Des héros d’aujourd’hui: les modèles dans la littérature de jeunesse néerlandophone
Depuis quelque temps, les livres néerlandophones pour la jeunesse nous présentent des héros qui agissent en groupes, s’écartent de la norme et ont cessé d’être exclusivement blancs. Une plus-value, estiment les autrices de cet article. Car si les classiques pour la jeunesse ne sont pas sans qualités, il leur arrive souvent, aux yeux des jeunes lecteurs, d’être plus ou moins déconnectés des débats en cours dans la société.
Pas un lecteur ou une lectrice qui ne les ait croisés dans sa jeunesse: ces héros de papier auxquels on s’identifiait, à qui l’on ressemblait – à qui surtout l’on espérait ressembler. Ceux-ci varient selon l’âge: si, dans un premier temps, il peut s’agir de l’héroïne éponyme des Cahiers d’Esther ou de Fifi Brindacier, sans doute céderont-ils plus tard la place à, par exemple, Rémi de Sans Famille ou à Harry Potter. Le succès de ce dernier n’est du reste pas fortuit: le jeune sorcier incarne un modèle parfait pour les adolescents: intrépide, épris d’aventure, pas trop macho, il possède un grand sens de la justice et dispose d’une énorme autonomie. Sans être pour autant un petit saint: Harry Potter enfreint à peu près toutes les règles en vigueur dans son école de sorciers, parfois pour la bonne cause, parfois aussi par pur goût de l’aventure.
© Youtube
Imitant en cela Roald Dahl dans ses nouvelles, J.K. Rowling a fait disparaître les parents de Harry avant même le début de l’histoire, ne nous offrant qu’un enfant seul au monde. Seul, vraiment? Il est en réalité entouré d’une multitude de pères de substitution. Avec ses deux meilleurs amis, Ron et Hermione, il forme une équipe soudée par une forte relation affective, tout à fait caractéristique des livres pour la jeunesse d’aujourd’hui. Ensemble, ils sont prêts à affronter le monde entier.
Les modèles présents dans la littérature pour la jeunesse se conforment donc à une évolution culturelle plus large. L’individu, incarnation du modèle, s’est effacé devant un groupe de héros ou un tandem constitué d’un humain et d’un animal. Dans la littérature de la génération Y – ou «milléniale» – également, les relations sont capitales, ainsi que l’ont montré Hans Demeyer et Sven Vitse dans Affectieve crisis, literair herstel (Crise affective, réappropriation littéraire, 2020), leur étude consacrée à plusieurs romans flamands et néerlandais parus ces dernières années. Et c’est précisément dans la littérature pour la jeunesse la plus récente que ces relations affectives se mettent en place.
À côté de tels «héros relationnels», nous trouvons aussi les héros «non adaptés». C’est le cas, par exemple, dans le superbe IJzerkop (Tête de fer, 2019) de Jean-Claude Van Rijckeghem, où il est question d’une jeune fille qui rêve de combattre dans les rangs de l’armée napoléonienne. Déguisée en garçon, elle parvient à s’enrôler en prenant la place d’un mitron qui, lui, n’a aucune envie de rejoindre l’armée. Dans la littérature pour la jeunesse d’aujourd’hui, ce ne sont donc plus forcément les garçons qui ont la chance de développer leur personnalité, face à des filles qui «se rapetissent» au fil de l’histoire, comme c’est souvent le cas dans les récits archétypaux.
© DR
Une troisième tendance, c’est la diversité: dans la littérature néerlandaise de jeunesse, les héros blancs n’ont plus l’exclusivité. Et de passionnantes histoires ont pour cadre le Suriname ou Curaçao. Comment ces nouveaux modèles fonctionnent-ils? À l’image de Harry Potter, ou bien sont-ils lourdement lestés d’un message émancipatoire ou culturel? Les modèles littéraires risquent de devenir rapidement ennuyeux s’ils professent une morale prévisible. Comment les personnages «exemplaires» demeurent-ils malgré tout des enfants de chair et de sang?
