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Échoués sur la grève: Trouvailles et récits des écumeurs de plages modernes

Par Hendrik Tratsaert, traduit par Sophie Hennuy
23 octobre 2024 13 min. temps de lecture Avec la mer du Nord

Il en existe encore aujourd’hui: les écumeurs de plages qui sillonnent l’estran jour après jour à la recherche de ce que rejette la mer du Nord. Hendrik Tratsaert, rédacteur des plats pays et habitant du littoral, est fasciné depuis des années par cette communauté aux racines profondes. Il est allé à la rencontre de ces personnes qui, mieux que quiconque, connaissent la santé de la mer du Nord et, naturellement, la société qui l’entoure. 

En tant qu’Ostendais de souche, la plage revêt pour moi une connotation différente de l’attraction bien trop touristique qu’elle représente pour beaucoup. On peut y puiser tant de choses. Spontanément, je pense à ces écumeurs de plages qui battent la grève. Tout ce que la marée abandonne sur la plage leur appartient. C’est leur philosophie. Mais qui est l’écumeur d’aujourd’hui? Comment agit-il? Comment réfléchit-il et regarde-t-il? Qu’est-ce qui le différencie de ses ancêtres? Mon périple le long des plages de la mer du Nord me rapproche d’une petite communauté aux racines anciennes et profondes.

Mon premier contact porte le nom exotique d’Aäron Fabrice de Kisangani (ce n’est pas un pseudonyme). J’ai fait sa connaissance il y a plusieurs années. Aäron a vingt-sept ans, plus de treize mille followers sur Instagram, où il poste ses trouvailles sur les plages entre la ville du Touquet, dans le nord de la France, et la frontière néerlandaise près de Cadzand: un secteur de deux cents kilomètres. Il avance généralement seul, à pied, en véritable solitaire. Il reste toutefois connecté à d’autres écumeurs de tous horizons sur les réseaux sociaux.

Ma deuxième source est Maarten Brugge. J’ai lu son histoire dans le merveilleux ouvrage Jutters en Strandvonders van Texel (Écumeurs de plages et ramasseurs de Texel, 2014), qui le présente parmi une galerie bigarrée d’hommes au visage endurci comme «le plus jeune écumeur de plages de Texel». Dix ans plus tard, à quarante-quatre ans, il l’est toujours. Comme tous les autres, il arpente la plage accompagné de son vélo, auquel il amarre les gros objets, souvent des morceaux de bois. Il dissimule les plus grosses pièces dans les dunes et les récupère plus tard en voiture. Rien ne se perd: dans son entreprise individuelle, il fabrique des meubles à partir de bois flotté, quoique la marée en drosse de moins en moins sur le rivage depuis que le transport maritime par conteneur est devenu la norme et que les objets tombés par-dessus bord se font plus rares.

L’écumeur, ce collectionneur

Aäron et moi rendons visite à Maarten Brugge. Les deux hommes se connaissent et je souhaite obtenir des réponses à certaines questions. Nous entamons une belle traversée. À Den Helder, nous embarquons sur le ferry pour Texel, une île des Wadden, et sommes accueillis dans le cabanon d’écumeur que Maarten a construit dans son jardin, dans un coquet quartier du village de Den Burg. Maarten raconte: «J’ai hérité de ce bagage. Mon père et mon grand-père étaient écumeurs de plages. Dès mon plus jeune âge, j’adorais me promener avec mon grand-père sur la grève, le long des vagues. Ma mère en a conclu que j’étais un écumeur. Dès que le vent d’ouest se lève, la plage m’appelle.»

Mais qu’est-ce qu’un écumeur de plages? «Autrefois, lorsque Texel était pauvre, il s’agissait d’un moyen de survie», explique Maarten. «Les objets échoués sur le rivage servaient à se chauffer, à fabriquer quelque chose, à se nourrir, ou étaient vendus. Les écumeurs sont des solitaires, peu d’entre nous sommes des êtres sociaux. L’ancienne génération est encore très repliée sur elle-même, mais la nouvelle génération recherche les contacts et les échanges internationaux. Pour moi, c’est un merveilleux hobby, je n’ai pas besoin d’en vivre. L’écumeur d’aujourd’hui est plutôt un collectionneur. Chaque chose cache une histoire. Cette tension: que vais-je trouver aujourd’hui? Chaque vague peut apporter un nouvel objet à la dérive.»

