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littérature

La liberté d’être soi-même: les auteurs de livres jeunesse aux Pays-Bas et en Flandre

Par Mirjam Noorduijn, traduit par Noëlle Michel
19 mars 2019 13 min. temps de lecture

Le moins que l’on puisse dire des livres de jeunesse aux Pays-Bas et en Flandre est qu’il sont très variés et souvent novateurs, tant par le contenu que par la forme. De temps à autre, un étonnant parallèle peut être fait avec des livres français.

Jamais deux sans trois, dit le proverbe. Il s’applique en tout cas à l’année 2018 en matière de livres pour enfants néerlandophones: le prestigieux prix Theo Thijssen, décerné tous les trois ans, a été remis à un auteur de non-fiction, un nouveau prix a vu le jour pour récompenser les illustrations dans les ouvrages de non-fiction, et une illustratrice bien connue a écrit un premier roman que l’on peut déjà considérer comme un classique. Trois événements singuliers et marquants, qui témoignent d’une volonté profonde et sincère de la part des auteurs néerlandophones de livres pour enfants d’explorer, voire de repousser les frontières du genre. Non pas par provocation, mais plutôt parce qu’ils souhaitent créer en toute liberté.

La remise du prix
Theo Thijssen à Bibi Dumon Tak marque incontestablement un grand
tournant dans l’histoire de la littérature (jeunesse) d’expression
néerlandaise. Pour la première fois, ce prix de consécration
(60 000 euros) a été décerné à une auteure de la catégorie
que le monde littéraire a pour habitude de nommer la «non-fiction
(jeunesse)». Le livre éducatif pour enfants montre ainsi qu’il a
définitivement dépassé le stade du simple exposé pour atteindre
sa pleine maturité.

Comme pour la littérature adulte
néerlandophone, peu importe si la non-fiction jeunesse s’intéresse
à des faits ou à de la fiction, ou si l’histoire qu’elle
raconte est réellement arrivée ou non. Au fond, ces considérations
sont dénuées d’intérêt. «Je veux mettre au jour ce qui est
caché», explique Bibi Dumon Tak lors d’une interview, alléguant
que la poésie se dissimule partout. Une attitude qui – le jeu de
mots aidant – «fait du poète ou dichter quelqu’un de plus
proche
de la réalité». Sur le fond, elle se limite aux faits.
En revanche, elle
s’autorise à choisir tous types de formes, allant de portraits
(d’animaux) miniatures à de brefs reportages en images, et même
un authentique recueil de poèmes (sur les artiodactyles), dans
lequel chaque poésie se présente sous un aspect différent, en
fonction de l’animal auquel elle rend honneur.

Une conception visuelle esthétique

Outre la forme linguistique, l’aspect visuel de la non-fiction jeunesse se fait de plus en plus artistique. Ce constat vaut même pour les Pays-Bas, où la tradition calviniste n’accorde pourtant de longue date à l’image et à l’apparence qu’un statut inférieur à celui des mots. À l’instar de leurs voisins du Sud, dont les conceptions graphiques se distinguent depuis longtemps sur le plan international, les Néerlandais s’évertuent de plus en plus à créer de beaux livres éducatifs pour enfants.

De nombreux détails visuels sont désormais à la mode dans les Plats Pays comme ailleurs, ainsi qu’en témoignent les reliures en toile, l’utilisation de pop-ups et de pages dépliantes, la variation des techniques graphiques et le choix de formats spéciaux qui caractérisent l’œuvre de «conteurs visuels» comme la Française Joëlle Jolivet (connue pour son Zoo logique et ses linogravures colorées aux épais contours noirs) ou encore Blexbolex, qui s’inspire de graphismes des années 1950 et 1960 (et qui a remporté le «prix du plus beau livre du monde» en 2009 avec son Imagier des gens).

Citons par
exemple le cas de la «bande dessinée pour bébés», comme Judith
Vanistendael qualifie son livre Blokje om (Drôle de cube,
2018), qu’elle a créé à l’aide d’un risographe. C’est pour
se renouveler que la dessinatrice de BD et illustratrice flamande a
choisi d’utiliser cette technique, qui est en principe destinée à
l’impression d’art. Ses expérimentations en matière de
conception visuelle ont fait naître un jeu inattendu entre des
formes géométriques changeantes (un carré jaune devient un cercle,
qui se transforme à son tour en tête, puis en théière, etc.): un
résultat à la fois imaginatif et instructif, basé sur l’idée
que la simplicité fait honneur au livre.

