L’enseignement néerlandophone a le vent en poupe à Bruxelles
Le 18 mai, une partie des enfants en Belgique retournent à l’école. Cependant, nous ne parlerons pas de la distanciation sociale et des autres mesures que les écoles doivent prendre, mais d’un sujet qui attire l’attention depuis des années: l’enseignement néerlandophone à Bruxelles. Selon un nouveau recensement, le nombre d’élèves dans l’enseignement néerlandophone à Bruxelles a connu une augmentation de 3 pour cent par rapport à l’année scolaire précédente. Cette année, près de 50 000 enfants fréquentent l’enseignement maternel, primaire et secondaire néerlandophone bruxellois. Le nombre a augmenté de moitié en un peu plus de 20 ans.
L’enseignement du néerlandais à Bruxelles tel que nous le connaissons aujourd’hui a vu le jour en 1881. Depuis lors, il a connu une évolution considérable. Autrefois, le néerlandais était parlé par la majorité des Bruxellois, cependant l’enseignement néerlandophone n’existait pas. Aujourd’hui, le néerlandais n’est plus que la langue maternelle d’une minorité. Pourtant, l’enseignement néerlandophone dans la capitale se développe d’année en année.
En 1971, la «liberté du père famille» est introduite. À Bruxelles, les parents peuvent désormais choisir d’envoyer leurs enfants dans l’enseignement néerlandophone ou francophone. On s’attend à ce que, grâce à cette liberté, de nombreux enfants néerlandophones quittent l’enseignement néerlandophone pour se tourner vers l’enseignement francophone. Dans les années 1970 et 1980, on constate en effet que trop peu d’élèves fréquentent l’enseignement néerlandophone. Des campagnes de promotion de cet enseignement voient alors le jour, ainsi que des actions visant à développer les écoles primaires.
Depuis 1985, le nombre d’élèves dans l’enseignement primaire néerlandophone à Bruxelles a de nouveau augmenté. Ces élèves optent ensuite, en toute logique, pour l’enseignement secondaire en néerlandais. Dans les années 1990 et 2000, une grande attention a été accordée au soutien de la qualité de l’enseignement néerlandophone à Bruxelles, d’abord dans l’enseignement primaire, puis dans l’enseignement secondaire.
En 2008, le Centre d’enseignement bruxellois (Onderwijscentrum Brussel ou OCB) voit le jour. Depuis lors, ce centre fonctionne comme un centre de soutien et d’expertise pour l’enseignement néerlandophone dans la capitale.
Depuis 2010 environ, Bruxelles doit relever un double défi dans l’enseignement primaire et secondaire. Si le souci d’un soutien qualitatif demeure, le défi quantitatif réapparaît, mais sous une autre forme: un manque de place dans l’enseignement néerlandophone à Bruxelles se fait sentir, en raison de la forte croissance de la population bruxelloise. La Commission communautaire flamande (Vlaamse Gemeenschapscommissie ou VGC) investit dans l’expansion des capacités des écoles existantes et dans la création de nouvelles écoles.
De nos jours, la majorité des enfants et des jeunes qui optent pour l’enseignement néerlandophone ne parlent pas néerlandais à la maison. Mais grâce à ce choix d’orientation scolaire, les jeunes, une fois diplômés du secondaire, sont capables de maîtriser cette langue. Selon Sven Gatz, membre de la Commission communautaire flamande en charge de l’enseignement néerlandophone et de la construction d’écoles, le choix des parents et des enfants s’explique par un besoin de qualité non seulement du point de vue de l’enseignement, mais aussi de l’accompagnement et de l’infrastructure moderne.
La croissance de l’an dernier se situe principalement dans l’enseignement ordinaire. L’enseignement spécialisé et l’enseignement secondaire professionnel à temps partiel restent, quant à eux, pratiquement inchangés. L’enseignement maternel a connu une augmentation par rapport à l’année passée de 3,4 pour cent, l’enseignement primaire ordinaire, quant à lui, connaît une augmentation de 3,1 pour cent, et l’enseignement secondaire ordinaire augmente de 3,2 pour cent – il s’agit de l’augmentation la plus importante jamais enregistrée. Ces dernières années, les rapports entre les trois réseaux d’enseignement, à savoir l’enseignement libre subventionné, l’enseignement communautaire (GO!) et l’enseignement communal sont restés pratiquement statu quo.
Depuis 2010, la Commission communautaire flamande et ses partenaires investissent en effet davantage dans l’enseignement. Ils construisent notamment de plus en plus d’écoles primaires pour répondre à la demande croissante, et ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils ne doivent davantage investir dans la construction d’écoles secondaires.
Ils ont également lancé un programme intitulé Teach for Belgium visant à faire naître chez les jeunes la vocation de professeur et à améliorer les conditions de travail des enseignants néerlandophones, afin de les encourager à poursuivre dans cette voie.
Bien que de nouvelles écoles soient construites et que le nombre de places disponibles dans celles existantes augmente, l’enseignement néerlandophone dans la capitale connaît un succès tel qu’il ne parvient pas à suivre le rythme. En effet, l’initiative citoyenne bruxelloise Ieder kind een stoel (Une chaise pour chaque enfant) dénonce un sérieux manque de place dans les écoles. Selon eux, sur les 2 663 enfants inscrits cette année en classe d’accueil, 877 n’ont pas obtenu de place. De même, 987 enfants n’ont pas obtenu de place en première maternelle.
Ainsi, Bruxelles se trouve au cœur d’un paradoxe: alors que le nombre d’habitants bruxellois dont la langue maternelle est le néerlandais diminue, la langue néerlandaise à Bruxelles, quant à elle, ne cesse de croître, au point de devenir victime de son propre succès dans l’enseignement.