Les trois évolutions que nous esquissons ici présentent une constante. La différence la plus importante entre, grosso modo, un personnage et un «héros» tient à ce que celui-ci gagne en autonomie: il ou elle doit et peut s’en sortir sans parents. Une donnée, bien sûr, aussi ancienne que Blanche-Neige ; toutefois, le dénouement n’est pas le même: ce ne sont pas un prince, un mariage ou une accommodation aux normes qui sauvent le héros ou l’héroïne, mais l’ingéniosité, l’introspection, l’amitié et des parents de remplacement.
Des héros «relationnels»
Il suffit d’évoquer Le Club des cinq d’Enid Blyton ou Émile et les détectives
d’Erich Kästner pour se dire que la littérature destinée à la jeunesse a toujours connu des groupes de protagonistes qui étaient ensemble des «héros», et s’interroger sur ce que la génération actuelle d’équipes de héros propose de neuf. On peut dire que les nouveaux héros entretiennent des relations davantage égalitaires que, par exemple, Les Cinq, où les filles finissent toujours par passer au second plan. De même, les personnages sont plus différenciés, ce qui confronte le lecteur à des points de vue divers.
De tels récits, depuis le brillant roman pour jeunes adultes Nous voulons tous le paradis1 d’Els Beerten jusqu’à Alaska2 d’Anna Woltz, proposent plusieurs postures auxquelles il est loisible au lecteur de s’identifier. Les jeunes protagonistes forment une communauté dont les parents restent éloignés, trop occupés qu’ils sont d’eux-mêmes, malades ou traumatisés. Nous côtoyons une multitude d’enfants qui reprennent le rôle des adultes, dans la mesure où leurs parents ou professeurs renoncent à assumer leurs responsabilités.
Dans La vie comme elle vient (2004) de l’écrivaine française Anne-Laure Bondoux, les parents sont morts dans un accident de voiture. Mado, l’héroïne de 15 ans, vit avec sa sœur aînée Patty, laquelle est quasiment incapable de se prendre en charge. Lorsque Patty tombe enceinte et accouche, c’est à Mado qu’il revient d’affronter la situation, qu’elle le veuille ou non. La puissance du récit réside dans l’absence des parents, dont les deux jeunes filles s’abstiennent la plupart du temps de parler, dans l’angoisse qu’éveille en elles le lieu de l’accident, mais aussi dans le développement progressif de l’amour pour l’enfant non désiré. Tout commence par un lien affectif très fort. Si, dans un premier temps, Mado pense encore qu’il est préférable de se séparer du garçon afin qu’il soit adopté, au moment où elle sent ses petits petons contre son ventre, elle se voit ramenée au monde des vivants. L’amour lui permettra de dépasser le traumatisme causé par la perte des parents et c’est avec un jeune père stupéfait que les deux jeunes filles parviendront, ensemble, en équipe, à s’occuper de l’enfant.
Photo © M. Doomernik
On retrouve une alliance de ce type dans Alaska, un roman destiné aux et mettant en scène des enfants de onze ans qui viennent juste d’entrer au collège. Parker et Sven forment une équipe, complétée par la chienne Alaska, laquelle, sur le plan émotionnel, est leur trait d’union et qui, au bout du compte, les sauvera. La jeune fille a été traumatisée par un hold-up, le garçon souffre d’épilepsie et a peur d’être stigmatisé. Pas de quoi, cependant, les décourager de se mettre à la recherche des voleurs, recherche qui, de plus, se révélera fructueuse. Tout comme dans le roman d’Anne-Laure Bondoux et de nombreux livres pour enfants ou pour la jeunesse, l’enfance, ici, n’est pas spécialement idéalisée.
Jeunesse et bonheur ne sont pas forcément synonymes. Au contraire: c’est une lutte inégale contre les institutions, les parents dysfonctionnels et, d’une manière générale, l’injustice. Dans ce récit passionnant, Parker parvient à aider habilement Sven en permettant à Alaska d’intervenir et elle entraîne à sa suite toute la communauté que représente leur classe de sixième en persuadant chacun d’oser se mettre dans la peau, si fragile qu’elle soit, de Sven. Est-il tourné en ridicule dans une vidéo partagée, tous les élèves ont aussitôt à cœur de montrer semblables vidéos les mettant eux-mêmes en scène? Que vos ennemis puissent aussi vous seconder, voilà un message éthique qui est reçu cinq sur cinq en sixième.