Cet ouvrage est,
dans une certaine mesure, comparable à Ré-créatures (2011),
un album à la conception graphique intelligente, dans lequel
l’auteure-illustratrice Marie-Laure Crushi, alias Crushiform, vous
donne la possibilité de créer un nombre infini de monstres
différents à partir de formes géométriques. Des titres destinés
à des enfants plus grands se font eux aussi remarquer grâce à leur
aspect esthétique.

C’est notamment le cas du Mystère de la vie
(2016) – le livre sur l’évolution conçu par l’auteur
de non-fiction Jan Paul Schutten et l’illustratrice talentueuse et
originale Floor Rieder -, du bel ouvrage Rivieren (Fleuves,
2018), dans lequel l’illustrateur Peter Goes nous fait découvrir
les cours d’eau du monde sur des pages couvertes de dessins de bord
à bord, ou encore De Zweetvoetenman (L’homme qui
transpirait des pieds, 2017) d’Annet Huizing. Ce dernier livre, qui
explique le système juridique néerlandais et le principe de la
démocratie, montre à quel point une conception graphique
soigneusement réfléchie peut s’avérer éclairante. Les pages
dépliantes, les illustrations humoristiques, les dialogues grand
format et les bulles d’information – tous conçus et réalisés par
Margot Westermann – contribuent indéniablement à la lisibilité de
l’ouvrage.

Un prix d’illustration pour la non-fiction

La grande qualité de la littérature néerlandophone de non-fiction pour enfants, tant sur le plan du texte que sur celui de l’image, a abouti l’an dernier à la création d’une nouvelle récompense, le Zilveren Penseel (Pinceau d’argent) pour la catégorie éducative. Ce prix vient compléter le Zilveren Griffel (Crayon d’argent), sorte d’oscar de la littérature enfantine.

Ce n’est pas tout à fait un hasard si, sur un total de huit nominations dans les quatre catégories que compte le prix Penseel, l’or a été décerné à un ouvrage de non-fiction: un nouveau jalon dans l’histoire de la littérature jeunesse de langue néerlandaise, tout comme le prix Theo Thijssen de Bibi Dumon Tak. Dans Fabeldieren (Animaux fabuleux, 2018), Floortje Zwigtman (connue pour sa trilogie jeunesse Een groene bloem (Une fleur verte) qu’elle situe à Londres à l’époque victorienne), décrit des créatures mythologiques comme le griffon, le phénix, la licorne, le loup-garou, etc.

Le jeune dessinateur Ludwig Volbeda a réalisé des illustrations spectaculaires des différents animaux. Sa méthode de travail tout en subtilité et en minutie, son tracé délicat et l’utilisation de couleurs chaudes conviennent parfaitement à la représentation de cette petite centaine de créatures de fable. En outre, pour reprendre les paroles du jury du prix Penseel, ils donnent un «caractère fantastique et somptueux à tous les égards» à ce livre aux dimensions généreuses, dont la couverture est ornée d’une impressionnante tête de dragon, assortie d’un titre en lettres dorées.

De jeunes illustrateurs de talent

Étonnamment, Fabeldieren n’est que le troisième livre de Volbeda, qui est considéré comme un nouveau dessinateur talentueux. Il s’est déjà attiré un concert d’éloges pour ses illustrations fourmillant de détails du roman jeunesse de Benny Lindelauf, Hoe Tortot zijn vissenhart verloor (Comment Tortot le poisson perdit son cœur, 2018), un récit empreint de réalisme magique sur le thème de la guerre et de l’amitié.

Son premier album De vogels (Les Oiseaux, 2016), réalisé avec l’artiste polyvalent Ted van Lieshout, a remporté en 2017 le Grand Prix de Bratislava, qui récompense tous les deux ans un illustrateur international. En outre, il est l’un des plus jeunes lauréats du prix Gouden Penseel (Pinceau d’or). Seule Joke van Leeuwen, l’artiste multiforme qui a célébré ses quarante ans de carrière en 2018, l’a précédé. Elle aussi avait vingt-huit ans lorsqu’elle a reçu ce prix d’illustration en 1980.

C'est bien la créativité sans limites qui constitue actuellement la force et l'essence de la littérature jeunesse en Flandre et aux Pays-Bas

En outre, il
convient de noter qu’en 2017 la Gulden Palet (Palette
d’or), qui récompense le meilleur livre pour enfants illustré par
une personne qui n’est pas de nationalité néerlandaise, a été
attribuée à un illustrateur aussi jeune que Ludwig Voldeba. Avec
son album muet Circusnacht (Une Nuit au cirque, 2016), le
Flamand Mattias De Leeuw a fait la démonstration de son talent, qui
s’est épanoui à la vitesse de l’éclair depuis son premier
ouvrage, À pas de géant (2012). Tout comme
Volbeda, il se distingue par un style très personnel. Ses traits
spontanés et gracieux, associés à des couleurs fraîches, donnent
à ses images un caractère dynamique, mis en valeur par le grand
format sur lequel il travaille généralement. Pour réaliser les
détails parfois minuscules, il utilise une plume. Il incorpore ainsi
de nombreuses plaisanteries et historiettes dans son œuvre.

