Le sport peut-il sauver le monde? Retour sur la soirée «À vos marques: samenspel!»
Le sport est émotion, le sport est compétition, le sport est rivalité, rien de plus évident, mais le sport est avant tout un miroir de la société. À l’occasion de la parution des numéros sportifs de Septentrion et de sa revue sœur en langue néerlandaise de lage landen, nous avons organisé, en collaboration avec deBuren, une discussion bilingue –néerlandais-français– sur les liens entre sports et société.
Alors que le monde entier avait les yeux tournés vers le Qatar où se tenait la Coupe du monde de football, des intervenants des Pays-Bas et de Belgique ont été invités à s’exprimer sur les questions suivantes: le football peut sauver un petit peu le monde, via des initiatives comme le community building? Pourquoi les Néerlandaises occupent-elles presque toujours le haut du podium lors de compétitions internationales? Qu’est-ce qui explique leur succès? Pourquoi la Belgique voit-elle toujours l’équipe néerlandaise comme le rival ultime des Diables Rouges alors que les Pays-Bas se pensent surtout comme les rivaux de l’Allemagne? Et que dire de la rivalité Belgique-France?
De droite à gauche: Gui Polspoel, Bieke Purnelle, Rodrigo Beenkens et Harm Kaal© Xander Stroo
Modérée par Gui Polspoel, ancien journaliste sportif, présentateur télé et journaliste politique, la soirée a rassemblé Bieke Purnelle, journaliste indépendante, blogueuse passionnée de sport et codirectrice de RoSa, Rodrigo Beenkens, journaliste sportif et commentateur sur la chaîne francophone RTBF, et Harm Kaal, professeur au département d’Histoire de l’université Radboud de Nimègue.
Vous pouvez aussi suivre la performance de spoken word de l’écrivaine et poétesse Anne Bosveld (de 02:20 à 12:20) grâce au texte ci-dessous traduit par Daniel Cunin.
interview du boxeur qui a combattu hier à penouel (record 34-0-1) ou transposition de bereshit 32:23-33
étiez-vous malade cette
non j’ai téléphoné à mon entraineur je lui ai dit coach j’arrive pas à dormir il a un timbre de voix tellement berakhotien le son se couche sur votre dos se fait esprit et se met à vous soulever moi je lui ai dit coach je sais pas si je vais arriver à dormir il est venu chez moi on a regardé des films mangé des dattes ce n’est qu’une fois dans sa voiture le matin que je me suis endormi étiez-vous trop fatigué mon adversaire et moi on était dans le vestiaire je lui ai dit dis-moi quand tu vas me frapper et il l’a il fait s’échauffait en boxant contre le mur gris aux carreaux blancs j’étais assis sur un banc en bois qui n’étiez-vous pas s’arrêtait brusquement malade pour de bon cette semaine dans des coins poussiéreux avant que ne reprenne sur le mur adjacent la sueur du précédent
étiez-vous malade cette semaine je n’étais pas malade des combattants avaient laissé les bancs humides des bandages oubliés pendouillaient aux patères argentées des boulettes d’adhésif blanc traînaient quel était le problème par terre pardon le problème je me suis cassé la hanche que voulez-vous dire par là j’ai une fracture de la hanche le muscle vous voulez non en arrivant mon adversaire a claqué la porte des toilettes qu’est-ce qui est cassé une articulation ça sentait le vomi il frappait fort quand on était sur le ring je lui ai demandé pourquoi tu frappes aussi est-ce que c’est arrivé pendant le combat fort ce qui la hanche
non c’est moi un accident de moto le toubib l’a découvert je lui ai redemandé pourquoi tu frappes aussi fort qu’est-ce qu’il a dit le toubib j’étais tout simplement en train de faire mes 1500 abdos quotidiens
La performance de spoken word de l’écrivaine et poétesse Anne Bosveld a précédé le débats.© Xander Stroo
quand un beau jour je n’arrive plus à bouger je demande au toubib qu’est-ce qui cloche il me répond croyez-le ou pas mais vous avez une légère fracture de la hanche est-ce que ça vous fait mal en ce moment question suivante la douleur question suivante est-ce que ça a été votre combat le plus difficile le précédent aussi après deux minutes et demie il a quitté le ring entre les cordes des dents il a essayé de dénouer les lacets de ses gants je voyais la sueur briller sur son dos ses cheveux noirs collaient à sa nuque ça rappelait une flamme c’était beau j’étais encore sur le ring un peu désorienté j’avais froid d’accord hier c’était différent mon coach entonnait des airs pour conjurer la peur ça m’a aidé à l’heure de la pesée mon adversaire a tendu le poing contre mon visage je n’ai pas bougé parce que mon coach entonnait des airs pour conjurer la peur entre la foule on a gagné le ring au sol bleu moi j’ai avancé mon adversaire buvait de l’eau dans son coin il avait des épaules incroyables mais j’avais les airs qui conjuraient la peur je lui ai demandé pourquoi tu frappes aussi fort il ne m’a pas entendu depuis son coin son coach criait un truc à propos de ma main droite le public faisait un sacré raffut lui n’arrêtait pas de frapper j’en sais rien ventre tête ventre tête tête tête tête une série de ce genre
