Le Westhoek retrouve la télé transfrontalière
« Welkom » (Bienvenue) est le nom de l’initiative par laquelle Flandres Télévision et un partenaire flamand veulent mettre en valeur les atouts du Westhoek flamand et français. « Nous voulons attirer les gens par-delà la frontière », affiche-t-on avec une belle ambition. Le Westhoek retrouve ainsi de nouveau une programmation télévisuelle bilingue.
Patrimoine, culture, tourisme, histoire et mobilité sont au menu d’une émission mensuelle. Chaque dernier dimanche du mois, on peut retrouver « Welkom », une émission d’une demi-heure présentée par Saskia Tartrat, une présentatrice bilingue de Bailleul. De cette manière, les initiateurs comblent une lacune provoquée par l’annulation des programmes télé transfrontaliers des chaînes de télévision régionales.
La collaboration entre la chaîne wallonne NoTélé, C9 Télévision (actuellement Wéo) et WTV avait débouché sur de la télé passionnante. Ces programmes avaient une large audience. Mais la suppression de la subvention Interreg entraîna la fin de cette collaboration. Une issue logique vu le coût des processus de télévision. Aujourd’hui, l’Internet a changé la donne. Émettre est devenu plus simple, l’équipement technique est abordable. Ce que prouve, par exemple, Flandres Télévision, une télévision de réseau. Les réalisations de cette chaîne française du Nord, basée à Bailleul, sont uniquement disponibles sur l’Internet.
La chaîne existe depuis 2013. « Nous sommes un groupe d’amis réunis par notre intérêt commun pour notre région », dit Saskia Tartrat. « Nous avons évidemment France 3 et Wéo dans notre région, ajoute Antoine De Buck, président de Flandres Télévision. Mais ils ne viennent pas très souvent dans nos villages. Nous cherchons à être un vrai média de proximité, qui s’intéresse réellement à ce qui vit dans notre Westhoek du côté français. » L’association a déjà réalisé des centaines de reportages et elle emploie actuellement deux personnes, grâce au soutien de la région Hauts–de–France et une base solide de plus de 20 000 suiveurs de la page Facebook.
Aujourd’hui, il y a donc, en plus, le microprojet « Welkom » (Bienvenue), remporté de concert avec le partenaire flamand Events Outside the Box de Geert Gombeir. L’agent territorial de la province Flandre-Occidentale, Bern Paret, a su réunir les deux parties. « Nous avions déjà coopéré pour faire des reportages sur le week-end des cafés populaires, raconte Geert. Maintenant, nous franchissons une nouvelle étape. » Flandres Télévision apporte un énorme savoir-faire en matière de télévision, les deux partenaires apportent leur connaissance de la région dans le projet. « Il est toujours possible de faire un reportage sur une autre région. Mais ce n’est que quand on a soi-même un lien étroit avec la région, qu’il est possible de mettre le doigt sur ce qui importe vraiment, sur les nuances à observer ou sur les endroits demeurés quasiment inconnus. »
Un intérêt croissant
« Nous travaillons avec une équipe très jeune, dit Saskia Tartrat, des gens qui nous aident à filmer, à interviewer ou à faire le montage vidéo. Ce qui me frappe, c’est l’intérêt qui existe dans notre région pour ce qui vit de l’autre côté de la frontière. » « C’est logique, ajoute Antoine De Buck, même si nous n’avons pas la même langue, la Flandre française et le Westhoek ont beaucoup de choses en commun : le caractère rural, les sites touristiques, notre intérêt pour la bonne chère et la boisson. » Le Flamand Geert Gombeir confirme, tout en estimant qu’il faut pousser plus loin. « Il ne suffit pas d’apprendre à connaître quelques atouts touristiques réciproques car il y a bien davantage à découvrir. » C’est pourquoi le programme ne propose pas seulement des reportages, mais aussi une rubrique sur des questions linguistiques et un agenda.
La dynamique sur laquelle se base Flandres Télévision, se retrouve aussi sur les pages Facebook entretenues de part et d’autre de la frontière franco-belge. Par exemple, il y a les pages facebook « les petits Flamands bilingues », « Nouvelles du Westhoek » et « Frans-Vlaanderen in het Nederlands ».
Philippe Ducourant de Bailleul nourrit la page Facebook « les petits Flamands bilingues », une page sur laquelle il fait la promotion de l’enseignement bilingue dans la région frontalière. Philippe est un Européen très convaincu. « Nous sommes cousins les uns des autres. Apprendre la langue de l’autre, c’est ouvrir son horizon à 360 °.
Apprendre la langue de l’autre, c’est ouvrir son horizon à 360 °
C’est extrêmement enrichissant. Il n’y a pas si longtemps que la frontière nationale est devenue en plus une frontière linguistique. Mes grands-parents allaient chez le coiffeur à Watou. Là-bas, tout le monde parlait le flamand. À l’époque de la présence visible de douaniers, mes grands‑parents n’avaient pas le sentiment d’une frontière. Aujourd’hui, c’est beaucoup moins évident. C’est absolument paradoxal si on considère que la frontière est ouverte depuis 27 ans déjà. Mais c’est parce que nous ne parlons plus la même langue. »
En matière de bilinguisme, « Welkom » a de toute façon trouvé une belle solution. Tous les reportages sont sous-titrés dans l’autre langue et Saskia Tartrat présente tout dans les deux langues. Pour suivre ces émissions, il suffit de suivre la page Facebook de « Welkom ».