Il est grand temps de considérer le néerlandais comme une langue internationale
En
prélude au vingtième «Colloquium Néerlandicum» qui s’est tenu à Louvain fin août 2018, Henriette Louwerse, présidente de l’IVN, a rédigé un
article substantiel sur l’utilité d’enseigner le néerlandais
aux locuteurs d’autres langues.
Quel
bilan tirer de l’évolution des études néerlandaises à
l’étranger, des succès enregistrés et des dangers éventuels?
Selon l’IVN, il faut s’impliquer et coopérer: le néerlandais
n’est une petite langue que pour ceux qui pensent petit. Pourquoi
plus de 13 000 étudiants dans 45 pays du monde choisiraient-ils de
faire des études de néerlandais?
Le
professeur Theo Janssen se posait déjà la question en 1992. Dans
son article paru dans la revue «Onze Taal», il soumet cette
question à des collègues enseignant à l’étranger et en vient à
conclure que les motivations peuvent être les plus diverses: «pur
intérêt culturel et linguistique», curiosité provoquée par
la littérature ou l’art, des liens familiaux ou l’amour. Pour
autant, Janssen propose un fil conducteur: «Chaque fois que les
Pays-Bas ou la Flandre ont excellé ou été à l’avant-garde, ils
ont retenu l’attention du monde entier.» Et de citer comme exemple
les primitifs flamands et Van Gogh, mais aussi le mouvement provo et
la politique alors tolérante à l’égard des drogues. La
possibilité que les étudiants puissent choisir le néerlandais pour
des motifs économiques est à peine évoquée: «Parfois un élément
social intervient.»
Vingt-cinq
ans plus tard, le son de cloche est différent. Dans un article
informel pour «Taalunie:Bericht», Jan Willem Bloemen affirme que le
néerlandais est «une activité en plein essor» à l’étranger.
Et pour quelle raison les étudiants choisissent-ils le néerlandais?
En numéro un, indique Bloemen: le marché du travail. Étudier le
néerlandais est un investissement pour travailler plus tard dans une
banque internationale ou toute autre entreprise ayant des liens avec
les Pays-Bas ou la Flandre. «De
staat van het Nederlands in de wereld» (La Situation du néerlandais
dans le monde), une vaste enquête de terrain effectuée par l’IVN
en 2017 vient conforter cette opinion: le marché du travail en
ressort grand vainqueur. Après
tout, c’est le principal débouché des étudiants.
La
connaissance d’une langue et d’une culture étrangères rapporte.
Plusieurs études nationales et internationales le confirment. Telle
est la conclusion de chercheurs au Royaume-Uni dans un rapport récent
pour le compte du ministère britannique du Commerce
international, qui rappellent que le manque de connaissances
linguistiques et interculturelles coûte à l’économie britannique
3,5 % de son PIB annuel, soit plus de 54 milliards d’euros. Un
rapport de l’Académie royale néerlandaise des sciences paru en
janvier 2018 et intitulé «Talen voor Nederland» (Des langues pour
les Pays-Bas), souligne également que la connaissance des langues et
les compétences interculturelles jouent un rôle clé dans une
stratégie à l’international. Le commerce néerlandais ne saisit
sans doute pas toutes les opportunités faute de connaissances
linguistiques suffisantes ou, pour reprendre l’étude, parce que le
gouvernement ne sait exploiter le potentiel des connaissances
linguistiques et culturelles existant.
Une
bonne nouvelle
Ce
constat semble être une bonne nouvelle pour les études
néerlandaises à l’étranger. «Au-delà des frontières
nationales», il existe en effet un vaste réseau d’étudiants et
d’enseignants qui connaissent à la fois le néerlandais et les
réalités locales. Il y a là un «capital de connaissances»
à mobiliser dans l’intérêt culturel, politique, et surtout
économique, des Pays-Bas et de la Flandre. Voici les dernières
phrases du rapport de l’Académie royale néerlandaise des
sciences: «L’enseignement et le secteur linguistique doivent être
animés par une communauté linguistique universitaire active et
tournée vers l’extérieur. La présence de locuteurs de langues
les plus diverses […] représente une plus-value pour notre
économie du savoir et une source de développement culturel et
socio-économique.»