Donner de l’espace à l’art

Comme Korneel Detailleur, Anton Van Hertbruggen, Alain Verster ou Kaatje Vermeire, Mattias De Leeuw appartient à une nouvelle génération d’illustrateurs flamands qui se distinguent par leur approche à la fois originale et créative, marchant sur les traces de célèbres artistes tels que Carll Cneut, Gerda Dendooven, Ingrid Godon et Klaas Verplancke. Eux aussi s’aventurent sur la frontière fascinante entre illustration et art autonome. Leur œuvre témoigne aussi de leur audace.

Ainsi, les images empreintes de nostalgie d’Alain Verster dans Ik zie jou, zie jij mij (Je te vois, me vois-tu, 2015; texte de Siska Goeminne) sont autant de petits tableaux que l’on pourrait accrocher au mur. Il en va de même pour les illustrations évocatrices de Het hondje dat Nino niet had (Le chien que Nino n’avait pas, 2013), le premier album très apprécié de Van Hertbruggen, dont le texte a été écrit par Edward van de Vendel, homme de lettres néerlandais patenté et polyvalent. Les illustrations paysagères pleines de sensibilité, à la composition audacieuse et aux couleurs terrestres chaudes, forment la base de ce récit onirique qui met en scène un garçon solitaire et son chien imaginaire. Ce livre aussi est en grand format: l’art a besoin d’espace.

Morale libérale

Tandis que les illustrateurs flamands s’orientent de plus en plus vers l’art autonome, leurs voisins du Nord s’appliquent à briser les tabous. La morale libérale qui prévaut aux Pays-Bas se reflète dans le monde du livre jeunesse, y compris dans les albums. Koning & Koning (Roi et Roi, 2000) de Linda de Haan et Stern Nijland, par exemple, traite de l’homosexualité avec subtilité. La force de l’histoire réside dans le fait qu’elle se lit comme un conte de fées ordinaire: une vieille reine décide de marier son fils, afin qu’il la remplace sur le trône.

Cependant, aucune
princesse ne semble convenir, jusqu’à ce qu’un beau prince fasse
son apparition. Avec la même délicatesse, Het lammetje dat een
varken is
(L’agneau qui est en fait un cochon, 2017) – le
premier livre de Pim Lammers, illustré par Milja Praagman – est une
parabole animalière sur la transsexualité. L’agneau de cette
histoire ne rêve que de se rouler dans la boue. Le fermier trouve ce
comportement étrange et l’emmène chez le vétérinaire. Celui-ci
tond sa toison, faisant apparaître, comme par enchantement, une peau
rose comme celle d’un cochon. Une histoire innocente, car elle
traite d’un principe universel, celui de pouvoir être soi-même.
Toutefois, les détails renvoient incontestablement à ce que peuvent
ressentir des personnes transgenres.

Volonté d’expérimentation

S’autoriser à être soi-même: telle est la tendance que l’on retrouve dans la littérature jeunesse en Flandre et aux Pays-Bas. De nombreux écrivains et illustrateurs adoptent une démarche libre et créative, ce qui se traduit par l’apparition ces dernières années de livres de plus en plus audacieux, en mots comme en images. Grâce aux expérimentations en matière de genre, composition, style et thème, la littérature jeunesse néerlandophone jouit d’une grande considération sur la scène internationale, où elle rejoint les pays scandinaves dans l’avant-garde de la littérature jeunesse européenne contemporaine. Par exemple, les poèmes illustrés d’Edward van de Vendel et Floor de Goede, que le monde a découverts il y a une dizaine d’années, sont uniques: il s’agit d’un nouveau genre, qui parvient à rendre la poésie pour enfants accessible, tout en la présentant de manière très inventive.

Les recueils de poèmes du duo formé par Bette Westera et Sylvia Weve sont tout aussi spéciaux. Aan de kant, ik ben je oma niet! (Dégage, je ne suis pas ta grand-mère! 2012) est une sorte de «maison de retraite de papier» où l’on apprend que les vieux ont été jeunes un jour, tandis que Doodgewoon (Tous mortels, 2014) s’applique à bousculer les tabous. Dans ces deux recueils, les auteures nous montrent comment savoir-faire et imagination peuvent servir à créer des livres originaux, qui réunissent malicieusement forme, éthique et esthétique, émotion et humour, ainsi qu’une critique sociale audacieuse. L’évolution de Ted van Lieshout est également tout à fait particulière. Sa façon de jouer avec le langage, l’image et la forme ne connaît pas d’équivalent, ce qui fait de lui un artiste au vrai sens du terme.

