Dix-huit jeunes auteurs et autrices de Flandre et des Pays-Bas donnent la parole à un objet du XVIIe siècle exposé au Rijksmuseum. Ils et elles ont écrit un texte à partir de la question suivante: quelles illuminations ressentez-vous en regardant ces objets? Femke Zwiep a écrit un poème en s’inspirant d’une balance à contrepoids issue de l’atelier de l’orfèvre allemand Wenzel Jamnitzer. «tout ce que je touche acquiert de la valeur»
© Rijksmuseum, Amsterdam
Brillant
la promesse et moi nous connaissons par cœur
tout ce que je touche acquiert de la valeur
je suis indépendante/impartiale/irréprochable/intègre/savante
je sais repérer les limites artificielles
affûtées
d’abord émoussées
puis polies
pendant ce temps le chœur entonne un chant entraînant
qui se laisse volontiers tendre comme un fil à travers le temps
dans la meilleure histoire que j’ai écrite
tu as atteint le fond de l’abîme
j’aime la raconter et souvent
pour qu’elle prenne corps
tu portes un costume magnifique
jambes larges, paillettes et causettes
tout le monde est suspendu à tes lèvres
tu parles si sagement crois-moi
un pouce perce un trou dans le noyau de la terre
œuf au plat raté
l’or coule dans les rivières
érode le paysage
s’essouffle se tarit se révèle fléau
mes gestes sont verticaux
de toute façon je n’ai rien à voir avec l’horizon
je procède à l’aveuglette
mais de temps à autre j’imagine la marée, s’inversant, la mer
un morceau d’étoffe que deux larges mains
plient, soulèvent, suspendent en l’air
voûte gris-bleu où la lumière se reflète si vivement
que tout le monde comprend
c’est la fin, ou ça y ressemble
j’espère qu’un corps céleste a compté les points pendant tout ce temps
et prendra à son tour la place de la mer
ah oui je visais ton front mais j’ignorais que ça te toucherait autant
pardon si ça te touche autant
avais-je la même ténacité dans mes vacillements ?
quand je laisse mes bras reposer sur le sol tout a le même poids
quand je laisse mes bras reposer sur le sol tout a le même poids