Dix-huit jeunes auteurs et autrices ont donné vie à des objets du XIXe siècle provenant du Rijksmuseum. Ils et elles se sont inspiré·es de la question suivante : que voyez-vous lorsque vous regardez ces objets en portant attention au travail invisible? Avec Elise Tumba Kiambi, nous nous intéressons au tableau Cour de ferme d’Andreas Schelfhout, peint vers 1820-1830. «Le rêve d’une cour de ferme idyllique gît en mille morceaux dans un chiffonnier.»
© Collectie Rijksmuseum, Amsterdam
Héritage paysan
Une terre en jachère se matérialise
4500 av. J.-C.
Des paysans œuvrent à la prochaine génération,
animés de bonnes raisons, (devoir de survie)
travaillant au rythme de la pluie.
Labour, labeur, sueur.
1200
On fait pousser un arbre à partir d’une graine
soigneusement recouverte de terre.
À l’abri des regards,
comme si nos yeux le laissaient rabougri
comme s’ils dérobaient ses fruits. (les paysans rêvent, gravent l’héritage dans des souches)
1750
Valeur vaut terre,
change d’avis devant la meilleure offre.
Le paysan creuse le sol, irrigue sans égal,
mais le propriétaire génère l’argent, (succombe à tant de cupidité)
l’accroche aux arbres jusqu’à ce qu’il porte ses fruits.
1860
Le rêve d’une cour de ferme idyllique
gît en mille morceaux dans un chiffonnier (une forme de patrimoine en bois massif)
Les nervures ont perdu leur valeur
entre les voies ferrées qui traversent la cour.
1999
Qui veut de son plein gré trouve une voie (certaines sont déjà toutes tracées)
Le songe, arbre ou souche,
se ramifie dans le présent.
Celui qui ne peut hériter paie pour le néant.