«Monsieur, vous ne dansez pas?»: L’art de l’insoumission chez Isabelle de Charrière
Le 27 décembre 1805 est décédée Isabelle de Charrière, femme de lettre hollandaise et suisse d’expression française aussi connue sous le nom de Belle de Zuylen. A cette occasion, Luc Devoldere retrace le parcours de cette femme anti-conventionnelle et insoumise, ce dont témoigne la lettre de Charrière adressée au baron d’Hermenches qui accompagne l’article.
Vous aviez bien raison que je voudrois rien pour votre femme nous sommes parfaitement d’accord là-dessus, je n’ai pas les talents subalternes.
– Isabelle de Charrière à James Boswell (lundi 18 juin 1764)
Cette femme a débuté dans la vie publique par un coup de tonnerre. C’était en 1760, elle avait vingt ans. Dans un bal, à La Haye, elle aperçut un officier suisse, le baron (David-Louis) Constant d’Hermenches (1722-1785). Il avait dix-huit ans de plus qu’elle, était marié, avait une réputation de séducteur et portait, sur le front, un bandeau qui dissimulait la cicatrice d’une blessure contractée au cours d’un combat.
«Monsieur, vous ne dansez pas?» L’officier aurait répondu que ses pieds le conduiraient là où elle le souhaitait. Mais c’est trop beau pour être vrai.
Le monde ne s’arrêta pas de tourner ce soir-là, mais la noblesse néerlandaise présente au bal retint son souffle. Cette danse scella une amitié qui prit la forme d’une correspondance secrète, appelée à se poursuivre pendant plus de quinze ans.
Les parents de Belle de Zuylen emmenèrent leur fille du bal, mais le ton d’une vie était donné. Belle, que d’Hermenches appelait Agnès, ne verrait qu’en de rares occasions son officier de l’armée d’Etat en chair et en os, mais l’échange de lettres provoqua en elle un déclic. Si le mot franchise n’existait pas, il faudrait l’inventer pour qualifier cette correspondance.
Nous devons être reconnaissants à d’Hermenches d’avoir conservé les lettres de Belle, bien que celle-ci l’ait conjuré de les brûler ou de les lui renvoyer. Il leur attribuait plus de valeur qu’à celles de Voltaire.
Belle de Zuylen (1740-1805), connue sous le nom d’Isabelle de Charrière, a écrit des nouvelles, des pièces de théâtre, des livrets, des pamphlets, de la musique, mais c’est dans ses lettres qu’elle excelle. Des lettres! Une espèce menacée. Et pourtant. La lettre est complaisante. Elle accepte beaucoup de genres: l’anecdote et le commérage, la digression et la méditation, l’opinion et le récit, le trivial et le distingué. Elle passe insensiblement de l’un à l’autre. Tout est permis dans une lettre.
Intéressons-nous à celle que Belle écrivit à Constant le 25 juillet 1764. Il y est question d’un marquis qui lui a adressé une demande en mariage. François Eugène Robert Noyel, marquis de Bellegarde, seigneur des Marches et de Cursinge (1720-1790), était membre d’une famille éminente des environs de Chambéry. Il était un grand ami de Constant d’Hermenches, qui l’avait présenté à Belle comme candidat possible au mariage. Au début, Belle était très enthousiaste, car cette union leur permettrait, à elle et à d’Hermenches, de se voir plus souvent et plus facilement. Son officier devait, en effet, retourner en France en 1765. Elle pourrait aussi se libérer de l’emprise parentale.