Les
conclusions et recommandations de l’Académie royale néerlandaise
des sciences concordent pleinement avec les résultats de
l’enquête de terrain menée en 2017 par l’IVN. Un résultat
important est que les études de néerlandais à l’étranger sont
en pleine évolution, tant dans le contenu des enseignements que dans
la réaction à la situation locale (universitaire, politique ou
économique). Sans oublier que les études de néerlandais à
l’étranger ne sont pas uniformes. La situation en Allemagne n’est
pas comparable à celle qui prévaut en Afrique du Sud, en Indonésie
ou en Italie. De plus, il existe de grandes différences au sein
d’une même région du monde. Néanmoins, certaines tendances
l’emportent sur tel ou tel institut ou sur la région considérée.
L’une d’entre elles est qu’en 2018 la connaissance d’une
langue et d’une culture étrangères s’impose de plus en plus du
point de vue économique.
Nettement plus de jeunes entreprennent des études de néerlandais à l’étranger que dans les pays et régions néerlandophones elles-mêmes.
Le
rapport de l’IVN se termine par la conclusion selon laquelle les
étudiants formés en dehors de l’aire néerlandophone procurent un
avantage politique culturel et économique aux Pays-Bas et à la
Flandre. Une enquête récente concernant l’Europe centrale montre
que 80 % des répondants viennent sur le marché du travail à
l’issue de leurs études de néerlandais. Plus de 35 % travaillent
pour une entreprise ou une organisation néerlandaise ou flamande et
8,4 % dans l’aire néerlandophone. L’Allemagne compte plus de
néerlandistes en formation que les Pays-Bas et la Flandre. Dans
la région frontalière notamment, 90 % des diplômés de néerlandais
deviennent professeurs de néerlandais dans l’enseignement primaire
ou secondaire. En
Europe du Sud, ce sont surtout les Italiens qui étudient le
néerlandais, pour suivre ensuite un master en Flandre ou aux
Pays-Bas. Bref, la «communauté linguistique universitaire active et
tournée vers l’extérieur» envisagée par l’Académie royale
néerlandaise des sciences peut être mobilisée. C’est du moins ce
à quoi on pourrait s’attendre.
Hélas,
les choses ne sont pas aussi simples. Aux Pays-Bas comme en Flandre,
l’intérêt porté à ce qui se passe à l’étranger reste
toujours limité. Le
rapport de l’académie ne fait pas exception à la règle. Il ne
mentionne pas spécifiquement des «études de néerlandais à
l’étranger»? Certes, il contient une annexe sur «l’enseignement
du néerlandais dans d’autres pays», reprenant les chiffres de la
Nederlandse Taalunie (Union de langue néerlandaise) (1): 15 000
étudiants dans 175 universités de 45 pays. L’annexe
se borne à rappeler brièvement les motivations des étudiants
étrangers. Pour le moins qu’on puisse dire, cette annexe laisse
une impression de convenu. Son contenu ne se rattache pas au texte du
rapport et la place accordée à cette information (à
l’avant-dernière page) est peu cavalière. Les
études de néerlandais dans le monde ne fait manifestement pas
partie du «capital de connaissances» qui peut trouver un meilleur
emploi. «La présence de locuteurs de langues très diverses»
formés en dehors de l’aire néerlandophone est passée sous
silence. Le réseau international d’étudiants, d’enseignants, de
chercheurs et de traducteurs ne semble pas constituer un «atout».
Ils ne sont pas concernés par l’appel à un meilleur emploi des
talents et sont insuffisamment pris en compte par les responsables
politiques et les décideurs.
