Je trouve que le néerlandais est une belle langue
Une nouvelle branche pousse à l’arbre des Sections internationales en France. Nous pouvons l’admirer depuis septembre 2018 dans trois établissements : à l’école Anne Frank – Jean Moulin (Halluin), au collège Lili Keller Rosenberg (Halluin) et au Lycée Gambetta (Tourcoing).
Dans certains écoles en France existent des Sections internationales (SI) pour des langues/pays spécifiques, à l’intention des locuteurs natifs aussi bien que des élèves francophones qui souhaitent approfondir leurs capacités dans une langue étrangère particulière. Le néerlandais, par exemple, pour ceux qui voudraient travailler en Flandres ou ceux qui auraient de la famille aux Pays-Bas.
À la maison, je parle parfois néerlandais avec mon père qui est né aux Pays-Bas. Je comprends plus que je ne sais dire. Grâce aux cours, j’améliore mon expression orale et écrite. Et j’aime bien apprendre plein de choses sur l’histoire des Flandres et sur la culture du pays de ma famille. – Flavie Groot (Lycée Gambetta, Tourcoing)
Une SI est basée sur un accord bilatéral entre la France et le pays partenaire ou un institut mandaté. L’enseignement offert suit les programmes français, tout en y intégrant des éléments de la culture cible. Il s’étend du primaire jusqu’à la classe de Terminale, où les élèves présentent un baccalauréat spécifique: l’OIB (Option Internationale du Baccalauréat). La version néerlandaise de ce diplôme est reconnue par les inspections flamande et néerlandaise comme étant suffisante pour continuer ses études supérieures dans un institut néerlandophone sans devoir passer d’épreuves supplémentaires.
Jusqu’à mes onze ans, j’ai habité aux Pays-Bas, donc je parle déjà bien le néerlandais. Les cours de la Section internationale sont très intéressants. Je lis les romans pour mon plaisir, et aussi pour apprendre plus sur l’histoire, la culture et les gens. - Nafissatou Camara (Lycée Gambetta, Tourcoing)
Le programme
Par semaine, les élèves du primaire ont une demi-heure de cours de langue, plus une heure et demie dans une matière dans la langue cible en alternant le calcul, la citoyenneté, les arts, les sciences et l’histoire-géographie.
Dans le secondaire, le néerlandais en SI est automatiquement la première langue vivante, à côté de l’anglais, à raison de trois heures par semaine en moyenne. De plus, les élèves suivent des cours d’histoire-géographie en néerlandais (deux heures par semaine), pendant lesquels l’enseignant suit le programme français tout en choisissant des exemples dans l’aire néerlandophone. Quatre heures par semaine, enfin, sont dédiées à l’étude de la littérature néerlandophone. Ainsi les collégiens entrent en contact avec les contes de fées, des bd, des chansons, de la littérature de jeunesse et de la poésie simple.
J’ai appris le néerlandais au collège Nadaud de Wattrelos et je trouve que c’est une belle langue Plus tard, je chercherai peut-être du travail en Flandres, parce qu’il y a moins de chômage là-bas que chez nous. C’est pourquoi je voudrais me perfectionner dans la langue. Ines Saitovski (Lycée Gambetta, Tourcoing)
Au lycée les élèves feront le pas vers des films et de la littérature pour adultes. Lors de cette dernière phase, on porte aussi l’attention sur les textes argumentatifs ainsi qu’à l’histoire de la littérature. Enfin, les élèves constituent un dossier de lecture de douze romans qu’ils peuvent choisir parmi ceux disponibles dans la bibliothèque du lycée.
Le commencement
L’idée de la Section internationale néerlandaise a germé dans l’esprit de Pierre Piens, le principal du collège Robert-Schuman d’Halluin, récemment rebaptisé collège Lili Keller Rosenberg depuis son déménagement vers des locaux neufs. Monsieur Piens souhaitait donner une place prépondérante au néerlandais, parce qu’il constatait que le chômage de l’autre côté de la frontière (linguistique) était beaucoup moins élevé que du côté français. Bien que l’établissement soit situé à moins d’un kilomètre de Menen, relativement peu de parents d’élèves travaillent en Flandre. Il a alors décidé de monter un projet avec le lycée Gambetta de Tourcoing où une bonne partie des élèves apprenant le néerlandais continuent leur scolarité, et qui dispose d’un internat en centre-ville.
