Poétesse et archéologue, Esther Jansma (° 1958) est l’une des voix contemporaines les plus importantes de la poésie néerlandophone. Son œuvre poétique, largement influencée par des faits autobiographiques, a été récompensée de plusieurs prix. Son poème «Het huis» (La maison) a été publié dans le recueil Alles is nieuw, De Arbeiderspers, Amsterdam, 2005.
© De Arbeiderspers
La maison
Les bruits sont à mes oreilles, les portes
sont à mes mains, les pierres rouges
à mes yeux, les planchers à mes filles
et les plafonds à mes fils et inversement
tout cela est à moi, je vis comme je dors
entre les cloisons rassurantes de ma respiration
jusqu’à ce que le vent secoue les murs, oublie
les pierres avec mon regard, puis s’apaise.
Ce sera un autre vent qui soufflera par la maison.
Peut-être y seras-tu encore, peut-être pas.
Ce sera un autre vent.
Une femme a une maison, les bruits sont
à ses oreilles, les portes sont à ses mains
mais ce n’est pas moi. Nous ne sommes pas là.
Het huis
De geluiden zijn van mijn oren, de deuren
zijn van mijn handen, de rode stenen
van mijn ogen, de vloeren van mijn dochters
en de zolders van mijn zonen en omgekeerd
het is allemaal van mij, ik leef zoals ik slaap
tussen de veilige wanden van mijn ademhaling
tot de wind de muren opschudt, met mijn blik
de stenen vergeet en gaat liggen.
Het zal een andere wind zijn die waait door het huis.
Misschien ben jij er nog, misschien ook niet.
Het zal een andere wind zijn.
Iemand heeft een huis, de geluiden zijn
van haar oren, de deuren zijn van haar handen
maar ik ben het niet. Wij zijn daar niet.