En Flandre, nous parlons d’objets perdus. Aux Pays-Bas, ce sont des objets trouvés. Et si, en ces temps étranges, nous faisions vraiment de la perte une trouvaille? Prenez par exemple les archives de «Ons Erfdeel vzw». On peut très bien y pêcher chaque semaine une pièce intéressante. Sans même qu’elle ait nécessairement un rapport avec le coronavirus. Une pièce, tout simplement, qui nous ouvre une nouvelle perspective sur les choses ou qui, après quelques années, acquiert une signification nouvelle. Bref, un objet trouvé.
Ainsi, l’historien néerlandais Henk Wesseling (1937-2018) a écrit en 2010 un essai sur la manière dont l’Histoire traite la légalité et la justice – ne pas confondre les deux. La négation de l’holocauste ou celle du génocide arménien sont-elles punissables? Faut-il promulguer des lois telles que les «lois mémorielles» françaises? Que représente aujourd’hui pour nous l’Appel de Blois, signé par une vingtaine d’historiens de quelque dix pays européens, dont Wesseling lui-même, contre le danger «d’une moralisation rétrospective de l’Histoire et d’une censure intellectuelle»?
Bien que son essai porte surtout sur la France et les Pays-Bas, Wesseling fait déjà franchement allusion au roi des Belges Léopold II et à l’évolution de sa réputation.
Le jour n’est plus très éloigné où les effigies de ce monarque dans les espaces publics belges seront déboulonnées.
Mais je vous invite d’abord à relire l’essai de Wesseling comme poteau indicateur dans la «guerre des mémoires» et la «concurrence des victimes».
Tolle et lege.
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