Le classique en bouteille
Les bières du Nord – Pas-de-Calais sont reparties de l’avant avec l’arrivée d’une nouvelle génération de brasseurs audacieux.
La bière de garde est vraiment une spécialité du Nord. Si ces bières peuvent prendre différents visages (ambrée, blonde, houblonnée, spéciale, etc), la bière blonde reste une valeur sûre des brasseries nordistes.
Au rayon des classiques nordistes, on demande… la bière de garde. Fabriquées en général à haute fermentation, ces bières sont ensuite conservées à froid dans des cuves pendant au moins 21 jours, voire plusieurs mois avant la mise en bouteille. « Cette méthode permet à la bière de s’affiner, se stabiliser, mûrir et de se clarifier. C’est vraiment une spécialité du Nord », note Luka Antonic, au bar à bières Chez Marcel, à Arras. La garde a donc une influence sur les arômes et flaveurs.
Si ces bières de garde peuvent prendre différents visages (ambrée, blonde, houblonnée, spéciale, etc), l’une des valeurs sûres des brasseries nordistes reste la bière blonde. C’est d’ailleurs l’essentiel de la production. La concurrence est vive derrière Jenlain, qui se réclame comme l’historique bière de garde. On peut citer La Choulette, moelleuse en bouche avec une amertume douce (brasserie La Choulette), La Ch’ti, à l’origine une bière de Noël où l’on sent céréales, houblon floral et notes d’agrumes (Brasserie Castelain), l’Angelus, une blonde brassée sur une base de froment (Brasserie Lepers), la Blonde d’Esquelbecq et son soupçon de zeste d’orange (Brasserie Thiriez), la Moulin d’Ascq ambrée et ses saveurs de caramel ou chocolat (Brasserie Moulin d’Ascq). Liste non exhaustive !
Les bières nordistes sont en général plus titrées en alcool que dans le reste du pays. Les Triples le sont encore plus. Brassée avec trois houblons et trois céréales, cette famille de bières est bien connue en Belgique puisqu’elle s’en inspire… mais du côté français, la Triple est pourtant différente, juge le biérologue François Devos : « à la différence des bières belges triples, les nordistes sont moins sucrées. Elles sont plus atténuées avec une belle saturation ». La Brasserie Lepers propose une Angelus Triple réussie, tout comme la Brasserie du Pays Flamand : sa Bracine Triple à 9° et au goût citronné, céréalier et rond, a été médaillée au salon de l’agriculture de Paris en 2009.
Autre « classique », les bières de saison, mais par définition aux goûts très changeants. Parmi celles de Noël, Luka Antonic cite la Bonnette de Noël, « une bière à la robe ambrée titrant à 8%, brassée avec des épices de Noël, se caractérisant au nez comme en bouche par ses douces et chaleureuses notes maltées, fruitées et épicées ». Les bières de printemps, elles, sont brassées au début de l’hiver et dégagent souvent une amertume assez franche. Dans le domaine, Luka Antonic a apprécié la Belle Saison de la Brasserie de Mai à Carvin, « une bière blonde aux reflets cuivrés titrant à 5,5%, légère et chaleureuse ». Petite fierté régionale : la première mention écrite d’une bière de printemps est identifiée à Arras, en 1394.