Fort des Dunes, Colline de Notre-Dame-de-Lorette, Bouvines… en 2022, les plats pays vous emmènent sur les lieux de bataille ou liés à la guerre qui parsèment les terres du Nord et du Pas-de-Calais. Première étape de ce parcours: la Coupole d’Helfaut près de Saint-Omer.
Un immense dôme entouré d’arbres. La Coupole, située à Helfaut à quelques encablures de Saint-Omer, est impressionnante. Et pour cause: le dôme fait 71 mètres de diamètre, la dalle de béton 5 mètres d’épaisseur! En dessous l’on trouve 7 kilomètres de tunnels!
© Flick / Clare Wilkinson
Mais à quoi pouvait bien servir un tel édifice dans une campagne audomaroise située à 50 kilomètres du littoral pendant la Seconde Guerre mondiale? Il était tout à fait à sa place. À l’époque, l’Allemagne nazie travaillait sur des missiles longue portée. Dont les V2, qui pouvaient atteindre une cible à 320 kilomètres de distance, en s’élevant à 90 kilomètres d’altitude pour une vitesse de 5 760 km/h. De quoi mettre la campagne anglaise largement à portée et même Londres, la capitale britannique, objectif de Hitler.
Deux bunkers ont en réalité été construits par l’organisation Todt, employant des prisonniers soviétiques. Le premier, celui d’Eperlecques au nord de Saint-Omer, a été endommagé rapidement par les bombardements. Le bunker d’Helfaut suit à partir d’août 1943. Mais il ne sera jamais mis en service. De janvier à juillet 1944, les Alliés le bombardent également, ralentissant les travaux sans toutefois toucher la coupole. En juillet 1944, face à l’avancée des Américains, les Allemands abandonnent leur «construction spéciale» (Sonderbauten). Aucun missile n’a fort heureusement pu être tiré d’ici.
Un musée d’histoire qui s’intéresse à l’espace
© Nicolas Montard
Longtemps à l’abandon, le site est devenu un musée à la fin des années 1990. Outre de pouvoir pénétrer dans le blockhaus via un long tunnel, le centre d’histoire permet d’aborder le passé de deux manières. Un parcours s’intéresse à la Seconde Guerre mondiale proprement dite dans le Nord de la France: l’invasion, l’exode, l’occupation, la Résistance, etc., et présente en outre un mémorial destiné aux fusillés et déportés de la région. Le second est orienté… conquête spatiale. C’est qu’à partir des missiles V2, on a réussi à marcher sur la Lune. Ces missiles étaient la base de tout ce qui est utilisé dans les vols spatiaux. Leur maître d’œuvre était d’ailleurs Werner Von Braun, un scientifique nazi… récupéré par les États-Unis et la Nasa après la défaite allemande… D’où la présence d’un Planétarium 3D adossé à la Coupole pour poursuivre la visite la tête dans les étoiles.
La Coupole a aussi été le théâtre d’un projet titanesque ces dernières années. Une équipe de bénévoles, encadrée par l’historien Laurent Thiery, a rédigé un dictionnaire consacré aux 9000 déportés français passés par le camp de Mittelbau-Dora, entre Hanovre et Leipzig en Allemagne. Ces prisonniers fabriquaient les missiles V2 dans des conditions abominables dans l’usine souterraine «Mittelwerk». Ils devaient être ensuite acheminés à Helfaut. 20 000 personnes au moins y laisseront la vie.