Deux collègues recrutées en renfort doublent l’effectif d’enseignants de néerlandais : l’une pour enseigner au lycée, l’autre pour l’histoire-géographie dans les deux établissements secondaires. Pour l’école primaire, le rectorat détache un instituteur parlant le néerlandais et ayant déjà enseigné en Flandre.
Afin de répandre la bonne nouvelle et en vue du futur recrutement d’élèves, l’équipe enseignante se présente dans des messages vidéos. Elle organise des soirées d’information à l’intention des parents et enfants intéressés, puis visite les établissements du bassin proposant déjà le néerlandais.
Entretemps les bibliothèques se garnissent d’ouvrages. Au lycée Gambetta on atteint rapidement les 200 titres de livres A1/A2, de littérature de jeunesse, de recueils d’histoires courtes, de romans modernes et de poésie.
J’aime lire, surtout les histoires fantastiques pleines de suspense. Je n’ai pas peur de romans plus longs. Lire nous ouvre d’autres mondes. En cours, je découvre de nouveaux auteurs ; les techniques narratives et la dimension psychologique des personnages m’intéressent également. Anouk den Os (Lycée Gambetta, Tourcoing)
Evidemment, des relations intensives avec les pays néerlandophones sont au cœur d’une SI, et c’est pourquoi les établissements ont cherché des partenaires pour monter des échanges. La coopération avec le Erfgooiers College de Huizen a malheureusement dû être abandonnée récemment, mais l’an prochain – si les conditions sanitaires le permettent, bien sûr – elle sera remplacée par un nouveau projet Erasmus+ qui a été déposé.
L’avenir
Le recrutement de nouveaux élèves à l’école et au collège est satisfaisant. Au lycée, par contre, seuls quelques élèves se sont inscrits – il nous faut attendre qu’arrivent ceux du collège d’Halluin.
Pour le néerlandais, la première Section internationale publique (et donc gratuite) a ouvert ses portes en septembre 2018. Que le nom soit SI «néerlandaise», et non pas «flamande» ou «néerlandophone», est dû à un accord bilatéral entre la France et les Pays-Bas. Ce qui ne veut pas dire que la Flandre ne jouent aucun rôle. L’inspection éducative flamande accompagne depuis des années les deux autres SI néerlandaises de Ferney-Voltaire (près de Genève) et de Saint-Germain-en-Laye (à l’ouest de Paris), et suivent aussi le projet à Halluin-Tourcoing.
La nouvelle section se focalise principalement sur des jeunes francophones de la région frontalière, tandis que le public des deux sections historiques consiste presque exclusivement en des élèves néerlandophones. Au vu de cette nouvelle configuration, le ministère de l’Education nationale s’est penché sur les programmes et les niveaux visés. Les textes les plus récents datent de 1986 et doivent être mis à jour rapidement.
Le programme limitatif de littérature (un roman et une œuvre poétique) n’a jamais fait l’objet d’une publication officielle. Les consultations avec les inspections partenaires sont en cours. Le nouveau programme d’histoire-géographie vient d’être publié et celui de la langue et littérature devrait paraître sous peu.
Les consultations institutionnelles (actuellement pour la plupart à distance, bien sûr) se sont accélérées: les ambassades, les inspections, Nederlandse Onderwijs Buitenland (l’équivalent néerlandais de AEFE français, qui s’occupe des lycées à l’étranger), l’Union de la langue néerlandaise et l’institut de certification CNaVT ont pris date afin d’échanger régulièrement au sujet des SI, et notamment pour clarifier les responsabilités de chacun, l’organisation du soutien, les objectifs éducatifs et les examens. Cela est plus que nécessaire au vu de la récente réforme du baccalauréat français, et de la refonte programmée des Sections internationales. L’actuelle OIB (Option Internationale du Baccalauréat) sera remplacée par un BFI (Baccalauréat Français International) qui permettra aux candidats une plus grande souplesse dans le choix des matières présentées à l’examen.