Maarten Brugge: Autrefois, lorsque Texel était pauvre, écumer les plages était un moyen de survie

Les mots d’Aäron évoquent plus une vocation qu’un hobby: «Un véritable écumeur sort par tous les temps, même en pleine nuit. Le plus grand défi, c’est l’inconnu, on tombe toujours sur une surprise. Je consacre tout mon temps libre à battre la grève, de l’aube au crépuscule. Je cherche des trouvailles insolites et je veux connaître leur histoire. La mer offre souvent des cadeaux. Cet émerveillement m’apporte du bonheur depuis l’âge de huit ans, lorsque j’ai commencé à chercher des coquillages. L’intérêt n’est pas seulement de trouver, de découvrir, mais aussi de raconter. C’est la cerise sur le gâteau. Ma mission est de fasciner et d’inspirer à travers mes trouvailles et mes récits. En fait, je suis un scientifique amateur, enveloppé dans un manteau d’écumeur des plages.»

Un butin jamais atteint

La veille de notre entretien avec Maarten, Aäron et moi visitons le musée Flora à Texel, le plus grand musée d’écumeurs d’Europe, fondé par des écumeurs eux-mêmes et constitué à partir des collections et des dons des écumeurs. J’imaginais que les écumeurs ne conservaient que les objets de grande valeur. Cependant, on y trouve vraiment toutes sortes d’objets qui cohabitent fraternellement. Sans aucune hiérarchie.

La collection abritée dans le cabanon de Maarten en est la preuve vivante. Je constate le même bric-à-brac bigarré: des bouées de toutes tailles et de toutes formes, des panneaux de signalisation d’outre-mer et des enseignes portuaires, des bouteilles vides ou contenant un message. À l’ère d’Internet et de l’envoi d’un message à l’autre bout du monde par simple pression d’un bouton, ces messages en bouteille font appel à notre imagination. C’est la raison pour laquelle certaines personnes continuent de lancer une bouteille à la mer.

«J’ai une centaine de bouteilles contenant un message», indique Maarten. «Il s’agit de dessins d’enfants, de cartes au trésor, de messages de marins solitaires ou de femmes seules, de lettres d’adieu. Des histoires drôles ou touchantes. L’autre jour, j’ai trouvé le message d’une fille qui a probablement dit adieu à la vie. On n’oublie pas ce genre de choses. La plupart de ces bouteilles viennent des ferries des Wadden et s’échouent ici.»

«Les messages en bouteille sont plus rares au large de la côte belge en raison du Gulf Stream», explique Aäron. Il tente de déchiffrer ce qui s’y échoue, puis d’y répondre. Dernièrement, il a découvert la lettre d’adieu d’une jeune fille à sa mère perturbée. Un lointain écumeur de plages jouant les sauveurs a ainsi répondu à un appel à l’aide envoyé dans une bouteille à la mer.

Maarten se souvient de l’endroit et du moment exacts où il a trouvé chacun des objets que recèle sa remise. Cette bouée provient de tel ou tel élevage de homards dans l’État américain du Maine ou de Nouvelle-Écosse au Canada, par exemple. On y trouve aussi de petits objets comme des bouteilles de shampoing L’Oréal provenant du porte-conteneurs Napoli, échoué en 2007. Son agréable parfum a duré pendant des années. Des écumeurs de toute la côte de la mer du Nord ont tiré parti du naufrage du Napoli: outre le shampoing, des moteurs et des pièces détachées de BMW ont également plongé par-dessus bord. Maarten raconte une autre anecdote pour illustrer la psychologie de l’écumeur: «Prenez le naufrage du Baltic Ace en 2012. C’est horrible que onze personnes y aient trouvé la mort. Mais en tant qu’écumeur, on en veut aussi un souvenir. Un jour, un petit avion s’est abîmé en mer: en tant qu’écumeur, je veux récupérer un morceau de cet avion.» Celui-ci est accroché dans son cabanon.

Chez Aäron, dans la station balnéaire belge d’Oostduinkerke, je reconnais une configuration similaire dans sa collection. Il y a beaucoup de choses, on y trouve de tout, mais les objets ne sont pas disposés n’importe comment. Il garde les précieux artefacts chez lui, tandis que les pièces et objets plus volumineux sont exposés dans le garage. Comme chez Maarten, des chaussures Nike trônent sur une étagère, provenant du Maersk Shanghai qui avait perdu plusieurs conteneurs lors d’une violente tempête au large de la Caroline du Nord en 2018. Les deux écumeurs plaisantaient déjà sur le fait qu’ensemble ils pourraient reconstituer le puzzle: la chaussure gauche à côté de la chaussure droite identique et de la même pointure.

De telles histoires soulèvent inévitablement la question suivante: qui a droit à ce qu’on trouve sur la plage? À qui cela appartient-il? Maarten est clair: «C’est simple, un jutter (écumeur de plages) peut aussi être tantôt un jager (chasseur), tantôt un jatter (chapardeur). Il n’y a qu’une lettre de différence. La question qui se pose à chaque fois est la suivante: où tracer la limite? Est-ce qu’on peut s’en aller en emportant des effets personnels?  Six préposés au ramassage sur les plages travaillent ici et doivent parfois intervenir pour récupérer des biens. Il est vrai que ces préposés ajoutent du piquant à la situation. Mais six pour une petite île, je pense que c’est trop.»

