Tous les deux mois, Hans Vanacker pose un regard personnel sur Septentrion et tire des archives du magazine des textes qui entrent en résonance avec l’actualité. Pendant la campagne électorale des récentes élections communales en Belgique, la mobilité s’est imposée comme l’un des enjeux majeurs. Il y a vingt ans, les Pays-Bas cherchaient déjà à faciliter la circulation, quel que soit le mode de transport adopté.
Récemment, des élections municipales ont eu lieu en Belgique. L’un des thèmes les plus fréquemment abordés lors de la campagne électorale, surtout dans les villes de moyenne et grande taille, a été la politique de mobilité. Il s’agissait souvent de l’interdiction de la circulation automobile dans le centre-ville, mais aussi de l’accessibilité, des transports publics abordables et ponctuels, de la sécurité routière, etc. Des questions qui peuvent faire l’objet de vifs débats et qui suscitent souvent des avis diamétralement opposés.
© Lennart Schulz / Unsplash
Quelques débats m’ont fait spontanément penser à un article de Pieter Leroy paru dans Septentrion en 2002. Pieter Leroy, alors professeur à l’université Radboud de Nimègue, est l’un des meilleurs auteurs avec qui j’ai eu l’honneur de collaborer. J’ai souvent admiré la clarté avec laquelle il parvient à éclairer un sujet compliqué et à résoudre des problèmes complexes.
L’article auquel je souhaite faire référence concerne la politique de mobilité aux Pays-Bas. Il est très intéressant de regarder ce texte avec nos yeux de 2024. Comment la mobilité était-elle perçue à l’époque? Qu’est-ce qui a été réalisé, qu’est-ce qui ne l’a pas été? Comment les opinions générales sur la question ont-elles évolué? Plus de vingt ans se sont écoulés, mais la lecture reste passionnante!
La circulation aux Pays-Bas: le prix de l’accessibilité
Nul doute que vous ne connaissiez ces surprenantes petites cartes de la France où sont indiquées non pas les distances géographiques mais les distances temporelles. Ayant le plus souvent Paris comme point central, elles montrent à quel point Lyon, Bordeaux et Brest sont devenues «proches», en grande partie grâce au TGV. L’hexagone français y apparait très déformé et, si certaines destinations se sont rapprochées, d’autres se sont éloignées en temps. Pas de gain sans perte …
Aux Pays-Bas, des cartes similaires auraient un aspect inverse. Comparés à la France, les Pays-Bas forment un petit pays où les distances temporelles se sont allongées plutôt que raccourcies. Cause principale: le trafic, surtout le trafic automobile, dont l’ampleur et la densité sont telles que l’accessibilité de nombreux endroits s’en trouve menacée. La congestion sur les routes est devenue tellement «normale» que la radio ne mentionne même plus tous les embouteillages. Le présentateur de service se contente de signaler le nombre de bouchons et leur longueur totale. En effet, nul n’ignore où ces bouchons se présentent en général. Il faut donc qu’ils surgissent à un endroit inhabituel pour être décrits avec précision. Cependant, ces endroits inhabituels tendent, eux aussi, à devenir monnaie courante. Aux heures de pointe, le réseau routier néerlandais ressemble davantage à une gigantesque aire de parking. Équipée d’un rasoir, d’une boite à pain, d’un téléphone mobile, d’un ordinateur portable et d’autres appareils sans fil, la voiture s’est métamorphosée en prolongement de la salle de bains, de la table de petit déjeuner et du bureau.
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