Et
ce malgré des chiffres incontestables: Nettement plus de jeunes
entreprennent des études de néerlandais à l’étranger que dans
les pays et régions néerlandophones elles-mêmes. Avec plus de 13
000 étudiants de néerlandais dans les universités à
l’étranger, on pourrait au moins en conclure, même en tenant
compte de ce qui n’est pas comparable, que le néerlandais est bien
plus souvent choisi dans ces universités situées hors de l’aire
néerlandophone en Europe. Aux Pays-Bas et en Flandre, le nombre
d’étudiants de néerlandais en première année baisse depuis
longtemps. Dans «Talen voor Nederland», les chiffres pour les
Pays-Bas concernent la période 2008-2014. Les nouvelles inscriptions
dans la filière classique de néerlandais ont chuté de 43 % environ
entre 2008 et 2014, passant de 473 à 271. Il apparaît cependant que
les étudiants veulent prendre le néerlandais, mais plutôt en
combinaison avec «autre chose»: d’autres langues ou des matières
telles qu’elles sont proposées dans les Études européennes et
Littérature et société ou dans le cadre des cursus «d’arts
libéraux» (programmes interdisciplinaires à la carte) des
«University Colleges».
Deux
évolutions
L’évolution
des formations spécialisées vers des formations plus larges, qui
dépassent le cadre des langues et des disciplines, représente une
tendance majoritaire. Nous pouvons constater en différents endroits,
notamment en Europe, que l’intérêt (institutionnel) pour des
études de langues traditionnelles s’affaiblit et que les sections
de néerlandais s’intègrent de plus en plus dans des cursus
interdisciplinaires et transnationaux. Ces évolutions résultent non
seulement de la modification des priorités de recherches visant à
mettre l’accent sur l’interdisciplinarité, les approches
transnationales et le plurilinguisme ou multilinguisme, mais aussi
d’économies budgétaires, indépendamment du phénomène de baisse
des effectifs étudiants. La «crise» des sciences humaines et
sociales contribue certainement à l’interpénétration des unités
d’enseignement ou à leur intégration dans des structures plus
importantes, dans un effort de proposer un enseignement aussi
efficient que possible.
Dans
un certain sens, cette évolution nous avantage, nous qui sommes
impliqués dans les études de néerlandais à l’étranger. Nous
sommes en effet habitués à une réalité plurilingue et
transculturelle. D’avance, nous abordons toujours notre objet
d’étude de l’extérieur. L’attention portée au plurilinguisme
ou au multilinguisme ainsi qu’à l’éducation générale et
interculturelle, offre par ailleurs bien des avantages et la liste
des priorités transnationales dont le néerlandais est exclu dans le
cadre des traditions transnationales et définies sur le plan
linguistique, offre un nouvel espace et de nouvelles possibilités
d’enseignement. Ce n’est qu’à l’étranger que cette
évolution constitue une menace potentielle, en particulier pour les
langues «de moindre diffusion» comme le néerlandais. Les
enseignants recherchent en permanence un équilibre entre la
participation à des initiatives dépassant le cadre de la langue et
de la discipline – deux films flamands dans un cours sur le cinéma
européen, ou un roman d’un grand auteur néerlandais dans un cours
sur la littérature coloniale – et la défense du caractère
particulier et spécifique de la matière enseignée. Après tout,
comme il s’agit de compétences (linguistiques) générales,
pourquoi celles-ci devraient être spécifiquement en néerlandais?
Le néerlandais n’est une petite langue que pour ceux qui pensent «grand» et «petit» du point de vue du nombre de locuteurs d’une langue.
Outre
l’élargissement des programmes d’études, il existe une autre
évolution importante. L’étude de l’IVN montre qu’à l’échelle
mondiale le nombre d’étudiants choisissant le néerlandais reste
stable, mais les chiffres ne mettent pas en évidence l’évolution
des études traditionnelles des langues et civilisations vers des
études de langues envisagées comme une compétence venant
compléter des études de technologie, de droit ou d’économie, par
exemple. Nous nous félicitons, bien entendu, de ce que les langues
soient considérées comme une véritable plus-value. Dans la
pratique, cela signifie cependant une déconnexion de l’apprentissage
linguistique et des piliers traditionnels (littérature, linguistique
et culture de la langue concernée), avec pour conséquence que
l’enseignement est dispensé dans un centre de langues
universitaire et non plus au sein d’un département spécialisé.
Les enseignants n’ont alors plus d’obligation de recherche et
sont souvent embauchés sur une base horaire et souvent, mais pas
systématiquement, on peut parler de déprofessionnalisation.