Autres héros
La littérature pour la jeunesse s’est toujours donné pour mission d’aider le lecteur à mieux se connaître – les jeunes lecteurs, par exemple, enrichissent leur conscience de leurs propres normes et valeurs en se confrontant à un monde différent du leur. Cela se produit en priorité grâce à une identification au personnage qui détermine la perspective du récit. La focalisation (à travers les yeux de qui regardons-nous?) est donc un instrument puissant pour influencer la sympathie et le jugement moral des lecteurs.
D’autres, au contraire, mettent en avant le danger que représente une identification trop poussée. Maria Nikolajeva, par exemple, spécialisée dans la littérature pour enfants, plaide à juste titre pour que s’établisse une certaine distance entre l’enfant lecteur et le personnage principal, soulignant qu’il importe également que l’on se montre curieux à l’endroit de personnages déplaisants ou, par exemple, malades. Savoir se tenir à distance du narrateur et de sa narration tout en éprouvant de l’empathie, il s’agit là d’une compétence littéraire que le jeune lecteur doit développer, estime-t-elle.
La littérature historique pour la jeunesse se prête à merveille à l’identification avec une perspective inédite, eu égard au caractère en tout état de cause déviant des personnages
Dans cet esprit, le roman épistolaire offre une formule intéressante, comme c’est le cas dans Une bouteille dans la mer de Gaza (2005) de l’autrice française Valérie Zenatti. En alternant les points de vue d’une jeune fille juive de Jérusalem et d’un jeune Gazaoui qui échangent secrètement des courriels, elle invite le jeune lecteur à s’identifier tantôt avec l’une, tantôt avec l’autre. Cette méthode permet au lecteur d’avoir un regard à la fois double et nuancé sur la complexité politique et historique du conflit israélo-palestinien. Un des autres mérites, tout aussi important, du livre tient à ce que Valérie Zenatti, à l’instar d’Anne-Laure Bondoux, réussit magnifiquement à décrire le stress post-traumatique et la peur, de même qu’à montrer que la résilience ne peut passer que par l’amitié et les relations que l’on entretient avec les autres.
L’Arabe du futur, la série autobiographique de l’auteur franco-syrien Riad Sattouf, est un autre exemple de roman pour la jeunesse, un roman graphique, cette fois, qui invite à l’adoption d’un « autre » point de vue, suivant bien sûr en cela l’exemple de Persepolis, la série de bande dessinée de Marjane Satrapi. Les deux séries associent informations historico-politiques, impressions et expériences affectives et personnelles. La forme même de la bande dessinée permet en outre de faire entendre toutes sortes de voix dans les bulles, depuis celle d’une grand-mère d’obédience musulmane stricte jusqu’à celle d’un père désespéré.
La littérature historique pour la jeunesse se prête à merveille, elle aussi, à l’identification avec une perspective inédite, eu égard au caractère en tout état de cause déviant des personnages, ceux-ci vivant à une autre époque et se trouvant impliqués dans des événements qui ne se produiront jamais dans la vraie vie du lecteur. Les romans historiques plus anciens dissimulaient parfois cette altérité, présentant des héros réputés universels, propagateurs d’une idéologie «naturalisée», de sorte que, par exemple, les différences entre les hommes et les femmes appartenant au passé paraissent justifiées. «Le protagoniste finit par intérioriser des valeurs établies existantes», écrivent les spécialistes flamandes de la littérature pour enfants Vanessa Joosen et Katrien Vloeberghs, et le lecteur non aguerri emboîte le pas, faisant siens ces préjugés.
Dans les romans populaires pour la jeunesse plus anciens, tels que Hasse Simonsdochter de Thea Beckman (1923-2004), l’intimidation et la violence sexuelles à l’encontre de l’héroïne sont présentées comme quasiment inévitables. Toutefois, dans son récent IJzerkop, Jean-Claude Van Rijckeghem démontre que le sexe non consenti n’est pas une chose normale: Stans, protagoniste du roman, est indépendante, indisciplinée, remet en question les normes genrées et sexuelles, et parvient à se libérer du carcan hétéronormatif en vigueur. De plus en plus nombreux sont les auteurs de romans historiques pour la jeunesse qui s’y entendent pour ne pas reproduire intégralement les injustices historiques, ce qui se traduit par des existences et des rebondissements susceptibles d’intéresser tout autant le lecteur adulte.
