Miroir de la culture en Flandre et aux Pays-Bas

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Le PFOS, l’un des plus grands scandales environnementaux de Belgique
© Jef Van den Bossche
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Podcast Dring Dring 2: La Flandre à vélo
Société

Le PFOS, l’un des plus grands scandales environnementaux de Belgique

DaarDaar et les plats pays se sont associés pour la deuxième saison du podcast Dring Dring. Après les stéréotypes entre Flamands et Belges francophones, partez à vélo pour découvrir cinq grands dossiers qui marquent l’actualité en Flandre. Pour le premier épisode, Aubry Touriel, journaliste spécialiste du nord du pays, vous emmène à Zwijndrecht. Dans cette ville près d’Anvers, les habitants sont touchés par l’un des plus grands scandales environnementaux de Belgique: le PFOS.

Le dossier PFOS a éclaté dans les médias flamands en avril 2021. Des études révèlent les taux de concentrations en PFOS les importants jamais mesurés dans le sang des riverains de Zwijndrecht. Cette substance toxique s’infiltre aussi dans les jardins des citoyens. Comment réagissent les habitants face à l’un des pires scandales environnementaux de Belgique?

«Les gens ont le droit d’avoir peur», lance Jan, habitant de Zwijndrecht depuis 20 ans. «Certains habitants ont déjà dit qu’ils allaient déménager. Ils ont peur pour leur santé.»

Alors qu’il habite à quatre kilomètres de l’usine pollueuse, il en subit aussi l’impact: «Le mois dernier, j'ai reçu une attestation de sol négative. Ça veut dire que mon bien a un problème. Ma maison a diminué d'au moins 10-15% de valeur. Cette attestation du sol négative a réveillé beaucoup de gens. Et moi aussi. »

Le PFOS: qu'est-ce que c'est?

En 1947, l’entreprise pétrochimique américaine 3M dépose un brevet pour le produit chimique « Perfluoro-octane-sulfonate» ou PFOS.

Les caractéristiques de cette substance ? Elle résiste au feu jusqu'à 1700 degrés et protège de l’eau. Poêles Tefal, chaussures, vêtements imperméables, mousse anti-feu... on le retrouve dans de nombreux objets ménagers.

«La production de PFOS n’est pas le problème en soi. Nous en avons besoin. Le souci, c’est qu’ils ont continué à déverser du PFOS dans l'environnement alors qu'il s’accumule dans la nature et dans le sang», raconte Jan.

Aucune responsabilité politique?

La multinationale américaine déversait du PFOS dans la nature anversoise jusqu’en 2002. La pollution a été détectée en 2017 par les autorités sanitaires, mais aucun prélèvement n’a été fait à l’époque.

Ce n’est qu’avec le début du chantier Oosterweel que la saga PFOS a éclaté dans les médias flamands en 2021. La liaison Oosterweel, c’est un projet de plusieurs milliards d’euros destiné à boucler le ring d’Anvers. Des parties de ce chantier se déroulent à Zwijndrecht et l’entrepreneur a analysé les sols.

Résultat ? Les valeurs en PFOS mesurées sont les plus élevées au monde et le problème s’étend bien plus que sur le seul site de 3M.

Alors que les autorités sanitaires étaient au courant de la pollution en 2017, les responsables politiques n’ont ni agi ni communiqué à l’époque. Après la sortie dans les médias, le Parlement flamand a organisé une commission parlementaire sur le sujet, mais aucune responsabilité politique n’a été établie.

Le chanvre pour assainir le sol

La seule méthode actuellement sur la table pour dépolluer le sol, c’est de creuser le sol jusqu'à une profondeur d'au moins 70 cm dans les zones les plus touchées. Koen Doggen, agriculteur bio à Zwijndrecht, s’inquiète: «Les 30 à 40 premiers centimètres, c’est mon capital, c'est là que se trouve ma fertilité et celle de tous les agriculteurs. La matière organique a été travaillée pendant des siècles par nos ancêtres pour la rendre et la garder fertile. S'en débarrasser maintenant serait particulièrement tragique.»

La Flandre a réussi à faire appliquer le principe du pollueur payeur. La ministre N-VA Zuhal Demir a obtenu 571 millions d’euros de 3M pour tenter de résoudre les problèmes de pollution au PFOS.

Résolu à trouver une solution, l’agriculteur se lance dans un projet pilote : planter du chanvre pour assainir son terrain. «Le chanvre peut absorber le PFOS dans le sol. Si tu détruis le chanvre, tu élimines également le PFOS en le brûlant à une température suffisamment élevée», assure-t-il.

Entre inquiétude et indifférence

Tantôt inquiets, tantôt indifférents, les habitants de Zwijndrecht réagissent à leur manière. Renaat, amoureux de la nature, a acheté sa maison quelques mois avant le début scandale du PFOS. «Si j’avais été au courant du PFOS, je n’aurais probablement pas acheté. Le but est d’assainir complètement le jardin aux frais de 3M. Ça va être pénible.»

Comme tous les habitants de Zwijndrecht, Linda a reçu une invitation pour une prise de sang afin d’analyser son taux de PFOS. «Je ne vais pas le faire. Je préfère ne pas savoir »

Elle ne suit pas les recommandations des autorités: «On ne peut pas manger les fruits du jardin, mais on le fait. On ne peut pas manger d'œufs, on ne peut pas faire ceci ou cela alors qu’on l’a fait toutes ces années. Il se peut qu'il y ait un problème, mais ça m’est égal. T’as vu, je suis toujours là!»

Kris Peeters estime quant à lui que le PFOS n’est que la partie émergée de l'iceberg: «Il existe tellement de substances qui ne sont soumises à aucune réglementation. Le PFOS n’est qu'un exemple de ce qui est produit dans les industries à Anvers. Il est probable que d’autres dossiers émergent à l’avenir.»

D’autres citoyens comme Suzy préfèrent ne pas s’en inquiéter: Si tu dois réfléchir à tout ça, tu ne t’arrêtes plus. À l'époque, c'étaient les poulets, les coqs, puis les poissons et les œufs avec la crise de la dioxine. Et maintenant le PFOS. Quelle nouvelle substance vont-ils découvrir dans six ans?»

Quelques photos prises en province d'Anvers

Le podcast en version sous-titrée

https://www.youtube.com/embed/5lacqLoxMYo
Projet soutenu par le Fonds pour le journalisme et la Fédération Wallonie-Bruxelles et coproduit DaarDaar et les plats pays.
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