Qu’en est-il actuellement du néerlandais standard? Existe-il un standard, une norme, pour l’ensemble de l’aire néerlandophone en Europe ou est-ce qu’aujourd’hui Flamands et Néerlandais, comme le veut une boutade, sont séparés par la même langue?
Disons que le néerlandais est une langue pluricentrique. Qu’il existe un standard pour le néerlandais des Pays-Bas et un standard pour le néerlandais de Belgique. Il existe en effet des différences perceptibles dans la prononciation et le lexique. On s’y fait. C’est même riche d’enseignements et d’amusements. Variation linguistique. C’est la nouvelle devise, le nouveau mantra. Comprenez-moi bien. Que mille fleurs s’épanouissent. Les variétés et les registres linguistiques existent. Ils enrichissent notre langue. Dans d’autres langues, grandes ou petites, nous observons des différences comparables. J’ai pourtant la conviction qu’en 2020 en Flandre une seule variété de néerlandais doit pouvoir recevoir notre soutien: celle de la langue standard. Je m’appuie ici sur le «Manifeste pour le néerlandais en Belgique» de l’Académie royale de langue et littérature néerlandaises publié en 2011. Je cite: «Cette langue standard ne peut plus toujours compter sur le soutien et le soin apportés par des groupes de référence auxquels incombe la responsabilité de la transmettre au public. (…) Jusque dans les années 1980 environ, il existait un consensus sur la direction que devait prendre la communauté linguistique flamande: celle de la langue standard, le néerlandais. Depuis, ce consensus s’est effrité. La tolérance vis-à-vis des variétés différentes de la langue standard a gagné du terrain».
La spécificité de la situation linguistique en Flandre tient précisément au fait que cette tolérance est plus forte dans un environnement où la standardisation est faible. Cela s’explique, car voilà guère plus de quatre-vingts ans que les Flamands acquièrent le néerlandais standard. L’Académie demande donc d’accorder son attention à la langue standard – le néerlandais parlé et écrit en Belgique – ainsi qu’aux registres de langue plus formels, qui doivent conserver leur légitimité sur la place publique. Les pouvoirs publics, l’enseignement et les médias jouent un rôle déterminant à cet égard. L’Académie est d’avis qu’il est possible de mettre en avant une norme linguistique sans frustrer ni rabaisser les usagers. Plus encore, elle estime que la mise en avant de cette norme peut justement avoir un effet émancipateur. Cela ne vaut pas seulement pour les néerlandophones. Les allophones, dont nos compatriotes francophones et les nouveaux venus, auxquels nous demandons à juste titre d’apprendre notre langue, peuvent ainsi bénéficier d’une norme claire. Voilà. Je ne saurais mieux dire.