Bellegarde avait vingt ans de plus que Belle. Ses parents, qui avaient rencontré le marquis des années auparavant, n’étaient pas favorables à ce mariage. Le marquis était catholique, sa situation financière suscitait des questions et il avait sans doute aussi (eu) une maladie sexuelle. Malgré l’euphorie de Belle et d’Hermenches en cet été de 1764, le projet n’eut pas de suite. Le marquis lui-même ne se montrait d’ailleurs pas vraiment enthousiaste, ce qui, bien sûr, n’arrangeait rien.
nous sommes parfaitement d'accord là-dessus, je n'ai pas les talents subalternes
Il est intéressant de noter qu’à ce moment, James Boswell, l’écrivain écossais, qui avait le même âge que Belle, avait également adressé une demande au père de la jeune fille. Pendant un certain temps, Belle et Boswell badineraient, dans leurs lettres, tout en prétendant, avec trop d’insistance, qu’ils étaient amis. Finalement, cette demande resterait, elle aussi, sans lendemain, car Boswell imposait de nombreuses conditions à Belle en cas de mariage. Conditions que Belle n’acceptait évidemment pas. Elle n’avait aucune disposition pour la soumission, comme elle le lui avait déjà fait savoir dans une lettre datée du 18 juin 1764.
Dans la lettre à d’Hermenches, Belle spécule avec désinvolture sur l’éventualité d’un mariage avec le marquis. La spontanéité et la franchise de la femme de vingt-quatre ans jaillissent de la page. Un esprit est à l’œuvre ici, qui révèle ses doutes et ses contradictions, les observe en pleine lumière et les analyse finement, sur un ton badin. Voici comment Belle décrit son caractère à son prétendant, par l’intermédiaire d’Hermenches.
«Tantot musicienne, tantot geometre, tantot soit disant poete, tantot femme frivole, tantot femme passionnée, tantot froide et paisible philosophe peut-être aussi que cette diversité lui plairoit ; je suis bien sure du moins que je ne l’ennuyerois pas qu’il ne se lasseroit pas de moi ; et pour le fond de mon coeur il le trouveroit tous les jours le même ; mes impatiences sont rares et courtes, la colere je ne la connois presque pas, je suis douce et patiente quand je souffre, quand je pleure je ne gronde point.»
Ce ne sont pas les bonnes manières qui la guident, mais la sincérité: elle veut être droite. Appelons cela l’intégrité: «je veux être sure que vous me connoissez je vous dois et a votre ami cet abandon cette sincérité sans reserve, peut-être mon langage ne sera pas celui de la decence mais quest-ce que la decence au prix de la probité.»
Belle se présente comme une personnalité extrêmement curieuse, ouverte à toute expérience. S’il n’y avait ses parents, qu’elle ne veut pas blesser, elle aurait voulu être la célèbre courtisane salonnière Ninon de Lenclos (1620-1705). «J’ai un Père et une Mère je ne veux pas leur donner la mort ni empoisonner leur vie, je ne serai pas Ninon, je voudrois être la femme d’un honnête homme, femme fidèle et vertueuse, mais pour cela il faut que j’aime et que je sois aimée.» Dans ce cas, amie ou amante, elle lui sera très attachée. Cependant, il devra aussi y mettre du sien: «je ne me négligerai jamais sur le soin de lui plaire et de l’amuser – surement aussi il m’aimera ; mais fera-t-il quelquechose pour que ce bonheur ne s’éteigne pas?»
Telle se présente Belle: à prendre ou à laisser
Pour Belle, le tempérament est plus important que la vertu: une femme galante est plus facile à supporter qu’une femme irascible, affirme-t-elle, et un époux infidèle est de loin préférable à un bougon revêche: «L’article de l’humeur est presque aussi important que celui de la vertu, non il l’est davantage ; une femme galante est plus suportable qu’une femme acariâtre et j’aimerois beaucoup mieux un mari infidèle qu’un mari boudeur ou brutal.»
Belle veut tout connaître, tout vivre. Rien ne la laisse indifférente. Son futur époux doit donc aussi accepter ses sautes d’humeur: parler sans arrêt, se taire pendant des heures ; éclater de rire et fondre en larmes: «Tout a droit de m’affecter, pas un moment dans la vie ne m’est indifférent, tous mes moments sont heureux ou malheureux, ils sont tous quelque chose. Pourvu que je ne sois jamais injuste, jamais aigre, jamais emportée, me pardonnera-t-il de l’etourdir quelquefois a force de paroles d’être quelquefois des heures sans parler? De m’abandonner quelque fois pour un rien a une gayté immoderée, de pleurer quelquefois sans en savoir presque la raison?» L’homme qu’on aime doit en être capable.