L’absence d’une composante de recherche fragilise ces structures
d’enseignement. Les sections de néerlandais doivent comporter une
composante de recherche pour asseoir durablement leur ancrage. Dans
le monde académique, enseignement et recherche forment un couple
indissociable.
Des
opportunités de coopération
Il
est essentiel de coopérer dans une structure d’enseignement, une
région, mais aussi à l’échelle des Pays-Bas et de la Flandre.
Tous les répondants à l’étude effectuée par l’IVN ont indiqué
avoir besoin de plus de contacts avec des collègues enseignant dans
d’autres locaux ainsi qu’aux Pays-Bas et en Belgique. Il y a là
de belles opportunités. La force d’un réseau international de
néerlandistes au sein duquel enseignants et chercheurs coopèrent de
manière intensive, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des
régions néerlandophones, afin de dynamiser l’enseignement du
néerlandais dans le monde, rend cet enseignement attrayant pour les
étudiant ouverts à l’international. Le néerlandais ne se limite
pas aux Plats Pays, il n’est pas nombriliste, mais il a une
présence internationale et offre dans le monde entier des
opportunités, des places pour étudier, des lieux de rencontre
culturels et des interfaces internationales. Les
études de néerlandais n’ont pas peur de défricher de nouvelles
zones et de créer de nouveaux liens.
L’IVN
appelle donc à intensifier la coopération entre les néerlandistes
à l’étranger et ceux de l’aire néerlandophone. Les uns
et les autres ont grand besoin de faire apparaître le caractère
spécifique et transnational des études de néerlandais. Il
faut gérer la pression institutionnelle pour s’accorder sur des
thèmes généraux, au risque de ne plus se reconnaître et de perdre
son originalité. Il est possible de trouver ensemble une structure
dans laquelle enseignants et chercheurs puissent intervenir de
manière flexible, interdisciplinaire et transnationale sans remettre
en cause la matière d’enseignement elle-même, faute de ne plus
prêter attention à la spécificité, voire à l’unicité, de la
langue et de la culture néerlandaises. Ensemble, il est possible de
raconter ouvertement et consciemment une histoire.
Peut-on imaginer un rayonnement culturel plus efficace qu’à travers des études de néerlandais à l’étranger intégrées, présentes dans 46 pays ? (...) La balle est dans le camp des décideurs.
La
langue et la culture des Plats Pays est au cœur de cette histoire.
Il n’est pas nécessaire d’en supprimer le «caractère propre»,
mais il faut oser ouvrir les fenêtres et reconnaître que nous
vivons dans un monde comportant une grande variété de langues et de
cultures. Ne pas s’arc-bouter sur le rejet traditionnel de tout ce
qui ne nous est pas donné directement dans notre langue
d’origine ou de tout ce qui ne fait pas traditionnellement partie
des études de néerlandais. Il est, bien entendu, possible de
pratiquer la néerlandistique en polonais ou en anglais. La force de
ce réseau international vient précisément de la connaissance du
néerlandais et d’une autre langue, par exemple du tchèque, de
l’espagnol, du suédois, de l’indonésien, du russe ou du
portugais. Le plurilinguisme naturel et la pratique transnationale
des études de néerlandais à l’étranger peuvent être mieux
employés pour accroître la portée du néerlandais.
Un
rayonnement culturel effectif
Le
rapport intitulé «La Situation du néerlandais dans le monde»
fait part de son désarroi et de son inquiétude à l’égard du
manque d’ambition de la politique néerlandaise et flamande, mais
surtout de son optimisme et de son élan. L’enquête de terrain a
montré de manière flagrante qu’on peut se féliciter de disposer
d’un vaste réseau motivé d’enseignants, de chercheurs, de
traducteurs et d’étudiants qui, en dehors de leurs activités
quotidiennes, s’impliquent dans l’organisation de conférences,
la présentation de livres, des rencontres scientifiques ou des
publications grand public. Les études de néerlandais à l’étranger
jouent un rôle dans les productions culturelles, le service public
et les activités économiques. Dans de nombreux pays, les
enseignants travaillent en étroite coopération avec la délégation
flamande ou l’ambassade des Pays-Bas, car ils peuvent allier leur
connaissance de la réalité nationale ou locale à celle du
néerlandais et des cultures néerlandophones. C’est
majoritairement le cas en Europe, mais aussi en Chine, en Inde et au
Brésil, qui ont vu naître leurs premières sections de
néerlandais. Il existe ainsi des moyens, par le biais de la langue
et de la culture, de toucher un nouveau public et de renforcer
l’action culturelle et économique de la Flandre et des
Pays-Bas.
