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En 1347, Calais assiégée devient anglaise

12 juillet 2022 3 min. temps de lecture Ces lieux de guerre qui ont fait notre histoire

Assiégée durant onze mois pendant la Guerre de Cent ans, Calais deviendra anglaise durant deux siècles. La ville en conserve encore quelques traces.

Ils sont au nombre de six et trônent devant le splendide hôtel de ville de Calais sans jamais regarder dans la même direction. Eux, ce sont les Bourgeois de Calais, sculpture réalisée par Rodin en 1889. L’œuvre d’art la plus connue de Calais avait été commandée par la municipalité elle-même… mais qui se souvient vraiment que ces Bourgeois marquent l’issue d’une bataille? Ou plutôt d’un siège.

Retour en 1346, aux débuts de la guerre de Cent ans. Le roi d’Angleterre opère un raid sur le sol français en débarquant le 12 juillet dans le Contentin. C’est la chevauchée d’Edouard III qui conduit à la victoire des Anglais à quelques kilomètres d’Abbeville, à Crécy. Enhardi, Edouard III décide d’aller faire le siège de Calais, port le plus proche de l’Angleterre, ce qui faciliterait ses futurs débarquements.

Le roi anglais édifie un camp retranché en forme de ville pour se préparer à de longs mois de siège. Voyant que cela va durer, Jean de Vienne, qui dirige Calais, réussit à faire évacuer les bouches inutiles de cette ville qui compte alors entre six et huit mille habitants. Si au début, les Français restants arrivent encore à se procurer des vivres par la mer, les Anglais coupent toutes les communications à partir de juin.

Et quand Philippe VI, le roi de France, arrive avec son armée sur les hauteurs de Sangatte le 27 juillet, c’est pour mieux reculer. Voyant qu’il est trop difficile de battre les Anglais, il préfère battre en retraite le 2 août. Le lendemain ou le surlendemain, selon les sources, six bourgeois de Calais, Eustache de Saint-Pierre, Pierre et Jacques de Wissant, Jean d’Aire, Jean de Fiennes, et Andrieu d’Andres, remettent symboliquement les clés de la ville au monarque d’outre-Manche. Présenté souvent comme un acte d’héroïsme pour sauver la ville, il s’agissait plutôt d’un rituel de soumission, avec des hommes venus pieds nus, et la corde au cou.

La ville et la campagne environnante sont vidées d’une majorité de leurs habitants français… pour les remplacer par des colons anglais

L’histoire ne s’arrête pas là. La ville et la campagne environnante (Escalles, Guines, etc) sont vidées d’une majorité de leurs habitants français… pour les remplacer par des colons anglais. Une importante garnison d’un millier d’hommes restera sur place.

Malgré quelques tentatives, la reconquête française n’aboutira qu’en 1558! On videra cette fois la ville des Anglais… pour y réinstaller des Français, qui viendront notamment de Thérouanne, ville détruite par Charles Quint quelques années plus tôt.

Outre la statue de Rodin –qui est bien postérieure aux événements–, il ne reste plus que deux témoignages de cette histoire anglaise. Le Fort Risban, près de la plage et du port, dont les premiers bâtisseurs ont été les Anglais (il a été largement remanié depuis). Mais aussi et surtout l’église Notre-Dame qui fut rattachée à l’archevêché de Canterbury.

Son architecture est un mélange d’une base au sol de type français et de hauteurs anglaises. Le transept actuel date du début du XIIIe siècle. Son clocher au centre du bâtiment est une spécificité britannique. L’église où s’est marié le Général de Gaulle est entourée d’un agréable jardin d’inspiration anglaise inauguré en 2016. Non loin de là, un beffroi de style Tudor, construit par les Anglais, avait réussi à traverser les siècles, mais il n’a pas survécu aux reconstructions consécutives à la Seconde Guerre mondiale.

Montard

Nicolas Montard

Journaliste free-lance et cofondateur du magazine en ligne DailyNord.

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