Les derniers jours de Giacometti à Villeneuve d’Ascq
Il vous reste une dizaine de jours pour voir l’exposition la plus importante qui se déroule ce printemps dans le nord de la France : « Alberto Giacometti, une aventure moderne ». L’exposition ferme définitivement ses portes le 11 juin prochain.
Alberto Giacometti est né en 1901 en Suisse, mais il a vécu la plus grande partie de sa vie à Paris. L’exposition propose un bel aperçu de l’ensemble de la carrière de ce peintre et sculpteur. Ses premières œuvres subissent manifestement l’influence du cubisme et on y décèle la main de Picasso mais aussi déjà son intérêt pour l’art ethnographique. Si l’influence de Picasso semblera éphémère, celle des arts antiques et non-occidentaux demeurera visible tout au long de son œuvre.
© Succession Alberto Giacometti (photo Dirk van Assche)
Au début de l’exposition se trouve la « Boule suspendue » (1930). Giacometti avait découvert alors le surréalisme et le ‘parrain’ de ce courant artistique, André Breton, était hyper enthousiaste sur cette œuvre. Dali aussi estimait que c’était une sculpture très particulière. Mais l’amour de Giacometti pour le surréalisme ne dura que brièvement. Il préféra retourner à la sculpture d’après modèle vivant, ce que Breton jugea franchement ‘réactionnaire’.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Giacometti était retourné en Suisse, pays neutre. Il y habitait une chambre d’hôtel et ne disposait pas d’un atelier. Aussi se contenta-t-il de réaliser des œuvres toutes petites, souvent des portraits, de quelques centimètres à peine. Le socle était presque toujours plus grand que la sculpture même. Cette exposition en propose plusieurs exemplaires. Même petits, ils présentent néanmoins toutes les caractéristiques de l’art de Giacometti tel qu’on le connaît aujourd’hui dans le monde entier.
La deuxième partie de l’exposition propose surtout des œuvres caractéristiques telles que Giacometti les a réalisées après la Seconde Guerre mondiale : des figures longilignes, minces et fragiles. On y (re)découvre quelques exemples très célèbres tels que « L’Homme qui marche » ou « Grande Femme » ou encore le groupe récemment restauré des « Femmes de Venise », créé par Giacometti pour la Biennale de Venise de 1956. On y décèle aussi son intérêt pour l’art égyptien.
© Succession Alberto Giacometti + Adagp. Paris, 2019 - photo Dirk van Assche
Ce qu’il y a de très spécial aussi, c’est le grand nombre de tableaux et de dessins de Giacometti exposés ici. Vers la fin sont exposées quelques œuvres de certains de ses amis, parmi lesquelles une très belle pièce de Francis Bacon. L’exposition se termine par une série de photographies prises dans l’atelier du sculpteur et une série de clichés tirés du livre Paris sans fin, publié par Giacometti en 1956.
Cette exposition extrêmement bien aménagée, réalisée en collaboration avec la Fondation Giacometti à Paris, propose plus de 150 œuvres d’art. Elles donnent un très bel aperçu de l’ensemble de l’œuvre de cet important artiste suisse. Le catalogue très soigné est parfaitement à la hauteur de l’exposition.
Si vous n’avez pas de grands projets pour début juin, dépêchez-vous de vous rendre à Villeneuve d’Ascq. Plus que jamais, le LaM vaut amplement la visite. En plus, il gâte particulièrement les visiteurs de Flandre et des Pays-Bas puisque toutes les feuilles de salle ont été traduites en néerlandais. Il existe aussi une version néerlandaise du catalogue et des audioguides (plutôt détaillés) sont à disposition. Les billets peuvent se commander en ligne.
Et si vous n’en avez pas encore pour votre faim, n’hésitez pas à rendre visite à la collection permanente. Picasso, Braque, Miro et de nombreux outsiders artistiques ne manqueront pas de vous ravir.