DaarDaar et les plats pays se sont associés pour la deuxième saison du podcast Dring Dring. Après les stéréotypes entre Flamands et Belges francophones, partez à vélo pour découvrir cinq grands dossiers qui marquent l’actualité en Flandre. Pour le cinquième et dernier épisode de cette saison, Aubry Touriel, journaliste spécialiste du nord du pays, vous emmène en Flandre-Occidentale. Il va aborder la suppression du vote obligatoire pour les élections communales et provinciales de 2024.
Une version sous-titrée du podcast est disponible au bas de cette page, pour les personnes sourdes ou malentendantes ou quiconque désirant lire les sous-titres.
La Belgique va connaître un changement démocratique fondamental en 2024: les Flamands ne seront plus obligés d’aller voter pour les élections communales et provinciales. Les citoyens du nord du pays sont-ils au courant de ce changement et sont-ils d’accord?
«Depuis qu’ils existent, les libéraux flamands se battent pour la suppression de l’obligation de vote», lance en boutade Isolde Van den Eynde, journaliste politique du quotidien Het Laatste Nieuws.
Dans la majorité au gouvernement flamand, l’Open Vld a réussi à intégrer la suppression de l’obligation de vote dans l’accord de gouvernement, avec le soutien de la N-VA. La logique des libéraux est simple: il faut laisser le libre le choix aux électeurs. De plus, même si les élections sont en théorie obligatoires, les sanctions en cas d’abstention ne suivent pas.
Le CD&V s’en mord les doigts
Isolde Van den Eynde, journaliste politique du quotidien Het Laatste Nieuws© Jef Van den Bossche
Sur les 300 communes en Flandre, le CD&V compte 107 bourgmestres. C’est le plus grand parti au niveau local. La N-VA arrive en deuxième position, elle est par ailleurs surtout présente dans la province d’Anvers.
«C’était une période très difficile pour le CD&V. Ils ont vraiment dû avaler ce point dans cet accord gouvernemental. À l’époque, c’était Wouter Beke qui était encore le président du parti. Mais son successeur Joachim Coens, lui, n’était vraiment pas pour cette idée parce que le CD&V est un parti qui a une base locale très forte», explique la journaliste politique gantoise.
Les citoyens ne sont pas demandeurs
Isolde Van den Eynde assure que c’est une question d’idéologie politique: «Ce n’est pas quelque chose que les Flamands ont demandé.»
La plupart des citoyens rencontrés lors de ce voyage en Flandre-Occidentale n’étaient pas au courant de la suppression de l’obligation de vote et y sont opposés. C’est le cas de Chantal, une sexagénaire rencontrée dans le petit village de Zuienkerke. Même si elle affiche ouvertement sa sympathie pour le parti libéral, elle plaide pour un maintien de l’obligation de vote: «Ce n’est pas acceptable, tout le monde devrait aller voter. Les gens ne peuvent pas venir se plaindre s’ils n’ont pas voté.»
Karel et Nicole, couple anversois, se balade sur la digue de Knokke.© Jef Van den Bossche
Même son de cloche pour Karel, Anversois en balade sur la digue de Knokke: «Je vote de plein gré et je continuerai à le faire même si nous ne devons pas voter.»
Impact difficile à prédire
Il est difficile de prédire l’impact exact de la suppression de l’obligation de vote en Flandre. Néanmoins, des études menées à l’étranger montrent que ce sont surtout les personnes à bas revenus et les femmes qui s’abstiennent d’aller voter.
Un groupe participe à une visite guidée du Zwin.© Jef Van den Bossche
Pour Julie, visiteuse de la réserve naturelle du Zwin : «C’est dangereux. Il est évident que ceux qui ont une opinion bien arrêtée vont aller voter. Les électeurs du Vlaams Belang vont voter de toute façon.»
D’après Isolde Van den Eynde, les médias risquent d’accorder moins d’attention aux élections communales en raison du calendrier électoral. Les élections nationales, régionales et européennes auront lieu en mai 2024 et les élections locales en octobre 2024. «Les débats locaux ne vont pas être très présents dans les médias, car il y aura les formations des gouvernements. Je me demande quand la campagne locale va pouvoir accélérer et va nous toucher.»
Mais la question qu’elle se pose surtout : «Va-t-on avoir une meilleure démocratie après?»
Vue sur la réserve naturelle du Zwin© Jef Van den Bossche
Ces histoires vous intriguent ? Retrouvez-en plein d’autres dans cet épisode de Dring Dring, le podcast qui vous fait découvrir la Flandre à vélo. Cet article est issu du dernier épisode de la deuxième saison. Vous avez raté les autres épisodes ? Pas de panique. Vous pouvez retrouver toutes nos aventures ici.
Projet soutenu par le Fonds pour le journalisme et la Fédération Wallonie-Bruxelles et coproduit DaarDaar et les plats pays.
Quelques photos prises en Flandre-Occidentale
Un guide du Zwin montre les plumes d’un oiseau pour déterminer son sexe et son âge.© Jef Van den Bossche
À gauche: Deux amies se prélassent sous les rayons du soleil sur la plage à Knokke. À droite: Façade d’une maison à Knokke© Jef Van den Bossche
Sonia et Ricky sont les patrons du café Boldershof à Zuienkerke.© Jef Van den Bossche
À gauche: Un homme est assis sur un banc à Lissewege. À droite: Julie et Bram viennent de manger en terrasse à la cafétaria du Zwin.© Jef Van den Bossche