Son dernier
ouvrage, Ze gaan er met je neus van door (Ils partiront avec
ton nez) est un modèle d’art typographique sensoriel né d’un
désir d’expérimentation, dans lequel chaque détail – la mise en
forme, la mise en pages par blocs, les espaces blancs et la taille,
l’épaisseur et la position des lettres – contribue à la
signification de l’histoire, qui évoque l’absurdité de la
guerre et le pouvoir salutaire de la poésie.

Comme la génération dorée

Ce dernier auteur appartient à la génération dorée d’auteurs de livres pour enfants dont font également partie Imme Dros, Joke van Leeuwen, Bart Moeyaert, Anne Provoost et Toon Tellegen: des conteurs originaux qui, insensibles à la notion de public cible, osent jusqu’à aujourd’hui donner libre cours au langage comme à leur imagination. Ils ont en quelque sorte ouvert la voie aux nouveaux écrivains talentueux comme Simon van der Geest, Gideon Samson, Anna Woltz et Evelien de Vlieger, qui, en écrivant sans se fixer de limites, ne le cèdent en rien à la vieille garde. Eux aussi sont convaincus que la littérature pour enfants et adultes provient d’une seule et même source. Ainsi, Gideon Samson a expliqué lors de différentes interviews qu’il ne se soucie pas de son public lorsqu’il écrit; les livres pour enfants sont pour lui un moyen d’expression artistique. Selon lui, «si un livre pour enfants ne plaît pas aux adultes, il n’est pas réussi». Anna Woltz tient le même genre de propos. Elle souhaite «faire lire aux enfants, sans avoir l’air d’y toucher, de bons livres». Des livres «que les enfants puissent comprendre, mais que les adultes trouvent magnifiquement bien écrits».

L’écriture est un miracle

C’est bien un miracle qui se produit avec Lampje (Loupiote), l’éblouissant premier roman écrit par l’illustratrice Annet Schaap qui, comme le personnage principal éponyme de son histoire, a fini par oser céder à son profond désir d’écrire. La parution de Lampje marque un tournant non seulement dans l’existence d’Annet Schaap, mais aussi dans le monde de la littérature jeunesse néerlandophone: jamais encore un premier livre n’avait remporté à la fois le prix Nienke van Hichtum, le prix Woutertje Pieterse et le Gouden Griffel (trois distinctions littéraires prestigieuses). Un remarquable triplé pour le fabuleux récit d’Annet Schaap, qui raconte les aventures d’une courageuse fille de gardien de phare, d’un extraordinaire fils de sirène et de leur lutte pour la liberté et l’individualité, dans une langue qui nous propulse en avant et ondule comme la mer.

Voilà qui
confirme le proverbe «jamais deux sans trois», tout en symbolisant
la bravoure avec laquelle œuvrent les auteurs de livres pour enfants
de la génération actuelle en Flandre et aux Pays-Bas. Churchill a
déclaré un jour: «La première qualité que l’on doit avoir est
l’audace.» Il avait raison. Pratiquer l’art requiert d’abord
et avant tout de l’audace. C’est par là que tout commence.

Du reste,
l’arrivée en fanfare de Lampje dans le monde de la
littérature jeunesse rappelle celle de Tobie Lolness. Le
premier roman de Timothée de Fombelle, paru en 2006, a gagné une
vingtaine de prix et, dans la foulée, conquis le monde entier depuis
la France. Coïncidence ou non, cette fantastique déferlante doit,
elle aussi, beaucoup à l’art classique du conte, qui repose sur la
force de l’imagination et sur l’idée que «tout ce que vous
pouvez inventer est vrai, parce que cela vient de vous», pour
reprendre les propos de Tonke Dragt.

La jeune
«Loupiote» a bien raison d’affirmer que l’écriture est un
miracle. Elle l’est, c’est certain: Lampje nous apporte la
lumière, au sens propre comme au figuré, comme toutes les bonnes
histoires authentiques. Elle libère ce qu’il y a de meilleur en
chacun de nous. Pourtant, elle dit aussi: «Je n’appartiens à
personne d’autre qu’à moi-même, je suis différente.» C’est
précisément cette individualité émanant d’une créativité sans
limites qui constitue actuellement la force et l’essence de la
littérature jeunesse en Flandre et aux Pays-Bas.

MN

Mirjam Noorduijn

journaliste et critique littéraire

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