Ces dernières semaines, de nombreux cyclistes ont circulé dans la campagne flamande ou wallonne. Et voilà que la crise du coronavirus a fait aussi découvrir aux Français la pratique du vélo. Les pouvoirs publics se sont engouffrés dans la brèche : des voies ont été fermées aux véhicules à moteur et attribuées au vélo. Mais combien de temps durera ce succès ?
Les cyclistes de Flandre et de Wallonie picarde n’ont plus rien à apprendre en matière de points-nœuds. Le cycliste de loisirs se déplace aisément d’un point à un autre sans avoir à se préoccuper de la carte ou de la navigation. Il suffit d’établir son itinéraire, de noter les numéros et de partir. Au fur et à mesure que la période de corona se prolongeait et que les températures montaient, il y a eu davantage de monde aux points-nœuds.
© Dirk Van Assche
N’oublions pas que les déplacements à vélo entre le domicile et le lieu de travail augmentent depuis quelques années, sans parler du coup de pouce récent donné par le Covid 19 à cette tendance. Certes, la météo y a contribué, mais les automobilistes pris régulièrement dans les embouteillages se sont demandé ces derniers temps s’il ne valait pas mieux recevoir à la fois une indemnité kilométrique et une bouffée d’air frais. En toute sécurité et sans l’obligation de porter un masque comme c’est actuellement le cas dans les transports en commun.
Le vélo électrique permet en plus de parcourir de plus grandes distances. Selon le Fietsberaad, l’observatoire flamand du vélo, la moitié des bicyclettes vendues en Belgique sont déjà équipées d’une batterie. Le taux d’utilisation de la voiture pour les déplacements personnels a baissé ces dernières années en Flandre, mais reste élevé : 65 %. La part modale du vélo a augmenté pour passer à 15,5 %. Les navetteurs flamands effectuant le trajet domicile-lieu de travail à vélo représente même 17 %.
Non, la Belgique n’a pas rattrapé les Pays-Bas, mais elle va dans la bonne direction.
Plus de place au vélo
Et cet engouement s’empare aussi de la France. Le pays du Tour, le pays des coureurs et où il fait beau temps, mais aussi le pays où les gens sont attachés à leur voiture, pas seulement en pleine campagne, mais aussi en milieu urbain.
© Bart Noels
«Je constate qu’on ne roule pas beaucoup à vélo dans notre région. La réflexion sur la mobilité doit encore être développée ici. Des initiatives sont déjà en préparation, ce qui est encourageant. On roule désormais plus à vélo qu’auparavant. La France a même un plan vélo. Nous voulons que la petite reine retrouve une place en ville.» Ainsi s’exprime André Decoster, de Roubaix, qui a lancé en 2017 le Busabiclou, un service de réparation et atelier vélo dans un bus transformé qui sillonne la métropole lilloise. Son initiative vise à supprimer un des obstacles à la pratique du vélo : on ne peut pas rouler avec un vélo hors d’état. «Notre objectif est que les gens effectuent les réparations eux-mêmes. Et puis, nous ne concurrençons pas les ateliers de réparation de vélos. Avant, il y avait 27 ateliers de réparation de vélos à Roubaix. Le dernier survivant a mis la clé sous le paillasson l’année passée. Et pour le reste, il y a Decathlon.» Mais il semble bien que les choses soient en train de bouger. Les Français ont droit à une prime quand ils achètent un vélo et les ateliers poussent comme des champignons.
© Bart Noels
Et puis il y a l’infrastructure routière française. Faire du vélo dans la métropole permet de témoigner de situations inacceptables, de l’existence de pistes cyclables meurtrières et du comportement sans gêne des automobilistes. À Lille, heureusement, il existe depuis quelques années de meilleures voies de circulation pour les cyclistes, en raison notamment de l’introduction du système de vélos partagés V’Lille, qui a exigé une amélioration des infrastructures.
Mais durant le déconfinement, la Métropole européenne de Lille a mis le grand braquet et aménagé plus de douze kilomètres de pistes cyclables supplémentaires. Celles-ci sont prises en partie sur les voies de circulation routière existantes et accordent la priorité aux vélos. Dans des dizaines de rues, un itinéraire cyclable a été aménagé, avec priorité aux cyclistes sur les automobilistes. Du jamais-vu en France et un signal fort pour les candidats cyclistes. Le directeur du département mobilité à la MEL rappelle qu’avant la crise moins de 2 % des déplacements quotidiens étaient effectués à vélo. L’objectif est de parvenir à 10 % d’ici dix ans.
© Bart Noels
Le potentiel est là. La population du nord de la France est jeune et travaille souvent près de son domicile. 60 % des trajets réalisés par les métropolitains font moins de trois kilomètres, soit moins de quinze minutes à vélo.
Et si l’envie vous prend, vous pouvez filer jusqu’au-delà d’Armentières. Là où a été ouvert, l’année dernière, le premier réseau points-nœuds de France. Avec une superbe vue sur les collines du Westhoek et de la Flandre française.