revue Septentrion a été fondée en 1972 par Jozef Deleu. Ce «citoyen de la frontière» trouvait essentiel de faire connaître à la francophonie, et ce dans sa propre langue, la littérature, la langue, l’histoire, les arts et la société de la Flandre et des Pays-Bas. Ce faisant, il avait en tête la devise de Paul Valéry: «Enrichissons-nous de nos différences mutuelles».
Les temps changent. En 2019, nous avons lancé le présent site web les plats pays qui a rapidement pu compter sur un groupe de fidèles lecteurs. Depuis lors, tout le contenu de Septentrion est également accessible en ligne. La périodicité de la revue a été réduite de quatre à deux numéros par an, dans un format bookzine plus étoffé.
En cinq ans, le nombre de visiteurs uniques a augmenté de plus de cent soixante pour cent. On peut facilement en conclure que de plus en plus de personnes choisissent de lire en ligne. La perspective de l’éditeur a aussi son importance. Le numérique présente des possibilités appréciables pour diversifier le contenu, par exemple sous la forme de podcasts et vidéos. Sur les plats pays, nous pouvons en outre rendre notre vaste archive d’articles accessible aux lecteurs. C’est pourquoi à partir de 2025, nous souhaitons mettre toute notre énergie au développement du site, en continuant de l’enrichir avec des séries et des dossiers sur des sujets toujours plus pertinents. De plus, tout le contenu des plats pays sera désormais offert gratuitement: voilà une raison de plus de visiter le site.
Ce préambule est également une bien modeste occasion de rendre hommage au secrétaire de rédaction Hans Vanacker qui, depuis mi 1989, a élaboré et édité avec un soin minutieux de très nombreux numéros aussi passionnants les uns que les autres. Des numéros spéciaux sur James Ensor, la Première Guerre mondiale, l’Escaut, la Meuse, Paris, le Québec, Bruxelles, la Wallonie, et bien d’autres encore, ont pris forme entre ses mains. Pour le tout dernier numéro de Septentrion, qui coïncide à peu de chose près avec son départ à la retraite, nous avons demandé à Hans de tourner son regard vers l’avenir: à quoi devrait ressembler le futur en matière de langue et de culture? Son article offre de judicieuses pistes de réflexion.
À partir de 2025, nous souhaitons mettre toute notre énergie au développement de notre site les plats pays
Le dossier Avec la mer du Nord, qui contient douze articles, traite de l’étendue d’eau qui relie les Pays-Bas, la Belgique et la France. Avant même que la tradition écrite ne l’atteigne, la mer du Nord constituait déjà un espace géostratégique d’échanges commerciaux. Aujourd’hui, c’est l’une des mers les plus fréquentées du monde. Pour Les Plats Pays et le nord de la France, la mer du Nord a été une source de prospérité, mais les catastrophes n’étaient jamais loin, et le risque d’inondation grave dans un avenir proche est réel.
Il est frappant de constater à quel point la mer du Nord est de nos jours revendiquée par diverses parties prenantes: les nations et leurs flottes de pêche, le trafic de marchandises, les parcs éoliens, les fermes marines, les navires de croisière et autres activités de plaisance. Le dossier cherche ainsi à répondre à une question urgente: à qui appartient la mer du Nord? Impossible cependant de trouver une réponse simple à cette question. On a parfois l’impression que la mer appartient à tout le monde et à personne en même temps.
En voyageant dans le passé, nous croisons inévitablement le légendaire Jean Bart. Ce corsaire dunkerquois a appris le métier auprès du fameux héros naval néerlandais Michiel de Ruyter et a changé deux fois de pavillon au cours de sa vie de pirate. Louis XIV n’a pas hésité à faire de lui un «chef d’escadre». Il y a encore des Néerlandais qui considèrent Jean Bart comme un traître.
Pour ma part, j’ai rendu visite à des écumeurs de plage, curieusement à la fois chasseurs et gardiens de trésors. Ils trouvent sur l’estran aussi bien des vestiges de l’âge de pierre que des signes du réchauffement climatique ou de la crise migratoire. Dans l’article La mer comme une amante, vous découvrirez quels écrivains et écrivaines trouvent dans la mer une source infinie d’inspiration et pourquoi séjourner au bord de la mer et se baigner dans cette vaste étendue d’eau est si bénéfique, en plus de produire des récits remarquables. En supplément, vous pourrez lire quelques extraits, notamment de Jacqueline Harpman et Louis Couperus (1863-1923), un écrivain néerlandais encore trop peu traduit en français.
Une très belle affirmation provient de Mathijs Deen, un auteur néerlandais fasciné par la mer depuis son plus jeune âge. Voici comment s’est déroulée sa première rencontre: «Je sentais, je crois, que mon propre monde ne s’étendait pas au-delà de la plage, cette ligne, cette bande où terre et mer se confondent. Et que je n’exerçais pas la moindre influence sur la mer elle-même. Je regardais les vagues qui approchaient, s’élevaient et se brisaient, des vagues effervescentes qui disparaissaient entre les galets, juste devant mes bottes, en émettant un susurrement. J’ai ramassé un galet et l’ai jeté dans l’eau.»
Avec Septentrion, nous avons jeté une grosse pierre dans l’eau, avec les plats pays, nous voulons continuer à faire de nombreux cercles.
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