À l’occasion du 25e
anniversaire de CODART, nous vous présentons chaque mois l’un des cent chefs-d’œuvre exceptionnels de l’art néerlandais et flamand du début de l’ère moderne (1350-1750) sélectionnés par des conservateurs de musée du monde entier pour figurer dans le canon CODART. Cette fois-ci, nous nous rendons dans le Cabinet des estampes de l’université de Leyde pour y admirer Le Spinario
de Jan Gossart.
Jan Gossart est l’un des artistes des Plats Pays les plus novateurs et révolutionnaires du début du XVIe siècle. Son voyage à Rome en 1508-1509 dans l’entourage de Philippe de Bourgogne (1464-1524) a constitué un événement particulièrement déterminant dans sa vie, qui a donné lieu à cette étude spectaculaire du Spinario et d’autres antiquités. Les quatre dessins de Gossart représentant des sculptures et de constructions antiques en Italie sont les plus anciens dessins d’un artiste des Plats Pays qui nous soient parvenus.
Photo © Universitaire Bibliotheken Leiden
Le Spinario est une statue hellénistique en bronze représentant un garçon qui semble s’enlever une épine du pied. Elle était déjà célèbre à l’époque où Gossart l’a vue, au Palazzo dei Conservatori (Palais des Conservateurs) sur la colline du Capitole, là où elle se trouve encore aujourd’hui. De sa plume, l’artiste a soigneusement rendu chaque détail de l’apparence du garçon, mais Gossart s’est aventuré au-delà du simple acte de reproduction. Il a donné vie à la sculpture en personnalisant le visage du garçon et en améliorant sa musculature, conférant ainsi au bronze statique un sentiment d’animation et de sensibilité.
Photo © Jean-Pol Grandmont
Ce faisant, Gossart a anticipé la pratique néerlandaise qui consiste à utiliser des statues antiques comme modèles pour des figures à l’apparence vivante dans des peintures narratives mythologiques ou bibliques.
Ilona van Tuinen, conservatrice des dessins, Rijksmuseum, Amsterdam
Photo © Universitaire Bibliotheken Leiden