arts, pays-bas français

Des Urban Sketchers belges et français traversent la frontière et dessinent la ville ensemble

Dessiner la ville en toute spontanéité, telle est la mission des Urban Sketchers. Ce mouvement artistique est également actif dans la région frontalière. Récemment, les groupes de Lille, du Hainaut et de Flandre-Occidentale se sont donné rendez-vous dans les deux Comines (en France et en Belgique) afin de dessiner. Un rassemblement qui n’est pas le premier du genre. «Dessiner est encore plus gai à plusieurs, et c’est ainsi que se forme librement un groupe de dessinateurs mus par une passion commune», déclare Dirk Lefebvre, l’un des initiateurs du mouvement.

En 2007, l’illustrateur hispano-américain Gabriel Campanario invente le terme «Urban Sketching». Il lance un appel aux membres de la communauté artistique afin qu’ils partagent sur un forum en ligne leurs croquis urbains réalisés sur place. Ce sont les prémices d’un mouvement international qui inspirera des dizaines de milliers d’esprits créatifs à représenter le monde autour d’eux avec un crayon et du papier. Les Urban Sketchers dessinent ce qu’ils voient, où ils le voient. Qu’il s’agisse d’un paysage urbain animé, d’un parc paisible ou d’un café cosy, ils captent l’atmosphère et l’énergie du lieu où ils se trouvent et les transposent dans des esquisses rapides et expressives.

Leur travail repose sur l’observation : leurs dessins ne sont pas le fruit de leur imagination ou de leur vision intellectuelle du monde, mais la traduction picturale d’une impression immédiate. Beaucoup d’Urban Sketchers utilisent des carnets d’esquisses pour rassembler leurs créations. Certains réalisent même des journaux de voyage à propos de leurs pérégrinations, avec des dessins et des histoires qui reflètent un regard unique sur les endroits qu’ils ont visités.

Beaucoup de mobilité transfrontalière

«J’ai moi-même commencé à réaliser des croquis urbains en 1980», se souvient Dirk Lefebvre, l’initiateur des Urban Sketchers de Flandre-Occidentale. «Pour des raisons pratiques, des groupes nationaux sont apparus, comme les Urban Sketchers de Belgique et ceux de France, afin d’organiser des événements autour du dessin urbain. Ces groupes nationaux ont à leur tour été subdivisés en sous-groupes locaux, comme les Urban Sketchers du Hainaut franco-belge, les Urban Sketchers Lille & Ch’Nord, les Urban Sketchers d’Arras et les Urban Sketchers de Flandre-Occidentale. Nous nous rendons régulièrement aux événements qu’organisent d’autres groupes. Beaucoup de Belges étaient ainsi présents lors de l’événement national Urban Sketch organisé à Lille par les Urban Sketchers de France. Cette année, une forte délégation belge participera de nouveau à cet événement, qui se déroulera cette fois à Nantes. Le groupe de Lille existe depuis 2014. Quant à nous, les Urban Sketchers de Flandre-Occidentale, nous avons organisé notre premier événement autour du dessin urbain en 2022.»

Il y a donc une réelle mobilité intergroupes. Le dessin est un moyen d’expression figuratif et non linguistique, ce qui facilite les échanges et les inscrit dans une dynamique universelle. Dernièrement, trois groupes d’Urban Sketchers issus du Hainaut, de Flandre-Occidentale et de la région de Lille se sont ainsi donné rendez-vous dans les deux Comines (en France et en Belgique). Ce n’était pas la première fois qu’ils se rencontraient. En 2023, ils avaient déjà dessiné ensemble à Menin et à Halluin. Ils collaborent également dans le cadre d’un projet sur l’avenue Général Charles De Gaulle à Roubaix: le Rang des Drapiers, une rangée de maisons de maître qu’ils ont dessinées après se les être réparties entre eux. En résulte une magnifique série d’esquisses, qui diffèrent fortement l’une de l’autre en matière de style et d’impressions qu’elles génèrent.

Plaisir et liberté

«Le plaisir de réaliser des esquisses réside dans l’absence totale de stress. Tout est possible, et il y a zéro pression ou obligation: toutes les techniques sont autorisées et, surtout, tous les artistes sont les bienvenus, quel que soit leur niveau. Personne ne viendra vous trouver pour critiquer votre travail. Par ailleurs, le dessin urbain étant un art spontané, ce n’est pas un problème si les croquis ne sont pas finis», explique Dirk Lefebvre. «Nous dessinons surtout dans des carnets d’esquisses. Ceux-ci sont personnels et on pourrait presque les comparer à des journaux intimes. Difficile pour nous, par conséquent, d’exposer nos dessins, mais ce n’est pas ce que nous recherchons. En revanche, nous partageons nos dessins entre nous après une journée de travail, ainsi que sur nos pages Facebook pour ceux d’entre nous qui le souhaitent. À force de dessiner, vous affinez votre art en matière de composition, de formes, de proportions et de couleurs en exploitant au mieux vos capacités mais, de nouveau, sans aucune pression ou obligation. Et puis, il y a l’aspect social: dessiner, c’est tout de même plus sympa à plusieurs que tout seul et c’est ainsi que se forme librement un groupe de dessinateurs mus par une passion commune.»

Dominique Galloy dirige le groupe USK Hainaut franco-belge. «Notre groupe a été créé 2 mois avant le confinement consécutif à l’épidémie de Covid. Nous étions 11 artistes enthousiastes au début mais lors de notre deuxième sortie, certains portaient déjà un masque. Nous avons donc dû interrompre rapidement nos activités. À partir du mois de juin, nous sommes sortis de notre isolement et avons commencé à organiser des pique-niques en plein air et à nous arrêter chez les organisateurs des promenades, étant donné que les cafés étaient encore fermés. Cela en dit long sur notre motivation.»

Entretemps, le groupe a bien grandi et compte aujourd’hui plus de 600 membres. «Liberté est notre leitmotiv: aucune affiliation n’est requise, vous venez et partez quand vous voulez, tout le monde est le bienvenu quelle que soit sa technique et la participation est gratuite. La seule chose que nous vous demanderons, c’est de partager votre travail sur la page Facebook de notre groupe.»

USK Hainaut franco-belge «part en vadrouille» presque tous les mois. «Outre notre passion pour le dessin et la découverte de nouveaux endroits, parfois inattendus, nous aimons nous retrouver dans une ambiance conviviale pour échanger nos techniques de dessin et de peinture. Chaque fois, nous nous surprenons à constater à quel point un même thème peut générer des œuvres les plus diverses. Enfin, nous organisons régulièrement des événements transfrontaliers, car nous partageons les mêmes valeurs avec tous les groupes USK dans le monde.»

Le manifeste des Urban Sketchers

Nous dessinons sur place, à l’intérieur ou à l’extérieur, en capturant ce que nous voyons par observation directe.
Nos dessins racontent l’histoire de notre environnement, de nos voyages et des lieux où nous vivons.
Nos dessins sont des enregistrements du temps et du lieu.
Nous sommes fidèles aux scènes dont nous sommes témoins.
Nous utilisons tout type de support et valorisons nos styles individuels.
Nous nous soutenons mutuellement et dessinons ensemble.
Nous partageons nos dessins en ligne.
Nous montrons au monde, un dessin à la fois.

Plus d’informations:
USK Flandre-Occidentale
USK Hainaut franco-belge
USK Lille

• dessin
• dessin urbain
• transfrontalier
• Urban Sketchers