La bataille du château des Comtes
Le château des Comtes de Gand a survécu aux attaques de Vikings, à la révolution industrielle, à deux guerres mondiales, et à une révolte estudiantine. Mais, aujourd’hui, le seul château médiéval de Flandre doté d’un système de défense pratiquement intact est exposé à un nouveau danger.
© SOS Gravensteen
Cette forteresse en pierre datant de l’époque des Croisades se dresse dans le centre de Gand depuis 1180. Au XIXe siècle, des ateliers textiles ont été installés entre ses murs. En 1949, elle a été brièvement assiégée par des étudiants gantois qui protestaient contre le prix de la bière. C’est ce qu’on peut voir dans la vidéo ci-dessous faisant partie de la collection du musée Huis van Alijn.
Or la fortification est à nouveau attaquée. Cette fois-ci, la menace émane d’un plan controversé visant à créer un nouveau pavillon d’entrée et un ascenseur. Le plan a été annoncé en 2021 par le conseil municipal à la suite d’un appel d’offres. Le projet gagnant a été réalisé par un consortium temporaire composé des entreprises Sabine Okkerse, Dhooge & Meganck, Murmuur et Seghers Landschaparchitecten.
Leur idée consistait à construire un pavillon dans un petit parc à l’arrière du château des Comtes qui serait relié par un pont au rempart de la forteresse. Selon le maire libéral de Gand, Mathias De Clercq, cette modification améliorerait l’accès au château pour les personnes à mobilité réduite tout en causant un minimum de dommages à sa structure.
Néanmoins, le groupe d’action SOS Gravensteen s’oppose farouchement à ce projet. Le comité a publié une lettre ouverte en février 2021 argumentant «que l’extension prévue détonnait, qu’elle était disproportionnée et qu’elle détruisait, en outre, le précieux parc gantois de Kuip où les gens se rendent pour profiter du soleil». La lettre a été signée par 130 personnalités locales, dont le cinéaste Nic Balthasar, l’actrice Barbara Sarafian et la DJ techno Charlotte De Witte.
Le projet est toujours en cours de discussion. Certains affirment qu’il rendrait le château des Comtes plus accessible. D’autres déplorent une percée dans des remparts qui ont repoussé les envahisseurs pendant plus de 800 ans.