Nous mettons IJzerkop en exergue afin de montrer comment perspective et autonomie peuvent être employées dans un récit historique faisant écho à la sensibilité du jeune lecteur d’aujourd’hui pour qui l’égalité entre homme et femme et la fluidité de genre sont chose courante. Jean-Claude Van Rijckeghem conduit son roman, très fort sur le plan stylistique, en faisant alterner les points de vue de Stans, qui a dix-huit ans, et de son frère cadet Pier. Les conceptions traditionnelles que se font de la femme Pier et le père se trouvent chaque fois réfutées dans les chapitres de Stans. Le lecteur disposant, grâce à ceux-ci, d’informations encore inconnues aux autres, les membres masculins de la famille sont montrés sous un jour plutôt ridicule. L’ironie dramatique sert beaucoup mieux le propos que le moralisme ou l’indignation.
En outre, Stans se voit dotée par l’écrivain d’une liberté sans précédent, l’autorisant à entreprendre tout ce qui lui chante: s’habiller en homme, se battre, embrasser des filles, voyager et se venger de l’homme à qui elle a été mariée de force dans le but que soient effacées les dettes du père. Et cela fonctionne: Pier apprend à accepter sa sœur telle qu’elle est, ses camarades de régiment l’adorent pour sa bravoure et sa sensibilité, et le contrat de mariage conclu entre son père et son mari part en fumée. Seuls ses parents s’obstinent à condamner Stans, mais c’est un poids dont elle est délivrée quand, à la fin du roman, elle s’enfuit pour Vienne, postée sur le toit de la diligence, à la rencontre de la liberté et de l’amour. Et le tour est joué: un personnage de l’époque napoléonienne agit comme un modèle crédible pour les lecteurs du XXIe siècle.
Photo © J. Chabel
Bien d’autres romans ont été publiés, dont les protagonistes reconnaissent (aux deux sens du terme) leur nature non hétérosexuelle, comme Philippe avec un grand H, de l’auteur canadien Guillaume Bourgault (2005); de même, les jeunes LGBTQIA+ entre seize et vingt-trois ans qui se sont fait interviewer par Edward van de Vendel pour son livre de non-fiction Gloei (Incandescence, 2020) peuvent être considérés comme des modèles: ils racontent en toute franchise leur quête d’une identité sexuelle ou d’une identité de genre. Il est frappant de constater qu’ils doivent souvent, dans une profonde solitude, s’accommoder de la désapprobation de leurs parents, condisciples et professeurs – il n’y a pas que dans la fiction que les parents laissent tomber leurs enfants.
Héros divers
Le problème se pose également, pour les romans de jeunesse dont les héros ne sont pas blancs, à partir du moment où ils se déroulent dans le passé, par exemple du temps de l’esclavage. Comment l’auteur se débrouille-t-il, tout en évitant de s’enliser dans les anachronismes, pour concilier l’évocation des situations historiques avec les idées en vigueur aujourd’hui en matière d’égalité et de justice auxquelles le jeune lecteur a été biberonné? Et qui sont vraiment, dans ce type de récits, les héros?
Dolf Verroen a mis tout son talent littéraire à traiter de ce problème dans un roman «métaphorique» de 2016 qui a fait sensation, Hoe mooi wit ik ben (La Beauté de ma blancheur), paru une première fois dix ans auparavant sous le titre provocateur Slaaf kindje slaaf (Esclave enfant esclave), et dans lequel, sans que soient fournis un contexte ou une critique, une jeune fille blanche appartenant à un milieu fortuné reçoit «en cadeau», à l’occasion de son anniversaire, une jeune fille noire. Étant donné que celle-ci ne bénéficie d’aucun droit, ce livre pour enfants présente comme «normal» le fait que la protagoniste blanche lui donne des ordres et ne cesse de souligner sa propre supériorité de Blanche. Même si Dolf Verroen n’entendait aucunement exprimer des opinions racistes, le livre, en 2020, n’en a pas moins secoué les esprits, à la suite de la réaction d’une jeune lectrice qui s’est indignée que sa sœur cadette de dix-neuf ans, à moitié antillaise, ait dû lire le livre pour l’école, seule et sans la moindre explication de texte. «Le livre lui a causé une grande souffrance», a écrit la sœur aînée sur Facebook. Bol.com a posté une mise en garde et les éditions Leopold se sont empressées de publier un supplément didactique qui replace l’ouvrage dans le contexte historique de l’esclavage et suggère des pistes de débat dans le cadre de la classe.
