Miroir de la culture en Flandre et aux Pays-Bas

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Miroir de la culture en Flandre et aux Pays-Bas

Dialoguer avec l’autre, sans contrainte. Trente-deux ans secrétaire de rédaction
© Géraldine Lenseclaes
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Septentrion quinquagénaire
Société

Dialoguer avec l’autre, sans contrainte. Trente-deux ans secrétaire de rédaction

Le 9 décembre a eu lieu à Bozar (palais des Beaux-Arts) de Bruxelles le débat «Vers un espace culturel belge». Il a été organisé à l'occasion du cinquantième anniversaire de Septentrion. Avant le débat, Hans Vanacker a fait le bilan de trente-deux années passées en tant que secrétaire de rédaction de Septentrion. Le monde autour de lui a changé et lui aussi a changé. Mais les objectifs de Septentrion sont plus pertinents que jamais. Ce texte est une version légèrement modifiée du discours de Hans.

J'avais 29 ans quand, en août 1989, j'ai commencé mon premier jour à la Stichting Ons Erfdeel ou Fondation Notre Patrimoine. Non, je n'étais pas un «romaniste», mais un «germaniste», j'avais étudié le néerlandais et l'anglais, puis l'allemand. Bien sûr, lors de l'entretien avec Jozef Deleu, fondateur de Septentrion et à l’époque rédacteur en chef, j'avais prétendu parler un excellent français. Heureusement, je n'ai pas dû parler un seul mot de français pendant cet entretien. Une gaffe de Deleu, comme il en a rarement fait.

Le lion de Waterloo

Le fait que je sache quand même me débrouiller un peu en français est lié à l'environnement dont je suis issu. Une famille bourgeoise qui était ce qu'on appelle si joliment chez nous Vlaamsvoelend (ayant donc une certaine sensibilité flamande). Et que faisaient à l'époque les pères et mères de ces familles: oui, ils veillaient à ce que leurs enfants parlent bien le français. Presque chaque été, alors que j'étais adolescent, je séjournais pendant quelques semaines dans le village rustique d'Ohain, dans le Brabant wallon. J'apprenais le français le matin, et je jouais au foot ou au basket l'après-midi, en français bien sûr. Avec d'autres garçons et filles issus de familles flamandes similaires et avec en arrière-plan le lion de Waterloo.

Comment est-ce que j’étais en 1989? J'étais un Flamand comme il y en avait plein d’autres. Vlaamsvoelend, moi aussi, mais pas du tout radical. Les vrais «Flamingants» ont dû penser que je n'étais qu'un «softie» de gauche. Mais, je l’avoue, j'avais une image de la partie francophone de la Belgique qui n’était pas toujours positive. Est-ce que je connaissais donc bien la Belgique francophone? Euh, les Ardennes peut-être et Ohain, bien entendu. Mais pas plus que ça. Et comment est-ce que je me comportais à Bruxelles? J’essayais de parler le néerlandais, où que je me trouvais.

L’obsession pour la propre identité

Août 1989. Le monde était à la veille d'un événement historique. Le 9 novembre, le mur de Berlin est tombé. La bouche grande ouverte, nous étions rivés à l'écran de télévision. Un enthousiasme débridé se cherchait une voie libre à toutes les composantes de la société. L'avenir semblait glorieux.

Nous sommes aujourd’hui trente-deux ans plus tard. La société a-t-elle changé? Oui, c'est bien le cas. Mais pas toujours dans le bon sens du terme. Nous sommes maintenant quelques dimanches noirs plus tard. Il y a des gens, des politiciens, des personnalités des médias et tant d'autres qui disent des choses que je croyais totalement impossibles en 1989. Et il y a tellement d'autres développements qui m'ennuient, petits et grands. Permettez-moi d'en choisir un: l’obsession pour notre propre «identité». Il est, apparemment, si important de savoir qui nous sommes. Il n'y a pas toujours de mal à cela, mais cette obsession va souvent de pair avec une tendance à se tourner le dos les uns aux autres. De plus, nous avons tellement de mal avec les personnes qui ne semblent pas correspondre entièrement à notre identité!

il est enrichissant de dialoguer avec l’autre et aussi de se regarder soi-même à travers les yeux de l'autre

Bien sûr, tout n'est pas si sombre. Au cours de ces trente années, beaucoup de choses ont changé en mieux. Et ces dernières années, on a également assisté à une sorte de contre-mouvement diamétralement opposé au nombrilisme. Un exemple: récemment, nous avons organisé une réunion en vue de «Labo Bxl», le dossier sur Bruxelles qui paraîtra dans le prochain numéro de Septentrion. Sans aucun effort de notre part, l'inclusion et la diversité se sont avérées être les fils conducteurs. Je ne me souviens pas d'un seul moment dans mes premières années à Septentrion où l'inclusion ou la diversité aient été au centre de l’attention.

Franchir la frontière linguistique

Nous retrouvons donc Septentrion, la revue qui, depuis cinquante ans, est un miroir de la culture en Flandre et aux Pays-Bas. Une main tendue de la néerlandophonie à la francophonie. Une publication périodique sur les Pays-Bas et la Flandre, mais entièrement en français. Le magazine lui-même a-t-il également changé? Bien sûr, ce n'est plus la revue de 1989. Mais les objectifs restent les mêmes, et ils sont plus que jamais d'actualité. Le vaste dossier «Échanges» paru dans le dernier numéro est le symbole de notre envie de franchir sans contrainte la frontière linguistique: la façon dont les cultures se rencontrent et s'influencent mutuellement est tout à fait fascinante. Le dossier «Échanges» se veut notre réponse à l’obsession de la propre identité.

Dialoguer avec l’autre

Je suis fier d'avoir participé à l’aventure de Septentrion pendant plus de trois décennies et d’y participer encore. Cependant, ce n'est pas comme si j'avais changé le magazine. C'est le contraire qui est vrai. Eh oui, Septentrion m'a changé. La seule fois où je me sens encore un peu irrité dans un restaurant ou un café bruxellois, c'est lorsqu'un serveur anglophone ne parle pas un mot de français. J’ai horreur du nombrilisme, et tous ces contacts par-delà la frontière linguistique m'ont rapidement montré à quel point il est enrichissant de dialoguer avec l’autre, d'échanger des idées, d'apprendre à mieux le connaître et aussi de se regarder soi-même à travers les yeux de l'autre.

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