Maarten Brugge: un jutter (écumeur de plages) peut aussi être tantôt un jager (chasseur), tantôt un jatter (chapardeur). Il n’y a qu’une lettre de différence

Écumeur de plage versus préposé au ramassage, c’est un éternel sujet de tension sur la côte néerlandaise. Le préposé au ramassage est officiellement employé et est responsable de ce qui s’échoue sur la plage. Les objets trouvés appartiennent à leur propriétaire. Toute personne qui trouve un objet de valeur doit le signaler à la commune. En principe, seuls les objets de valeur doivent être signalés. Il s’agit d’une loi qui remonte au Moyen Âge, lorsque le préposé au ramassage, le bailli ou le bourgmestre saisissait les objets et rendait son jugement à une époque où les naufrages et les pillages étaient monnaie courante. La personne qui avait trouvé l’objet avait alors droit à une récompense.

Dans la pratique, les choses ne sont plus aussi tranchées qu’à l’époque, mais on continue de surveiller ce qui s’échoue sur la plage. On ne compte plus les anecdotes qui circulent encore sur les écumeurs de plages qui ont contourné la loi, ce qui créait parfois entre les personnes une rivalité à vie. Cette situation n’est pas inconnue de Maarten. Ses prédécesseurs ont beaucoup plus d’histoires de ce genre, car peu de choses précieuses s’échouent sur le rivage de nos jours. Le butin diminue.

La mer: ses étincelles et son cœur

En inventoriant et en évoquant la collection d’Aäron et de Maarten, on en oublierait presque que les deux écumeurs nourrissent un amour évident pour la nature et sa biodiversité. Ainsi, les oiseaux n’ont plus de secret pour Maarten, heureux comme un enfant lorsqu’il trouve un fou de Bassan ou un macareux sur l’estran. Aäron, quant à lui, connaît par cœur les coquillages, algues et autres étincelles de mer (algues luminescentes). Nommez quelque chose et il vous en parlera toujours avec le même enthousiasme, que ce soit en tête-à-tête ou en tant que guide. Maarten et lui appellent ces découvertes les «rejets naturels». Plus les rejets sont rares, mieux c’est.

Tous deux glanent également les graines de dérive. Celles-ci proviennent d’arbres tropicaux géants de l’autre côté de l’océan (Amérique du Sud). Il n’est pas rare qu’elles voyagent pendant deux ans et soient encore fécondes. Aäron rêve de trouver un «haricot de  la mer» en forme de cœur, de le faire germer et d’en faire don au célèbre jardin botanique de Meise, près de Bruxelles. Ainsi parle le scientifique amateur vêtu d’un manteau d’écumeur qui, en guise de pèlerinage pendant notre séjour à Texel, s’est enfermé trois heures avec Gerhard Cadée, référence internationale en matière de graines de dérive, aujourd’hui à la retraite. Aäron avait apporté sa propre collection de graines pour les étudier avec lui.

La dernière passion d’Aäron: les objets préhistoriques. Il possède toute une collection de dents de requin et de morceaux d’os de mammouth. Pour lui, l’ajout d’un morceau de harpon en os à sa collection constitue le défi ultime.

Le monde tient dans un sac d’écumeur

L’écumage des plages leur donne-t-il un reflet de la santé du monde et de l’océan? Je brûlais de connaître l’avis de Maarten et Aäron. Bien sûr, répondent-ils en chœur. Autrefois, la pollution due au pétrole était plus présente, puis est arrivée en masse celle du plastique. La pollution due à la pêche a quant à elle diminué. Avant, les gens jetaient simplement les sacs poubelles par-dessus bord. Ce qui se passe en mer reste en mer, telle était la devise. Mais peu à peu, les marins ont délaissé cette pollution de leur propre environnement pour adopter une conscience de l’hygiène maritime. Ainsi, la plupart des déchets générés à bord reviennent désormais à quai.

Malheureusement, le plastique échoué dans la mer ne se décompose que lentement. Les écumeurs de plages et les chercheurs trouvent souvent des oiseaux et de grands mammifères (marsouins ou rorquals) dont l’estomac est rempli de plastique. Pour les animaux, c’est la triste garantie d’une mort lente avant de s’échouer sur le rivage.

En janvier 2024, Maarten a retrouvé pas moins de 20 tortues de mer rejetées vers son île depuis le sud via la Manche, en raison du réchauffement des océans. Aäron évoque également les «glands de mer», une espèce de balane qui vit normalement plus au sud et qui a récemment fait son apparition ici. Deux exemples, une seule explication: le réchauffement climatique.