Arend van Dam, quant à lui, réussit parfaitement dans De reis van Syntax Bosselman (Le Voyage de Syntax Bosselman, 2018) à transformer en modèle un Surinamien autrefois réduit en esclavage. Pour ce faire, d’une part il veille à ce que le regard du lecteur soit complice de celui de son protagoniste Syntax Bosselman, un sexagénaire à la fois méditatif et paternel, et, d’autre part, il restitue la réalité historique à la manière d’un documentaire, ce qui éclaire le contexte où évolue le personnage. Si Syntax est de facto un Surinamien libre quand en 1883 il voyage de Paramaribo à Amsterdam pour y prendre part à l’exposition internationale, en réalité sa liberté n’est pas une liberté authentique puisque la pensée coloniale perdure et qu’il est exhibé à titre d’«indigène». L’auteur montre l’imbrication du colonialisme, du racisme et de l’oppression dans les chapitres d’archives qui lui ont servi pour la rédaction du livre.
Dans les ouvrages les plus récents, il n’est plus seulement question d’esclavage, mais aussi d’une exploration des relations entre les Pays-Bas et leurs anciennes colonies. Des héros «tout simplement» non blancs parsèment encore la littérature pour la jeunesse : la couleur de peau doit souvent être le thème, et la plupart du temps, il s’agit de personnages de «sang mêlé». C’est ce qu’il est loisible d’apprécier dans La vie comme elle vient, d’Anne-Laure Bondoux: les deux sœurs Mado et Patty sont incidemment désignées comme à moitié tunisiennes, mais leur origine ne joue aucun rôle dans l’histoire.
Les jeunes lecteurs voulant se confronter à des modèles incarnés par des personnages de couleur et créés par des auteurs de couleur se dirigent souvent vers la littérature pour jeunes adultes anglo-saxonne. Les héros n’y sont pas seulement des personnages de couleur, mais aussi, par exemple, homosexuels ou transgenres en même temps que sportifs de haut niveau. Sur TikTok, des lecteurs enthousiastes commentent leurs livres préférés dans des vidéos postées sous le hashtag #booktok et échangent leurs recommandations à propos de ceux-ci.
© quelirelibros.com
Héros d’aujourd’hui
Les livres les plus récents qui se rattachent aux débats en cours dans la société ne sont pas automatiquement repérés par les lecteurs adultes qui ne sont pas sur TikTok, car ils ne font pas l’objet de recensions dans les suppléments littéraires des journaux. Il est toutefois de la plus haute importance de garder à l’œil les meilleures productions du genre. Non qu’il y ait quoi que ce soit à reprocher à Rémi, mais, comme l’écrit récemment l’autrice Bibi Dumon Tak dans un plaidoyer convaincant: tant les professeurs que les parents sont encore trop souvent tentés de préconiser et d’organiser des lectures de titres qui ont marqué leur propre enfance. Il revient aux éducateurs et aux enseignants d’assumer aussi leurs responsabilités en matière de diversité et d’actualité dans le choix des livres proposés.
Il y a peu, un parent a posé sur Facebook une question: quels livres recommander pour son fils de neuf ans? Parmi les réactions qui ont suivi figuraient quarante-huit titres, dont cinq avec une jeune fille pour protagoniste. Dans un seul des ouvrages mentionnés, le personnage principal n’était pas un Occidental. Si nous voulons vraiment miser sur le plaisir de la lecture comme source de culture, les écrivains, parents, professeurs et bibliothécaires doivent se retrousser les manches: créez, cherchez et promouvez les héros d’aujourd’hui.
Lisez ICI un extrait du roman Alaska d’Anna Woltz et ICI un extrait du roman IJzerkop de Jean-Claude Van Rijckeghem.