Le théâtre néerlandophone à la conquête de la France
Cette année, la Maison Antoine Vitez, en collaboration avec Literatuur Vlaanderen, Kunstenpunt et Dutch Performing Arts, présentera huit lectures de pièces de théâtre néerlandaises et flamandes en France. Cette initiative vise non seulement à promouvoir le théâtre néerlandophone, mais également à encourager les traducteurs à se spécialiser dans ce domaine particulier de la traduction.
En 2018, Kunstenpunt, l’organisation flamande pour le développement des arts visuels, des arts du spectacle et de la musique, a publié la troisième édition de son rapport intitulé Reframing the international, qui présente un certain nombre de faits intéressants sur la diffusion des arts du spectacle flamands. En effet, selon ce rapport, la France constitue, avec les Pays-Bas et l’Allemagne, un des plus grands marchés pour les arts du spectacle flamands.
Défense et illustration
Afin de promouvoir le théâtre néerlandophone en France, c’est vers la Maison Antoine Vitez que se sont tournés les différents partenaires. Il s’agit d’une association unique en son genre subventionnée par la Direction générale de la Création artistique, qui selon ses propres dires, «milite pour la “défense et l’illustration” de l’art de la traduction théâtrale».
Elle regroupe un grand nombre de traducteurs spécialisés dans la traduction théâtrale, eux-mêmes réunis en comités linguistiques. Les traducteurs introduisent chaque année des demandes d’aide à la traduction et obtiennent des bourses pour mener à bien leur travail. Grâce à cela, ils peuvent traduire des textes de théâtre intéressants issus de la région linguistique à partir de laquelle ils traduisent. L’association présente ensuite ces traductions (toujours vers le français) à des compagnies de théâtre, à des éditeurs, à des festivals, etc. Il est également possible pour des traducteurs qui ne sont pas membres de la Maison Antoine Vitez de déposer un projet de traduction afin de bénéficier d’une aide financière.
L’ADN de cette association est particulièrement intéressant dans la mesure où non seulement elle fait preuve d’une grande expertise en traduction théâtrale, mais elle est également en contact avec de nombreux professionnels du théâtre qui suivent avec intérêt les œuvres étrangères. Par ailleurs, elle a acquis une vaste connaissance en matière de théâtre français contemporain, qui reste parfois méconnu en Flandre et aux Pays-Bas, et par conséquent, peu apprécié à sa juste valeur.
Une plus grande visibilité
Le but de cette collaboration est en premier lieu d’augmenter la visibilité des pièces de théâtre originaires des Plats Pays, en France. Les différents partenaires sont convenus de confier à deux traducteurs du comité franco-néerlandais de la Maison Antoine Vitez, Mike Sens, traducteur du français vers le néerlandais et vice versa, et Esther Gouarné, traductrice du néerlandais vers le français, la sélection de huit œuvres (quatre flamandes et quatre néerlandaises), parmi une longue liste, qui se verront traduites en français. Ils s’occuperont ensuite de la traduction, parfois en collaboration avec d’autres traducteurs.
Donner le goût de la traduction théâtrale
On constate également un manque de traducteurs spécialisés dans le domaine théâtral. C’est pour cette raison que la Maison Antoine Vitez, Literatuur Vlaanderen, Kunstenpunt et Dutch Performing Arts ont organisé en collaboration avec La Chartreuse, le centre national des écritures du spectacle, un atelier sur ce thème. Ce projet a notamment vu le jour grâce aux subventions accordées par le département des Affaires étrangères belge et le Gouvernement flamand. L’atelier s’adressait aux traducteurs du et vers le français, expérimentés ou simples débutants, mais également aux connaisseurs du monde théâtral qui ne disposaient pas (encore) de connaissances en traduction. Cet atelier s’est déroulé du 4 au 9 novembre 2019 au cloître de La Chartreuse à Villeneuve-lez-Avignon et a accueilli quatre traducteurs du français vers le néerlandais et quatre autres traduisant dans le sens inverse.
© A. Nollet.
Par ailleurs, ce sont Mike Sens et Esther Gouarné qui ont assuré les cours. Ils se sont penchés sur des pièces contemporaines et ont étudié les différents aspects ainsi que les points d’attention typiques de la traduction théâtrale. Les différents participants ont réalisé des traductions seul, en duo et en groupe, et se sont même essayés à la mise en scène. La question des variations linguistiques a, elle aussi, été abordée. De plus, ils ont travaillé sur les textes qui seront traduits dans le cadre du projet, mais ne s’occuperont pas des versions finales. Certains d’entre eux pourraient être accrédités à l’avenir, c’est-à-dire qu’ils passeraient un test de traduction dont la qualité serait évaluée de manière anonyme par deux traducteurs professionnels, après quoi l’on pourrait faire appel à eux pour des traductions subventionnées par Literatuur Vlaanderen.
Les noms des différents événements lors desquels les textes traduits seront présentés n’ont pas encore été rendus publics. Mais il ne fait aucun doute que certains textes seront lus à La Chartreuse à Villeneuve-lez-Avignon (le lieu même de l’atelier de traduction de novembre dernier) le 11 juillet dans le cadre du Festival d’Avignon.