Une traversée de la poésie de Cees Nooteboom en compagnie de Philippe Noble
En Flandre, nous parlons d’objets perdus. Aux Pays-Bas, ce sont des objets trouvés. Et si, en ces temps étranges, nous faisions vraiment de la perte une trouvaille? Prenez par exemple les archives de «Ons Erfdeel vzw». On peut très bien y pêcher chaque semaine une pièce intéressante. Sans même qu’elle ait nécessairement un rapport avec le coronavirus. Une pièce, tout simplement, qui nous ouvre une nouvelle perspective sur les choses ou qui, après quelques années, acquiert une signification nouvelle. Bref, un objet trouvé.
Philippe Noble (°1949), grand traducteur, présente dans cet article la poésie de l’écrivain néerlandais Cees Nooteboom, peu connue dans la francophonie. L’écrivain est surtout connu pour ses romans et nouvelles, mais il écrit aussi des poèmes depuis plus de soixante ans. Noble caractérise la poésie de ce voyageur expérimenté d’expression d’un «nomadisme méditatif». Le poète appartient au groupe des poètes «qui, pour créer, ont besoin de s’appuyer sur une tradition, une culture». Nooteboom est sans aucun doute un poeta doctus, son œuvre est pétrie d’intertextualité», mais «l’érudition fabuleuse de l’écrivain laisse intactes la fraîcheur de son inspiration et l’ingénuité de ses trouvailles langagières.»
© Philippe Noble
Noble est le traducteur exclusif des écrits de Nooteboom en français. Dans cet essai, il annonce l’anthologie d’environ deux cents poèmes que publierait Actes Sud en 2016. Et qu’il a lui-même traduit, bien sûr. Il en propose déjà 5 dans cet essai.
Philippe Noble a étudié les langues classiques, le français et le néerlandais à Paris et à Amsterdam et il a été, entre autres, maître de conférence au Département de néerlandais de la Sorbonne, directeur de la maison Descartes à Amsterdam, attaché culturel à Gand et chef du département de l’ambassade française à La Haye et à Vienne. Il est directeur de la collection «Lettres néerlandophones» aux éditions Actes Sud. Philippe Noble a depuis 1980 une impressionnante œuvre de traduction à son nom avec près de quarante titres. Ainsi a-t-il traduit, entre autres, J. Bernlef, Anne Frank, Arnon Grunberg, Oek de Jong, Etty Hillesum, Harry Mulisch, Multatuli, E. du Perron, P.F. Thomése, David Van Reybrouck et Leon de Winter.
© Dutch Foundation for Literature
En 1981, il a reçu le prestigieux prix Martinus Nijhoff pour sa traduction de Pays d’origine de E. du Perron. En 2005, il a été le premier lauréat du prix des Phares du Nord. Pendant des années, il a été rédacteur de Septentrion, pour lequel il a écrit de nombreux articles, et il reste un conseiller apprécié du magazine
Tolle et lege