À l’occasion du 25e anniversaire de CODART, nous vous présentons chaque mois l’un des cent chefs-d’œuvre exceptionnels de l’art néerlandais et flamand du début de l’ère moderne (1350-1750) sélectionnés par des conservateurs de musée du monde entier pour figurer dans le canon CODART. Cette fois-ci, tous les regards se tournent vers Nature morte au petit déjeuner de Pieter Claesz.
Un petit panneau, des couleurs sourdes, une lumière tamisée et quelques objets: avec très peu de moyens, Pieter Claesz. a créé tout un monde qui éveille nos sens et nous captive par toutes ses nuances. Nous pouvons y apprécier la bière mousseuse, le velours doux, le hareng scintillant et le petit pain croustillant.
© Museum Boijmans Van Beuningen, Rotterdam / photo par Studio Tromp
Il y a une rigueur géométrique dans le motif gaufré du gobelet et les plis du linge, ainsi que dans le désordre pictural créé par la dispersion des coquilles de noix et la diagonale du couteau. La fragilité du verre contraste avec la solidité de l’étain. Nous voyons un luxueux petit pain fait de farine blanche et un humble hareng.
Le plan rapproché crée un effet d’intimité, mais le reflet d’une fenêtre laisse entrevoir le monde extérieur. J’admire évidemment les pronkstilleven (natures mortes) de Claesz. à Cologne, mais l’équilibre artistique et la pureté minimaliste placent cet ontbijtje (petit déjeuner) de Rotterdam dans une ligue à part.
© Museum Boijmans Van Beuningen, Rotterdam / photo par Studio Tromp
Anja Sevčík, directrice du département de peinture baroque, Wallraf-Richartz-Museum & Foundation Corboud, Cologne.