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Quelles sont les priorités des Flamands à la veille des élections?

Les élections de 2024 s’annoncent cruciales pour l’avenir du pays. Le cordon sanitaire va-t-il résister? Quelles sont les priorités des partis flamands? Quels enjeux animent les citoyens au nord du pays? À travers leur périple de 300 kilomètres à vélo, le journaliste Aubry Touriel et le photographe Jef Van den Bossche tentent de trouver réponses à ces questions. Dans le Brabant flamand, ils ont interrogé les citoyens sur leurs préoccupations politiques.

Migration, économie et mécontentement vis-à-vis des politiques… Voici les thèmes qui préoccupent le plus les Flamands, selon De Stemming (Le vote), une enquête commandée par la chaîne publique flamande VRT NWS et le quotidien De Standaard. Mais les sondages d’opinion et les enquêtes reflètent-ils vraiment la réalité ou la créent-ils? Pour répondre à ces questions, Aubry Touriel et Jef Van den Bossche vous emmènent au Brabant flamand.

Sur le marché de Vilvorde, Vincent, un jeune papa de 29 ans, se demande quel parti le représente vraiment: «On se demande si notre vote a réellement un impact. Bien sûr je sais que oui. Nous vivons dans une démocratie et chaque vote compte. Ce qui me manque, c’est le sentiment de trouver un parti dans lequel je peux me retrouver à 80%. C’est très difficile en ce moment.»

Ses priorités pour les prochaines élections? «Le climat, l’énergie. C’est un sujet très sensible, parce que nous avons besoin d’énergie, c’est évident. Mais où allons-nous la trouver? De l’énergie verte? Le nucléaire? Je suis d’ailleurs personnellement pour. Mais pour l’instant, c’est difficile d’y voir clair. Cela deviendra probablement un peu plus clair étant donné qu’ils sont maintenant en pleine campagne et qu’ils sont partout dans les médias.»

Les centres-villes meurent…

Sur leur route, Aubry et Jef se rendent dans le centre de services locaux Far West à Vilvorde, une sorte de maison de quartier. Solange et Jeannine, deux participantes aux ateliers numériques, partagent leur point de vue sur les changements dans le centre-ville et l’importance de l’apprentissage du néerlandais pour une meilleure intégration.

Jeannine souligne le caractère flamand de Vilvorde: «Pendant le coronavirus, on envoyait des lettres dans toutes les langues: arabe, flamand, allemand, anglais. C’est une ville flamande ici. Si vous venez vivre ici, vous devez apprendre le néerlandais. Il y a des gens qui ne savent pas lire le calendrier des collectes des poubelles ou le courrier de la commune. Sinon, c’est difficile d’échanger.» Un avis nuancé par Solange qui estime que la ville fait beaucoup pour favoriser l’intégration.

Elles sont néanmoins toutes les deux d’accord sur un point: le centre-ville est en train de mourir et le nombre de magasins inoccupés ne cesse de grimper. Pour Jeannine, c’est le manque d’accessibilité en voiture qui en est la cause: «Les gens qui ont des difficultés à marcher ne peuvent pas aller de ce parking aux magasins. C’est impossible, c’est beaucoup trop loin. Il n’y a pratiquement plus de place de parking dans le centre. C’est pour ça que le centre disparaît.»

L’épisode se termine autour d’un repas chez Geert, un informaticien engagé dans le projet Adlens, un collectif qui collecte et analyse les dépenses des partis politiques sur les réseaux sociaux. Geert trouve que les partis politiques reçoivent trop d’argent et prône une meilleure gestion de ces fonds: «Ils ne devraient pas avoir autant d’argent. Mais ils dépensent aussi beaucoup d’argent dans l’immobilier pour acheter des maisons et des bâtiments. Au départ, ce n’est pas pour ça qu’ils reçoivent de l’argent.»

Sa fille d’accueil, Nadia, 17 ans, regrette que les jeunes s’intéressent peu à la politique. « Nous sommes la prochaine génération. C’est nous qui pouvons changer les choses. Mais nous allons certainement en apprendre plus sur les élections. J’espère donc que mes camarades changeront d’avis. Voici mon message : si vous écoutez et que vous êtes jeune, surtout allez voter quand vous aurez 18 ans ! Merci d’avance.

Attention aux sondages!

Ce n’est pas sur la base d’une dizaine d’interviews que l’on peut réellement déterminer avec précision l’avis de l’ensemble des citoyens flamands. Pour prendre le pouls de la population, les médias commandent très régulièrement des enquêtes d’opinion ou des sondages.

Cependant, attention à la valeur réelle de ce que représentent ces sondages, avertit Dave Sinardet, professeur en sciences politiques: «Je dis toujours que les sondages créent plus de réalité qu’ils n’en reflètent. Il ne faut pas non plus que les gens pensent que tout est déjà joué, que finalement voilà, leur vote n’aura plus d’effet ou d’importance.»

Jos Geysels trouve aussi que les sondages créent ce sentiment de réalité. Selon lui, ce n’est pas le classement des partis politiques ou des politiciens les plus populaires qui importent, mais le contenu: «La démocratie et la couverture de la démocratie, c’est bien plus qu’un tableau des scores. “Qui est le gagnant? Qui est le perdant? Est-ce qu’il ou elle s’est bien débrouillé(e)?” Non, la démocratie est toujours une question de contenu. À mes yeux, c’est ça l’enjeu du 9 juin. Où va-t-on avec la Belgique, la Flandre, la Wallonie, la Communauté française? Où allons-nous? Dans quelle direction?»

Réalisation – prise de son – montage: Aubry Touriel
Photographie: Jef Van den Bossche
Illustration: Camille Toussaint
Habillage sonore et mixage: Luc Laret
Production: DaarDaar et les plats pays
Projet soutenu par le Fonds pour le journalisme et la Fédération Wallonie-Bruxelles.

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