Tombe ensuite le sujet d’actualité qui les fait frémir: les migrants qui tentent la traversée vers l’Angleterre. Depuis quelques années, il arrive de plus en plus souvent aux deux écumeurs de trouver des gilets de sauvetage, des canots pneumatiques qui ont pris l’eau, des sacs à dos, des tas de baskets et d’autres objets appartenant à des migrants qui voulaient traverser la Manche. «Toute ma vie, j’ai eu peur de les trouver. Puis un jour, c’est arrivé», confie Maarten. Il a appelé la police après avoir découvert des restes humains dans une combinaison, échoués sur le rivage. Aäron avoue avoir déjà eu peur des passeurs dans les dunes: ils n’hésitent pas à recourir à la violence. Sa zone d’écumage est proche de Calais.

Le premier janvier 2023, il a été confronté à un autre type de trafic. Son année a commencé au poste de police local où il a déclaré un kilo de cocaïne soigneusement emballé. C’est ainsi que la réalité internationale atterrit dans la besace d’un écumeur de plages.

Le ramassage thérapeutique

Quelques semaines après ma visite à Texel, je m’entretiens avec Francis Kerckhof, soixante-neuf ans, biologiste marin et véritable puits de science. Il lui arrive encore de participer à des recherches zoologiques avec le Belgica, le navire de recherche de l’Institut royal des sciences naturelles de Belgique, son employeur depuis de nombreuses années. L’écumage des plages lui est particulièrement familier, puisque c’est ce qui a engendré sa passion pour la mer. Sa maison regorge de trouvailles en tout genre. Typique. Lui aussi s’est un jour lavé les cheveux avec du shampoing du Napoli qu’il avait ramassé, tout comme Maarten Brugge, sur une plage de la mer du Nord, mais quatre cents kilomètres plus à l’ouest.

Kerckhof a travaillé sur la convention OSPAR de 1992, dont l’ambition était de réduire drastiquement la pollution de l’océan Atlantique du côté européen d’ici 2030. Sa mission était d’organiser l’échantillonnage des déchets en mer pour tracer et surveiller la pollution –tel pourcentage provient de la pêche, tel pourcentage du transport maritime, de l’industrie portuaire… Cela devrait permettre aux gouvernements de remédier à la situation à l’aide de données chiffrées.

Mais, aujourd’hui, il lui manque son matériel d’étude. Pourquoi? La réponse est surprenante. Le nouvel ennemi de l’écumeur de plages n’est pas le préposé au ramassage, mais ce que Kerckhof appelle «le ramassage thérapeutique»: les clubs de collecte qui nettoient les plages de manière systématique. «Tout doit disparaître de la plage le plus rapidement possible. On peut le voir sur leurs réseaux sociaux remplis de loves et de likes. Mais cela ne résout pas le problème. La situation est telle que l’industrie polluante soutient financièrement les équipes de collecte, mais s’oppose au système de consigne. Je trouve cela pervers.»

Le nouvel ennemi de l’écumeur de plages n’est pas le préposé au ramassage, mais les clubs de collecte qui nettoient les plages de manière systématique

Maarten Brugge m’en avait déjà parlé: «Ce sont les clubs de collecte qui sonnent le glas des écumeurs de plage. Je dois aller fouiller leurs poubelles pour trouver ce qu’ils jettent.» Aäron acquiesce: aujourd’hui, il va systématiquement regarder dans les poubelles le long de la plage pour en sortir les bouées et autres raretés.

Comme les équipes de collecte de plage font systématiquement tout disparaître, Kerckhof a ainsi perdu son matériel d’étude. «Sur cette bouée des États-Unis ou dans cet aquarium d’Espagne se trouve une communauté océanique d’organismes qui m’en apprend plus sur l’évolution rapide de la vie biologique dans nos eaux internationales, comme les anatifes, les amphipodes ou les crabes de Christophe Colomb. Comment pouvons-nous dresser des rapports standardisés sur les déchets qui s’échouent sur le rivage s’ils disparaissent immédiatement?  Nous essayons actuellement de négocier avec ces associations. Le plus gros fléau, ce sont les engins nettoyeurs de plage. Ils ratissent également toute la vie naturelle de la plage, comme les algues et les coquillages.»

Kerckhof conclut en soupirant: «En fait, nous n’avons pas besoin de cette surveillance. Nous savons qui sont les pollueurs. Il faut les punir et la production de déchets polluants doit être fortement réduite. Point à la ligne.»

Quelques semaines plus tôt, je me trouvais encore à Texel avec Maarten Brugge et Aäron Fabrice de Kisangani. «La société change, tout comme les écumeurs», avait alors conclu Maarten. Un silence. Il avait ensuite continué sur un ton plus léger: «Rien ne vaut une bonne tempête, qu’elle vienne.»

Hendrik Tratsaert2

Hendrik Tratsaert

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