La femme était restée fidèle à la jeune fille qui avait invité un homme à danser
Telle se présente Belle au marquis, par l’intermédiaire d’Hermenches. A prendre ou à laisser. Rien ne se passa. Belle épousa, quelques années plus tard, le précepteur suisse de son frère et fila à Colombier, sur le lac de Neuchâtel. Le couple n’eut pas d’enfants. Etait-ce un mariage heureux? Tout ce qu’on peut dire, c’est que son époux laissa toute liberté à Belle. Elle écrivit, composa de la musique, tint salon et fut le mentor de beaucoup de gens. Son dernier protégé fut Benjamin Constant, de vingt-six ans son cadet. Elle le rencontra en 1786 et resta en contact avec lui jusqu’à sa propre mort, bien qu’elle se fâchât lorsqu’il se mit à fréquenter Mme de Staël, qui avait le même âge que lui.
Par deux fois, Belle défia le village de Colombier ; elle garda sa servante qui était enceinte et elle refusa de révéler le nom du père de l’enfant. La femme était restée fidèle à la jeune fille qui avait invité un homme à danser. Je m’incline devant cette femme anti-conventionnelle, insoumise.
Source : p. 215-218 de la partie I de Isabelle de Charrière/Belle de Zuylen : Oeuvres complètes (Amsterdam : G.A. Van Oorschot, 1979-84).
Lettre 107, 25 juillet 1764
Au baron Constant d’Hermenches, 25 juillet 1764
Ce mecredi matin.
Je ne songeai l’autre jour qu’a vous repondre; sans tarder sans deliberer un instant je vous montrai une confiance entiere je ne vous parlai point Monsieur de ma reconnoissance, mais j’espere que vous l’avez devinée aussi vive qu’elle l’est. Laissez moi cependant vous en parler aujourdhui, laissez moi vous dire que j’ai de l’admiration pour votre coeur, pour vos procedés; si ce que vous faites est un effort vous avez raison de le nommer l’effort le plus sublime; il est donc bien vrai que je vous suis chere, que sans penser a vous c’est mon bonheur que vous voulez! Quel que soit le succés ma gratitude sera eternelle.
Je n’ai jamais été plus flattée en ma vie. Le marquis me voit un moment et je lui plais; vous qui me connoissez et qui etes son ami vous souhaitez que je devienne sa femme. Je dis que vous me connoissez mais cela est-il bien vrai, bien sur? Je ne me suis jamais parée dans mes lettres de fausses vertus, mais je ne vous ai dit que ce que je pensois de mieux; vous avez pu voir peut-être que je savois raisonner juste mais vous ignorez si j’agis raisonnablement.
Quand meme vous seriez bien au fait de ma conduite vous pouriez encor ne me pas connoitre je ne suis pas libre d’agir
comme il me plait; pour bien aprecier les gens pour savoir ce qu’ils sont ce qu’ils seront toujours il faudroit voir le fond de leur ame independamment des circonstances qui peuvent changer. Vous veriez la mienne comme cela si j’avois voulu car je la connois bien, mais outre que ce spectacle n’avoit rien d’interressant pour vous j’avois des raisons pour en cacher une partie.
Depuis que vous connois on m’a repeté mille fois que vous étiez le plus libertin et le plus adroit des hommes qu’une femme étoit coupable de la plus grande imprudence en se liant avec vous. L’accusation de libertinage on l’apuyoit de vieilles et nouvelles histoires; je voyois bien moimême que vous étiez insinuant que vous obteniez toujours mes lettres, que vous m’aviez attachée a vous dés le premier moment de notre connoissance tout autant que vous l’aviez souhaité, tout cela n’etoient pas des raisons sufisantes pour me faire renoncer a une liaison qui me plaisoit et dans laquelle je ne me reprochois rien, mais c’en etoit assez pour empecher d’indiscrets épanchemens qui d’ailleurs n’étoient point amenés par les circonstances.
