«Le monde tel qu’il fut…», un poème de Peter Verhelst
Poète, romancier et metteur en scène flamand dont le nom est rattaché notamment au théâtre NTGent, Peter Verhelst a reçu de nombreux prix littéraires soulignant la qualité de son œuvre romanesque et poétique. «De wereld zoals die was» a paru dans 2050
(De Bezige Bij, 2019).
Le monde tel qu’il fut...
Le monde tel qu’il fut.
Le chat qui dormait sur mes pull-overs,
les mésanges qui fusaient en filaments étincelants
du nichoir près de la fenêtre de la cuisine.
Et soudain je m’enfuis à toutes jambes.
Ce qui me talonnait.
Ce qui me donnait un sens entraperçu.
Je courais jusqu’à ne plus savoir d’où.
Taches jaunes des mésanges. Forêts avec étangs à roselières
et cet iris bleu dont la corolle s’ourlait
pour exposer sa plénitude intime.
Répétition à l’infini,
un homme qui court sur fond de crépuscule orange,
la nuit qui tombe.
Plus je m’enfuis loin de toi, plus
je t’aurai serrée fort dans mes bras.
De wereld zoals die was...
De wereld zoals die was.
De kat die op een van mijn truien sliep,
de mezen die als bliksemdraadjes
uit het nestkastje bij het keukenraam schoten.
En dan plots zette ik het op een lopen.
Wat me op de hielen zat.
Wat me een glimp van betekenis gaf.
Ik rende tot ik niet meer wist waarvandaan.
Gele vlekken van koolmezen. Bossen met vijvers met lisdodde
en met blauwe lis die zich binnenstebuiten keerde,
haar binnenkant helemaal uitstulpte.
Eindeloze herhaling,
rennende man in oranjekleurig avondlicht,
vallend duister.
Hoe verder ik van je weg loop, hoe harder
ik je vroeger vasthield.