Des nouvelles de mon fils Jack?
Wim Chielens poursuit sa quête de lieux de mémoire de la Première Guerre mondiale dans le nord de la France. Il se rend à Loos-en-Gohelle pour y retrouver la trace de John Kipling mais surtout pour évoquer ses parents qui ont cherché pendant de longues années leur fils porté disparu dans la Grande Guerre.
Au cours de l’hiver 2017, journaux et bulletins d’information de Belgique diffusèrent régulièrement des communiqués concernant des jeunes, disparus durant le week-end. Anxieux, parents et amis comptent les heures. Dans tous les cas, la conclusion fut tragique, souvent en suicide, et parfois en meurtre. Les communautés locales compatirent avec ceux qui restaient.
Ce même hiver, je me rends à Loos-en-Gohelle, à la recherche de l’histoire d’un jeune gars et surtout de parents qui, des années durant, ont cherché et attendu leur fils, disparu pendant la Première Guerre mondiale, l’histoire de John Kipling.
Un sol imprégné de sang
Je m’y trouve à nouveau, près des fameux terrils jumeaux, les monts de pierres de mine, comme on les désigne aux Pays-Bas. Avec une altitude de 186 mètres, ils sont les plus hauts d’Europe et constituent une spectaculaire balise dans le bassin houiller d’Artois. La fermeture des mines dans les années quatre-vingt a pesé lourdement sur la région qui est maintenant en cours de redressement. La reconnaissance des vestiges de l’exploitation du charbon comme éléments du patrimoine mondial par l’Unesco a constitué en cela une stimulation considérable. En particulier ici, à Loos-en-Gohelle où, d’un côté, on mise en abondance sur les contenus culturels, notamment dans les bâtiments miniers jouxtant les terrils, mais aussi sur l’écologie. À l’ombre des témoins d’une source d’énergie extrêmement polluante, le village veut construire des quartiers visant à l’excellence écologique sur le plan de la conception et de la consommation. Il s’agit d’ensembles nouveaux qui vont relier les anciennes cités minières au centre originel du village. À un jet de pierre, au sud de Lens, se trouve Neuville-Saint-Vaast, village auquel j’ai déjà consacré un article dans les annales Les Pays-Bas Français. À l’est et à l’ouest, s’étendent la grande Nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette et le Parc Mémorial canadien de la crête de Vimy. Entre 1914 et 1918, il a pénétré dans ce sol plus de sang de soldats que de pluie.
La bataille de Loos eut lieu en septembre 1915, après les faits de Saint-Vaast (mai 1915) et longtemps avant la bataille de la crête de Vimy (mai 1917). Les deux terrils étaient alors déjà présents, mais beaucoup moins hauts. Les sources font état de hauteurs de 30 mètres à peine. Il est exagéré de dire qu’ils ne faisaient