si j’aimois si j’etois libre il me seroit bien dificile d’être sage. Mes sens sont comme mon coeur et mon esprit, avides de plaisirs, suceptibles des impressions les plus vives et les plus delicates
J’ai mis entre vous et moi une reserve plus scrupuleuse que je n’ai coutume d’en avoir; outre le motif de la prudence j’en avois un plus fort, je croiois que nous en deviendrions meilleurs tous deux de parler le langage de la vertu et de n’en parler point d’autre, et j’etois bien aise de penser que cette correspondance dont le prejugé me faisoit un crime au lieu de me familiariser avec le desordre vous raccomoderoit peut-être avec le devoir.
Me trouvez vous orgueilleuse et extravagante? Non, vous me trouvez vraye et capable des meilleures intentions. Mais il n’est pas question de faire mon eloge, il faut continuer. Vous avez donc vu combien je respecte la vertu et la raison et vous n’avez pu voir a quel point je pourois les oublier; peut-être le soupçonnez vous; ma phisionomie parle, l’experience eclaire votre penetration mais cela ne sufit pas aujourdhui je veux être sure que vous me connoissez je vous dois et a votre ami cet abandon cette sincerité sans reserve, peut-être mon langage ne sera pas celui de la decence mais quest-ce que la decence au prix de la probité.
Eh bien donc si j’aimois si j’etois libre il me seroit bien dificile d’être sage. Mes sens sont comme mon coeur et mon esprit, avides de plaisirs, suceptibles des impressions les plus vives et les plus delicates. Pas un des objets qui se presentent a ma vue, pas un son, ne passe sans m’aporter une sensation de plaisir ou de peine; la plus imperceptible odeur me flatte ou m’incomode, l’air que je respire un peu plus doux un peu plus fin influe sur moi avec toutes les diferences qu’il eprouve luimême. Jugez du reste apresent, jugez de mes desirs et de mes degouts.
peut-être mon langage ne sera pas celui de la decence mais quest-ce que la decence au prix de la probité
Si je n’avois ni Pere ni Mere je serois Ninon peut-être, mais plus delicate et plus constante je n’aurois pas tant d’amants, si le premier eut été aimable je crois que je n’aurois point changé et en ce cas là je ne sai si j’aurois été fort coupable, j’aurois du moins pu racheter par des vertus l’offense que j’aurois faite à la societé en secouant le joug d’une regle sagement etablie. J’ai un Pere et une Mere je ne veux pas leur donner la mort ni empoisonner leur vie, je ne serai pas Ninon, je voudrois être la femme d’un honnête homme, femme fidele et vertueuse, mais pour cela il faut que j’aime et que je sois aimée.
Quand je me demande si n’aimant guere mon mari je n’en aimerois pas un autre, si l’idée seule du devoir le souvenir de mes serments, me defendroit contre l’amour contre l’occasion, une nuit d’Eté … je rougis de ma reponse; mais si nous nous aimons, si mon mari ne dedaigne pas de me plaire s’il met un grand prix a mon attachement, s’il me dit je ne vous tuerai pas si vous etes infidele, mais je serai d’autant plus malheureux de ne pouvoir plus vous estimer que je vous aimerai peut-être encore, en ce cas dis-je, je pense, j’espere, je crois fermement que je fuirai tout ce qui pouroit me seduire que je ne manquerai jamais aux lois de la vertu.
Est-ce assez Monsieur pour que vous puissiez me donner sans scrupule a votre meilleur ami? Est-ce plus est-ce moins qu’il ne pouroit se promettre d’une autre femme? Surement je lui serai vivement attachée, s’il veut je serai son amie sa maitresse, je ne me negligerai jamais
sur le soin de lui plaire et de l’amuser surement aussi il m’aimera; mais fera-t-il quelquechose pour que ce bonheur ne s’eteigne pas? Suposé que je lui parusse capable d’une foiblesse ne me traiteroit-il plus qu’avec defiance et mepris ou bien m’attacheroit-il a lui me conserveroit-il par des preuves de tendresse et de confiance? Suposé que mon coeur, mon coeur seul, eut été un moment coupable, un aveu, un sincere retour obtiendroit-ils grace?
