Innovation, interactivité et histoires fortes à la réouverture de Plans-Reliefs

Il a fallu patienter une dizaine de mois, mais à partir du 16 mars 2019, la salle des maquettes du Palais des Beaux-Arts à Lille a rouvert ses portes au grand public. 400 m2 et 12 000 kilos rétablis dans toute leur gloire attendent de retrouver l’admiration de ce public.

À l’occasion du 350ème anniversaire de la Citadelle de Lille, la salle des maquettes au Palais des Beaux-Arts a fait l’objet d’une réhabilitation complète : aussi bien l’espace que les maquettes mêmes ont été traités, résultant en une nouvelle présentation, l’utilisation de nouveaux médias et une restauration totale des maquettes. Ces dernières représentent sept villes belges, six villes françaises et une ville hollandaise des XVII^e et XIX^e siècles en miniature, à une échelle de 1/600. Chacune des maquettes se compose de sept à vingt tables qui comme s’imbriquent comme un puzzle. Elles ne sont pas seulement très vastes mais aussi exécutées avec beaucoup de minutie : on peut les considérer comme les prédécesseurs des photos aériennes que l’on réalise aujourd’hui à l’aide de drones. L’information nécessaire pour la réalisation de ces maquettes n’est cependant pas venue des airs, mais d’arpentages extrêmement précis exécutés par des ingénieurs militaires sous le règne de Louis XIV et de Napoléon III. Ces modèles réduits servaient en effet surtout des objectifs militaires.

Une nouvelle présentation

Les maîtres-mots dans l’espace renouvelé sont l’innovation et l’interactivité. Deux murs pourvus de médias interactifs révèlent les secrets de fabrication et le sort de ces objets, tandis que sur un troisième mur est projeté un film du célèbre cinéaste franco-flamand Bruno Dumont. En transformant le paysage des maquettes en des images vivantes, ce dernier crée une fenêtre ouverte sur le monde extérieur. Monde extérieur qui s’invite aussi à l’intérieur en proposant un gros plan de soixante-dix curiosités historiques ou contemporaines dont le visiteur reçoit des images en 3D. Au moyen de la géolocalisation, il est aussi possible de rechercher soi-même une adresse à Lille, Lomme ou Hellemmes. Outre l’image, le texte aussi contribue à la renaissance de cette partie du musée. Les auteurs Jean-Marc Besse, Patrick Boucheron, Carole Fives et Maylis de Kerangal ont écrit des textes originaux inédits, inspirés par les maquettes.

Stratégie

Ces modèles réduits ont en effet des choses à raconter. En contemplant la maquette de la ville d’Audenarde, par exemple, on s’aperçoit qu’il doit y avoir eu beaucoup d’eau si on interprète la couleur bleue comme de l’eau. Or, il s’agissait d’une partie de la stratégie de Vauban, l’ingénieur responsable de la défense sous Louis XIV. Pour Audenarde, il savait qu’en détournant plusieurs cours d’eau, il pouvait inonder certaines aires et en empêcher l’accès à l’ennemi qui devait, dès lors, modifier ses plans. Ce qui donnait un avantage stratégique à Louis XIV. Ce sont ces territoires-là qui sont coloriées en bleu.

L’aspect de la maquette de Lille aussi cache une histoire. En 1948, le conservateur du Musée des Plans-Reliefs de Paris de l’époque, Gaston Renault, se rend à Berlin pour ramener des modèles réduits français en France. L’état des maquettes étant par trop lamentable, Renault ne put ramener que celle de Lille. Celle-ci était fortement endommagée aussi. Elle fut entièrement rénovée trente ans plus tard et lors de cette opération, vingt-trois édifices importants furent reconstruits dans un autre matériau pour bien indiquer l’étape ultérieure dans la vie de la maquette.

L’accès à la nouvelle présentation des Plans-Reliefs est gratuite le week-end des 16 et 17 mars. Pour plus de renseignements, voir www.pba-lille.fr