est-ce frustrant de s’entraîner comme vous le faites et de voir que ça se passe comme ça non je ne me suis pas entraîné pour ce combat silence vous faites beaucoup de moto non il m’est arrivé d’avoir des problèmes avec des gens malfaisants il a alors passé toute la nuit dans ma véranda armé d’un fusil qui ça mon coach il fait de la moto donc moi aussi parfois mais ce n’est pas mon truc quels gens malfaisants ils disent toute cette merde c’est pas de la merde quoi en couple on marche ensemble on pose un bras sur une épaule on ne peut pas rester seul d’accord je ne joue pas pardon c’est pas du catch on fait sympa on fait semblant et cette intimité est-ce que c’est qu’est-ce que j’en sais ils errent attendez comme des prêtres mais à chaque nouveau jour qui erre les prêtres c’est plus d’ombre j’ai dit ma main droite coach se casse qui sont les prêtres les montagnes des gens ils parlent de leurs bouches budgétaires le corps c’est de l’opinion fini ! terminé ! qu’ils disent deviens de glace fais dieu un autre rocher un autre rocher ne cache rien sous tes yeux autrement ils vont te demander comment ça tu dors pas pour moi écoutez j’ai vu tous les coups je les ai vus arriver pourquoi j’ai été touché mais vous étiez sur le ring ce n’est pas si simple je lui ai demandé pourquoi tu frappes aussi fort ma joue contre sa joue durant quelques secondes l’un contre l’autre poitrine poitrine je le lui ai demandé il a dû le sentir mouvement de ma mâchoire quelque chose j’étais tout près peut-être même entendu entendu
pourquoi tu frappes aussi fort pourquoi frappait-il aussi fort qu’est-ce que j’en sais quelle est votre version que voulez-vous dire par ma version celle des gens certains disent que je frappe fort je suis hyper costaud vif comme l’éclair personne n’use de son jeu de jambes vous si ils détiennent le butin s’engraissent graisse graisse de l’ombre de leur ego posent avec la corde du souffle mon coach m’a dit garde les mains froides avant d’y mettre de la chaleur plus de poigne ou un truc comme ça autrement tu vas devenir un homme-ombre j’en sais rien j’use de mon jeu de jambes long silence mon coach a un jardin avec un bac à sable aménagé pour son gamin mais le gosse il n’en voulait pas de ce bac à sable il voulait un trampoline c’est resté un bac à sable idéal pour mon jeu de jambes le sable alourdit tout trois mois dans le bac à sable et je pouvais voler quel genre de jeu de jambes faites-vous
gauche droite gauche droite et pourtant vous n’avez pas gagné est-ce que ça importe je pense bien que ça importe pourquoi ça importe parce que vous ne voulez pas perdre ça ne m’empêche pas d’être payé oui silence que vous a dit votre coach entre les rounds j’étais assis sur un tabouret mon coach m’enduisait le menton de vaseline appuyait un coton tige sur la coupure au niveau de mon sourcil mon coach m’a dit plie les genoux tiens ferme en dedans le public poussait des cris de joie buvait de la bière du coca qu’est que j’en sais j’avais peur à cause de ma hanche j’ai dit coach j’ai peur à cause de ma hanche il a essoré une éponge au-dessus de ma tête de l’eau s’est écoulée pourquoi aviez-vous peur mon adversaire a balancé deux coups qui ont retenti comme un seul je lui ai demandé pourquoi tu frappes aussi fort et il non attendez pourquoi aviez-vous peur de ses coups ses épaules ses épaules pourquoi je ne suis jamais monté sur le ring pour intimider l’autre mais lui il était pourquoi avoir peur elles étaient énormes quoi ses épaules mon coach m’a dit de les déposer les épaules en vallées les épaules en montagnes épaules en vallées et déplace-toi gauche droite gauche droite et alors j’ai fait ce qu’il a dit
texte d’Anne Bosveld, traduit du néerlandais par Daniel Cunin
MINUTAGE:
00:00-02:15: mot de bienvenue par Willem-Bongers Dek, directeur de la maison culturelle néerlando-flamande deBuren
02:20-12:20: performance d’Anne Bosveld
12:25-01:17:47:
débat avec Bieke Purnelle, Harm Kaal et Rodrigo Beenkens:
– 15:08-30:22: Pourquoi les clubs de football font-ils du développement communautaire?
– 30:25-47:45: Qu’est-ce qui explique les exploits sportifs des Néerlandaises?
– 47:46-01:13:50: Pourquoi les Belges aiment-ils tant gagner contre les Néerlandais?
– 01:13:50-01:17:47: questions du public
01:17:55-01:19:30: discours de clôture par Hendrik Tratsaert, rédacteur en chef de Septentrion et de lage landen