Le
néerlandais n’est une petite langue que pour ceux qui pensent
petit, qui pensent «grand» et «petit» du point de vue du nombre
de locuteurs d’une langue. En revanche, ceux qui perçoivent
le potentiel que représente un réseau international et l’amour
prodigué sur Terre à la connaissance du néerlandais se font une
opinion bien différente. Ils considèrent que le néerlandais est
une langue internationale, avec un réseau international. Ils
trouvent honteuses la baisse récente des subventions accordées à
l’Union de la langue néerlandaise et la maigreur du budget
de deux millions d’euros alloué conjointement par les
autorités néerlandaises et flamandes aux études de néerlandais à
l’étranger. Comment font les pays voisins, comme la France,
l’Allemagne et la Grande-Bretagne pour entretenir leur réseau
d’instituts diffusant leur langue et de leur culture et,
parallèlement, embaucher et payer des enseignants de langue dans le
monde entier? Même un pays relativement modeste comme l’Autriche
entretient un réseau de 115 enseignants linguistes autrichiens en
Europe et dans les autres continents. Ce pays investit ainsi plus de
trois fois plus en représentation dans l’enseignement
supérieur que les Pays-Bas et la Flandre réunis. La grande question
n’est donc pas de savoir pourquoi les étudiants choisissent le
néerlandais, mais pourquoi les Plats Pays font aussi peu pour la
langue et la culture néerlandaises à l’international.
Certes,
il est difficile à partir des pays et régions néerlandophones de
peser sur les décisions prises au niveau local. Il est néanmoins
possible d’assurer une certaine visibilité et un soutien actif en
offrant des opportunités aux enseignants et aux étudiants, en
organisant des formations pour les enseignants et des cours
d’été pour les étudiants, en créant et finançant des moyens
numériques pour l’enseignement, en offrant des bourses pour les
initiatives locales, la coopération, la recherche, les activités
culturelles, la traduction et le sous-titrage. Sans oublier la
volonté d’offrir des compléments de salaire lorsque la
rémunération locale est insuffisamment attrayante pour des
enseignants de langue maternelle.
En
conclusion, j’aimerais revenir brièvement sur l’article de Theo
Janssen paru dans “Onze Taal” en 1992. Janssen paraît bien
avoir préparé une conclusion tranchée surprenante. Après
avoir cherché à connaître les raisons pour lesquelles les
étudiants choisissaient le néerlandais, il écrit: «La raison,
quelle qu’elle soit, n’est pas consciente et nullement le fait
d’une quelconque générosité de la politique culturelle des
Pays-Bas et de la Flandre […] Et qu’y-a-t-il de plus
évident à faire que de doter les formations de néerlandais à
l’étranger de nos produits culturels? Peut-on
imaginer un rayonnement culturel plus efficace?»
Quelque
vingt-cinq ans plus tard, la situation ne semble guère, à maints
égards, avoir changé. Sauf que le besoin d’un rayonnement
culturel effectif se fait plus fortement ressentir que jamais. Au
moment où le «multilinguisme» est l’un des 36 domaines d’action
de l’Union européenne, il faut mettre en évidence l’intérêt
du néerlandais entre toutes les autres langues dans son pays comme à
l’étranger. Peut-on imaginer un rayonnement culturel plus efficace
qu’à travers des études de néerlandais à l’étranger
intégrées, présentes dans 46 pays ? À travers un réseau
d’étudiants et d’enseignants qui font du néerlandais une langue
internationale? La balle est dans le camp des décideurs.