Du papier au vinyle: poésie parlée, poésie chantée d’Alex Deforce
Plasticien, poète et animateur radio, Alex Deforce n’aime pas cantonner la poésie au papier. S’il prépare actuellement son premier recueil, il est déjà possible d’écouter plusieurs de ses textes poétiques sur différents albums.
Né en 1984 à Courtrai, ayant grandi à Roulers et vivant depuis ses 18 ans à Bruxelles, le plasticien Alex Deforce est apparu sur la scène poétique en 2019.
photo © Jente Waerzeggers, illustrations © Alex Deforce
Il a entre autres enregistré des poèmes tirés d’Espèces d’espaces de Georges Perec pour l’album Casco de Brihang et composé les textes sur la musique de Victor de Roo pour l’album Nachtdichter (Poète nocturne). En 2020, son premier vinyle a vu le jour (label bruxellois Lexi Disques), de la poésie mise en musique en collaboration avec Charlotte Jacobs et Wiet Lengeler. Par ailleurs, on a pu lire certaines de ses créations dans le cadre de projets collectifs récents, par exemple une version courte de «Moins le quart pour plus tard» dans le recueil Zwemlessen voor later du collectif des poètes pour le climat (éditions Vrijdag, Anvers) ou «re:Folies Bar» en hommage à Paul van Ostaijen dans le cadre du programme Besmette Stad.
Une fois par mois, Alex Deforce présente Nonchalance Calculée, émission diffusée sur Kiosk Radio et consacrée pour une bonne part à la poésie, à l’art de fréquenter les cafés et au dialecte bruxellois. Ses activités de plasticien l’ont amené à collaborer à De Sprekende Ezels, De Standaard Weekblad et Bruzz ou encore à concevoir des pochettes de disques (NTREK, JTOTHEC, Inkswel, etc.).
Dans une vie antérieure, Alex Deforce a fondé et dirigé On-Point, un site culturel qui a débouché sur des séries de vidéos et un label discographique underground, connu pour Delv!s, JTOTHEC, Leron Thomas, Uphigh Collective, Maseratay…
Actuellement, il élabore son premier recueil de poèmes tout en préparant la sortie de certains d’entre eux, mis en musique, sur un support vinyle.
Léthargie zzzz des matins…
Léthargie zzzz des matins
choses pareilles
à des étés turquoise
le son de
toutes assorti à
Le lointain bat les échos d’une heure
l’acceptation
des lundis
écrans à plat
matins léthargiques
Ça existe un truc genre
le silence du café
silence tangible, d’entre-temps
faux silence préformaté des préliminaires
Par ailleurs
un truc sur l’échelle de l’extrême
courbé, penché,
touché, prémédité
traîtreusement bleue
l’échelle du jean
Umami
Le temps apprend
la vie
doit
s’approcher de
Les mots ne doivent ni se reposer ni mûrir
les mots doivent fermenter jusqu’à la cinquième saveur
Nous nous apprenons
au besoin purement et simplement
vie que l’on peut citer
égarée sur les épaules de
Depuis quand
les ballerines s’habillent-elles
en jaune pâle?
Inondée
de couleur au carré
la rue voit
de la force
au pastel
Dans le ghetto des pensées
qui s’égarent à la dérobée
tergiversant sur le maelström de
nous nous apprenons
vie que l’on peut citer
Moins le quart pour plus tard
Vers trois heures
Il était déjà
À peu près quatre heures
Vers une heure de par moments
Tout était
Trop peu
Trop peu tout court
À tapant
Moins le quart
Pour plus tard
Callosités sur les pixels
D’un surcroît de trop de manques
Manque de nuances
À gauche le printemps
À droite le reste
Des moufles
Renient les mains
Ressentir c’est pour plus tard
Un jour
Dans la vie d’un livre ouvert
S’écrit
La façon dont il se couche
Le soleil la détermine lui-même
À tapant
Moins le quart
Pour plus tard
La façon dont il se lève
Je la détermine moi-même
Il me reste un moins le quart
Pour plus tard
Vers l’heure de par moments
C’est assez
Bien assez comme ça
Danser à un haut niveau
Ce sera un double dafalgan cette nuit
Un soupçon d’anarchie
Dans l’âme
Et Notre-Dame retentit autrement
Elle rit en majuscules
Le tout dénudé
La lumière nue du matin ne ment pas
Il me reste encore un quart
Pour plus tard