Michel Quint et Annie Degroote, le Nord et le Pas-de-Calais honorés
Tous deux originaires du nord de la France, Michel Quint et Annie Degroote fêtent leurs 70 ans cette année. Ces deux auteurs aux styles bien différents – Quint spécialisé dans le policier et Degroote préférant retracer l’histoire et les mœurs de la Flandre – aiment mettre leur région à l’honneur dans leurs œuvres.
Michel Quint est originaire de Leforest, dans le Pas-de-Calais. Après avoir obtenu sa licence en lettres classiques et une maîtrise d’études théâtrales, il devient professeur de lettres classiques. Il commence sa carrière d’auteur en écrivant des pièces de théâtre pour Théâtre Ouvert et ensuite pour France Culture – qui diffuse également ses pièces radiophoniques. En 1980 il décide de s’adonner au roman noir et ce n’est qu’en 1989 qu’il reçoit le Grand Prix de la littérature policière pour Billard à l’étage. En seulement 192 pages, Quint nous tient en haleine avec l’histoire de Joseph, un étranger qui a été témoin du meurtre d’Ida, jeune fille muette et protégée des habitués du Bar de la Marine.
Cependant, c’est grâce à Effroyables jardins, paru en 2000 qu’il s’est fait connaître du grand public. Jean Becker en a réalisé l’adaptation au cinéma en 2003 et il a également été joué de nombreuses fois au théâtre. Il est paru en néerlandais sous le nom De tuinen van de herinnering aux éditions De Bezige Bij. Ce roman nous ramène dans les années cinquante, dans la peau d’un jeune garçon qui ne supporte plus que son père se déguise en clown et se ridiculise. Jusqu’au jour où son oncle Gaston lui explique la véritable raison de ce spectacle.
Depuis, Quint a publié bon nombre de romans dont Veuve Noire, un roman policier historique qui, en 2014, lui a fait remporter la Plume de cristal au Festival international du film policier de Liège. Et en mars de cette année, il a publié Les aventuriers du Cilento.
Quint aime démontrer l’impact du passé sur le présent
Ce qui ressort de ses romans, c’est sa maîtrise du roman noir et policier, son attachement à sa région natale mais aussi l’importance de l’histoire dans la vie de tous les jours. Quint aime démontrer l’impact du passé sur le présent. Il apprécie également de traiter des faits historiques en mélangeant assez souvent personnages fictifs et réels sur fond de région Nord-Pas-de-Calais. Cette région, il l’a mise à l’honneur dans son article « Tumuli » paru en 2015 dans les annales De Franse Nederlanden-Les Pays-Bas Français ; dans ce texte il ressasse quelques souvenirs de son enfance et témoigne de ce qu’on appelait alors « les gueules noires ». Il a également participé à l’élaboration du livre Frontière/Grens 1713-2013 dont le thème principal est la frontière septentrionale de sa région.
Quint et les Diables
Dire que Quint aime sa région est une litote. Mais plus que sa région, il aime la Belgique et ses Diables. En 2011, il publie un article dans Septentrion sur son trajet en train de Lille à Anvers à l’occasion de la Saint-Valentin. Et en 2016, il retrace fièrement et en détails l’histoire des Diables Rouges ; il remonte aux origines de l’équipe et termine par le championnat d’Europe (en ne manquant pas de faire les louanges de Eden Hazard). Dans son roman policier Misérables
il mentionne d’ailleurs l’Euro 2016 ainsi que l’équipe nationale. À 70 ans, Quint n’a toujours pas fini de nous raconter des histoires pleines de suspense ni de soutenir les Diables.
Degroote et l’amour du Nord
Annie Degroote, qui fêtera ses 70 ans ce 16 décembre, est née à Hazebrouck dans le Nord. Elle fit ses études à l’université de Lille et au conservatoire d’art dramatique de Lille. Ensuite, elle partit à Paris en 1971 et suivit les formations de Jean Perimony et Sarah Sanders. Elle a interprété des classiques (Molière, Musset, Tchekhov, …) et a aussi participé à la réalisation de certaines pièces. Elle a également joué pour le cinéma et la télévision.
Ce n’est qu’en 1994 qu’elle publia son premier roman La Kermesse du diable qui rencontra un énorme succès. Grâce à celui-ci et à ses deux romans suivants – Le cœur en Flandre et L’oubliée de Salperwick – elle remporta en 1998 le Grand Prix des Lettres de la Société des Arts, Sciences et Lettres de la ville de Lille. En 1994 La Kermesse du diable lui fit gagner les prix Bernanos, Gabrielle-d’Estrées et de la Renaissance française. L’histoire concerne Renelde, jeune Flamande du XVIIème siècle qui, après de nombreuses épreuves, décide de créer sa « chambre de dentelles » pour orphelines. Elle pensait avoir trouvé la paix jusqu’au jour où elle croisa le regard de monsieur Grégoire, soupçonné d’hérésie.
Elle est la marraine du géant Jean-Charles
Tout comme Quint, Degroote aime inclure sa région dans ses histoires. À l’exception de L’étrangère de Saint-Pétersbourg et Les perles de la Moïka, tous ses romans explorent l’histoire de Flandres et rendent ainsi hommage à sa terre natale. En 2014 elle publie même Fier d’être Nordiste, véritable hymne à la région Nord-Pas-de-Calais aux allures de guide touristique et historique. En 2018, suite à la réédition de Les amants de la petite reine, elle reçut la médaille d’honneur de la ville d’Hazebrouck pour la manière dont elle fait rayonner sa région dans ses romans. À l’instar de Quint, elle a participé à l’élaboration du livre Frontière/Grens 1713-2013. On la retrouve également dans Les Pays-Bas Français en 2015 où elle fait l’apologie des géants. En outre, elle est la marraine du géant Jean-Charles, géant des écoliers de Steenvoorde, et clame haut et fort « être très fière d’être la marraine d’un géant des Flandres ». Même si son dernier roman Nocturne pour Stanislas est paru en 2017, Annie Degroote n’a pas fini de célébrer la Flandre à l’aide de ses histoires.