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Les élections européennes dans les Plats Pays : «L’Europe en réduction»

Les élections européennes dans les Plats Pays n’ont pas livré un résultat monolithique. Les votes ont été très dispersés, de l’extrême gauche à l’extrême droite. Les pertes des démocrates-chrétiens et les gains des Verts sont manifestes aux Pays-Bas comme en Belgique, mais pour le reste on note des variations de tonalité, souvent d’une circonscription électorale à l’autre. La fragmentation est en tout cas très marquée. On peut dire que la Belgique et les Pays-Bas forment ensemble une “Europe en réduction”.

Le nouveau Parlement européen ne présente pas un visage tellement différent du précédent, si ce n’est que la fragmentation y est un peu plus accentuée. Les formations classiques, à savoir le Parti populaire européen de centre-droit et les sociaux-démocrates, sont en recul et ne peuvent plus constituer ensemble une majorité. Mais ces deux groupes n’en demeurent pas moins les principaux en nombre et il restera difficile d’approuver quoi que ce soit au sein du Parlement sans que l’un et l’autre y soient associés. Les libéraux progressent et s’affirment nettement comme troisième groupe, grâce notamment au mouvement d’Emmanuel Macron. Les Verts réalisent eux aussi un bon score, mais sans atteindre dix pour cent des sièges.

Les Conservateurs et Réformistes européens, rassemblés autour des Conservateurs britanniques, perdent des sièges, et il est très difficile de prédire ce qu’il adviendra d’eux si le Royaume-Uni quitte l’Union européenne. Les nationalistes radicaux de droite enregistrent une certaine progression, insuffisante toutefois pour leur permettre de peser sur les décisions. Ils n’en ont d’ailleurs jamais eu l’ambition dans le passé, laissant les lois s’élaborer sans eux. La groupe qui réunit les Brexiters ‘durs’ de Nigel Farage se maintient également – provisoirement du moins. L’extrême gauche, enfin, accuse une légère baisse, mais ne part pas à la dérive. Conclusion du scrutin: le Parlement européen se retrouve un peu plus partagé et, de ce fait, peut-être un peu plus représentatif. Les grandes formations qui y faisaient traditionnellement la pluie et le beau temps sont talonnées par un peloton bariolé d’autres tendances politiques, mais aucune couleur ne domine. On ne peut dès lors dire que le Parlement dans son ensemble soit exposé à un coup de barre à gauche ou à droite.

Cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas de différences notables entre les États membres. Voyez le vote massif des Italiens à droite, l’étonnante progression des Verts en Allemagne ou l’excellent résultat des sociaux-démocrates en Espagne et au Portugal.

Des ressemblances, mais aussi de nombreuses différences

Entre la Belgique et les Pays-Bas, quelques différences sont tout de même frappantes. Les Plats Pays n’offrent pas un visage uniforme. Il suffit de voir les tendances marquantes qui se dégagent: aux Pays-Bas, les sociaux-démocrates récoltent un joli succès, tandis que la Flandre enregistre une forte poussée de l’extrême droite, et que les Verts d’Écolo peuvent être considérés comme vainqueurs en Wallonie.

La Belgique et les Pays-Bas totalisent donc pas mal de composantes, si bien que les élus des Plats Pays se répartissent entre presque tous les groupes.

Les libéraux, surtout, comptent à présent dans leurs rangs beaucoup de Belges et de Néerlandais. Depuis quelque temps déjà, les deux pays ont à leur tête un Premier ministre libéral, respectivement Charles Michel et Mark Rutte. En Belgique, les libéraux francophones et néerlandophones perdent certes du terrain, mais limitent les dégâts. Aux Pays-Bas, le parti de Mark Rutte est en progrès.

On note quelques ressemblances entre la Belgique et les Pays-Bas, tel le recul des démocrates-chrétiens, reflétant la tendance européenne. Mais leur défaite n’est pas catastrophique: ensemble, ils ne perdent qu’un siège (néerlandais). Les Verts, eux, améliorent leur score dans chaque circonscription électorale et gagnent un siège aux Pays-Bas et en Wallonie.

Mais il y a aussi des différences. Les sociaux-démocrates connaissent le même décalage entre Belgique et Pays-Bas que les libéraux, mais de manière plus accentuée. En Belgique, ils sont en légère baisse (un siège de moins en Wallonie), tandis qu’aux Pays-Bas – à l’inverse de la tendance européenne – ils font un grand bond en avant, doublant leur nombre de sièges, qui passe de trois à six. La candidature de leur leader Frans Timmermans au poste de président de la Commission n’est probablement pas étrangère à l’engouement des électeurs.

Tout le contraire se produit du côté de la gauche plus radicale. Le SP néerlandais prend une véritable raclée et disparaît du Parlement européen. En Flandre et en Wallonie, la hausse est spectaculaire, rapportant à la Wallonie un siège européen. En Flandre, il s’en est fallu de peu que le PVDA en décroche un lui aussi.

Le verdict des élections est un peu plus particulier du côté de l’extrême droite. Celle-ci, d’un poids négligeable en Wallonie, a réalisé un gros score en Flandre. Le Vlaams Belang obtient trois sièges contre un seul durant la législature précédente. La situation aux Pays-Bas est assez étonnante: le PVV de Geert Wilders, qui faisait partie du même groupe que le Vlaams Belang, cesse d’être représenté au Parlement européen. Le Forum voor Democratie de Thierry Baudet, jusque-là inexistant, dépasse les dix pour cent, ce qui lui vaut d’un seul coup trois sièges.

Le programme européen de Baudet est très similaire à celui de Wilders, mais tout semble indiquer que, plutôt que de rallier le groupe d’extrême droite, le Forum rejoindra le groupe des Conservateurs, plus modéré. Comme nous le disions plus haut, l’incertitude plane quant à l’avenir de ce groupe après le Brexit. Il n’est pas exclu que le Forum voor Democratie doive finalement se mettre à la recherche d’une nouveau groupe. Il faut noter que le Forum retrouverait au sein des Conservateurs le parti qui reste le premier en Flandre, à savoir le parti nationaliste flamand N-VA; cette formation vient de perdre un siège au Parlement européen mais compte en Flandre le plus grand nombre d’électeurs.

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