Les Pays-Bas à l’honneur au Marché de la poésie à Paris
La littérature de langue néerlandaise est à l’honneur en francophonie depuis plus d’un an: l’an dernier, elle était en première ligne à la Comédie du livre de Montpellier et au Marathon des mots de Toulouse. En février 2019, la Flandre fut l’invité de marque de la dernière Foire du Livre de Bruxelles et du 5 au 9 juin, les Pays-Bas sont sous les feux des projecteurs à la place Saint-Sulpice de Paris.
«Nous avons eu également de nombreuses présentations à Paris, à la Maison de la poésie, explique Bas Pauw, responsable des événements littéraires internationaux au sein de la Fondation des lettres néerlandaises, notamment avec le Café Amsterdam, festival qui s’est déroulé pour la seconde fois du 14 au 16 mai 2019, rassemblant des auteurs néerlandais, flamands et français.»
Ces différents événements s’inscrivent dans une campagne au long cours, initiée par l’ambassade des Pays-Bas et la Fondation des lettres néerlandaises et
intitulée les Phares du Nord. «Nous désirons faire connaître la littérature néerlandophone auprès des Français, principalement des éditeurs et des festivals, poursuit Bas Pauw. Cette campagne nous mène partout, pas seulement à Montpellier et Toulouse, mais également à Grenoble et Cognac.»
L’invitation lancée il y a près de deux ans par Vincent Gimeno-Pons et Yves Boudier résonne en ce sens. «Jusqu’à maintenant, nous n’avions pas eu la possibilité d’inclure la poésie, reconnaît le chef de la campagne des Phares du Nord. C’est pourquoi nous avons accepté avec joie la proposition des responsables du Marché de la poésie.
Nous avons eu la possibilité de présenter nos poètes contemporains en un lieu aussi merveilleux que la place Saint-Sulpice, au cœur de Paris.» Cet enthousiasme était partagé du côté français, nous assure Yves Boudier, président de l’association c/i/r/c/é Marché de la poésie: «Depuis les années 1950, marquées par un groupe de poètes nommés Les Expérimentaux, proches du milieu de l’art et de la peinture (CoBrA), puis après une génération de poètes qui revendiquait ses liens avec la réalité sociale et politique de l’après-guerre et de la décolonisation, la poésie néerlandaise d’aujourd’hui évolue dans ses formes et gagne en audience. Une sorte de démocratisation de sa pratique est née et les voix se diversifient pour s’intéresser à la fois à la réalité la plus ordinaire aussi bien qu’aux influences étrangères. La place des femmes poètes s’est renforcée et il serait difficile dorénavant de qualifier d’un terme unique et englobant une poésie protéiforme.»
Ce renouvellement de la diversité poétique a ainsi été à l’honneur à la place Saint-Sulpice, avec notamment les douze poètes néerlandais invités pour le Marché de la poésie: Simone Atangana Bekono, Benno Barnard, Anneke Brassinga, Tsead Bruinja, Radna Fabias, Rozalie Hirs, Frank Keizer, Hester Knibbe, Astrid Lampe, K. Michel, Martijn den Ouden et K. Schippers. Des poèmes de chacun d’eux ont été publiés dans la dernière livraison de la revue Nunc.
«Notre délégation a disposé d’un petit stand pour présenter la littérature néerlandaise, pour différentes rencontres et pour la petite librairie constituée d’ouvrages poétiques », détaille Bas Pauw.
Des traductions, il en existe déjà beaucoup, ainsi que le confirme Yves Boudier: «Les échanges poétiques franco-néerlandais sont soutenus depuis de nombreuses années, à travers des invitations institutionnelles réciproques, donnant à entendre un travail de traduction en livres et en revues.» Pensons notamment aux éditions du Castor Astral qui ont fait de la littérature septentrionale une spécialité: outre un recueil du poète Benno Barnard, Le Service de mariage, en janvier 2019, cette maison vient de publier une anthologie réunissant une vingtaine de poètes néerlandais dont nombre de poètes présents au Marché de la poésie, ou encore Tonnus Oosterhoff, Anne Vegter, René Huigen, Hagar Peeters, Marieke Lucas Rijneveld…
Le Marché de la poésie a encore accéléré le processus: Les Chants d’Hadewijch d’Anvers ont paru au printemps chez Albin Michel; les écrivains néerlandais Hester Knibbe, Erik Lindner, Gerry van Linden, Radna Fabias ou encore Alfred Schaffer voient également, en 2018 ou 2019, un de leurs recueils publiés en français – les trois derniers aux éditions Caractères.
Bas Pauw évoque par ailleurs une riche programmation de concerts, qui a entremêlé poésie et musique. «Ce qui est frappant aux Pays-Bas, c’est que la poésie ne se déroule plus seulement sur le papier, mais aussi sur la scène. La lecture publique est devenue plus importante pour la poésie, à la fois pour la visibilité des poètes et pour l’économie du livre.» La poésie occupe encore aux Pays-Bas, contrairement à la France, une petite place dans la presse, à la radio et à la télévision, où des poètes sont invités de temps en temps à prendre la parole.
Le 13 juin 2019, la revue Septentrion
organise à Paris, en marge du Marché de la poésie, une présentation littéraire avec les auteurs Gerry van der Linden, Ilja Leonard Pfeijffer, Charlotte Van den Broeck et Lies Van Gasse. Cet événement est réalisé à l’initiative de l’association Ent’revues et en collaboration avec le Nederlands letterenfonds et la Délégation générale du Gouvernement de la flandre en France.