Ouvrez moi votre coeur dans tous ses replis me dites vous. Ah! vous devez être satisfait! Comment trouvez-vous ce coeur ainsi deployé? Dites moi sincerement si vous le meprisez, si aprés cette lettre vous me trouvez beaucoup audessous de ce que vous avez pensé auparavant. Au reste je n’exige pas que vous me repondiez du marquis sur ce que je viens de dire, ce que vous m’avez dit ce que j’ai vu me persuade que je serois plus heureuse avec lui qu’avec un autre, ce n’est pas pour moi que j’ai des craintes, c’est vous et lui que je ne veux pas tromper.
Tout a droit de m’affecter, pas un moment dans la vie ne m’est indiferent, tous mes moments sont heureux ou malheureux, ils sont tous quelquechose
L’article de l’humeur est presque aussi important que celui de la vertu, non il l’est davantage; une femme galante est plus suportable qu’une femme accariâtre et j’aimerois beaucoup mieux un mari infidele qu’un mari boudeur ou brutal. Je ne suis certainement pas mechante, ni grondeuse, ni dificile, ni capricieuse cependant je ne suis point egale; ces organes si delicats ce sang si bouillant ces sensations si vives rendent ma santé et mes esprits suceptibles de changements que je n’ai jamais vu si grands si rapides si etranges dans qui que ce soit, si on ne me reconnoissoit a mon coeur et a mon visage, on pouroit d’un moment a l’autre me prendre pour deux personnes diferentes, pour six personnes quelquefois dans le cours d’une journée. Tout a droit de m’affecter, pas un moment dans la vie ne m’est indiferent, tous mes moments sont heureux ou malheureux, ils sont tous quelquechose.
Pourvu que je ne sois jamais injuste, jamais aigre, jamais emportée, me pardonnera-t-il de l’etourdir quelquefois a force de paroles d’être quelquefois des heures sans parler? De m’abandonner quelque fois pour un rien a une gayté immoderée, de pleurer quelquefois sans en savoir presque la raison? Les vapeurs que me donne l’inaction, les vapeurs que j’ai d’epuisement quand je me suis trop occupée ne me rendront-elles pas ridicule et insuportable?
Je puis bien me faire violence, faire taire mes joyes et rire dans le chagrin, mais c’est avec des etrangers que l’on se gene a ce point plutot qu’avec un mari que l’on aime. Au reste quand je l’etourdirois il n’auroit qu’a m’imposer silence, quand je lui romprois la tête d’un air d’un livre, d’un ton d’un rien, il n’auroit qu’a se moquer de moi et me laisser seule m’amuser de ma folie.
Tantot musicienne, tantot geometre, tantot soit disant poete, tantot femme frivole, tantot femme passionnée, tantot froide et paisible philosophe peut-être aussi que cette diversité lui plairoit; je suis bien sure du moins que je ne l’ennuyerois pas qu’il ne se lasseroit pas de moi; et pour le fond de mon coeur il le trouveroit tous les jours le même; mes impatiences sont rares et courtes, la colere je ne la connois presque pas, je suis douce et patiente quand je soufre, quand je pleure je ne gronde point.
Voila que est fini, j’ai tout dit je pense, vous pouvez juger de moi comme de ma fortune; si je ne vaux pas assez si je ne suis pas assez riche dites le sincerement sans menagement sans detour. Faites de ma confession tout ce qu’il vous plaira, montrez la toute ou en partie; je m’abandonne a votre dicernement et a votre amitié. Il me reste a vous expliquer les articles sur lesquels je voudrois savoir si les idées du Marquis et les miennes s’accorderoient. Ce sera pour cette aprés dinée si je puis si non je vous enverai toujours ceci et demain je reprendrai la plume.