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Sénat : les 70 ans du groupe interparlementaire d’amitié France – Pays-Bas

9 décembre 2019 5 min. temps de lecture

Tout comme l’Assemblée nationale, le Sénat compte un groupe interparlementaire d’amitié France – Pays-Bas. Celui-ci a été institutionnalisé au Sénat en 1949, et joue de nos jours un rôle essentiel dans la présence de la France aux Pays-Bas et vice-versa. Pour célébrer cet anniversaire, les quinze sénateurs français membres se sont réunis en colloque avec plusieurs invités le 3 décembre 2019.

Ce groupe est l’un des plus anciens des 60 groupes similaires du Sénat. À l’origine, ces groupes avaient comme simple objectif de regrouper au sein d’une structure stable, et sur la base de la liberté d’adhésion, les sénateurs souhaitant établir et approfondir les liens avec leurs collègues d’un pays déterminé. Bien que la diplomatie parlementaire – pensez aux questions de politique étrangère sur le plan législatif, à l’organisation des visites d’État etc. – soit toujours restée l’un de leurs domaines d’action les plus importants, les activités interparlementaires du groupe se sont diversifiées. De nos jours elles concernent également la coopération industrielle, agricole, universitaire et culturelle, autant de terrains explorés lors de nombreux déplacements.

Le 3 décembre 2019, les sénateurs français membres se sont réunis en colloque avec leurs invités, parmi lesquels le sénateur néerlandais Joris Backer, les ambassadeurs concernés, des diplomates, la directrice du Collège néerlandais (de la Cité universitaire) et des représentants du Réseau franco-néerlandais. Ils ont fait part de leurs nombreuses activités, réfléchi sur le fonctionnement des «hautes chambres» dans les deux pays, et les centres d’intérêt de leur futur commun, mais également sur ce qui peut encore séparer les deux nations, malgré une «relation institutionnelle pacifiée», pour citer la formule de Luis Vassy, ambassadeur de France aux Pays-Bas.

Après avoir salué les projets que le président Macron a proposés pour l’Europe, M. Backer a déclaré que, notamment dans le cadre de la construction de l’Union européenne, la collaboration entre les deux sénats dans les domaines de l’industrie, de l’économie et de la défense est de la plus haute importance, des évènements comme le Brexit exigeant même une coopération plus étroite encore que dans le passé.

Par la suite, il a plaidé pour une réflexion commune sur le fonctionnement des sénats et leur capacité de faire des lois dans le contexte de sociétés changeant rapidement sous l’influence de phénomènes tels que l’élargissement de l’Europe, la numérisation et la décentralisation.

M. Pieter de Gooijer, ambassadeur des Pays-Bas en France, a fait état de l’ancienneté des relations diplomatiques franco-néerlandaises remontant en effet au XVIIe siècle, avant de confier à l’auditoire qu’il appelle de ses vœux une visite d’État en 2020 en vue de consolider cette bonne entente et de créer des collaborations concrètes. Les nombreuses coopérations réussies de ces dernières décennies prouvent bien qu’il existe un potentiel pour des projets communs dans les domaines de l’industrie (Danone, Transdev, Unilever, Heineken …), de l’innovation (chargeur solaire pour Renault Zoé, Utrecht), la culture (Mondrian à Paris, 2019 …) et de la recherche. En ce qui concerne ce dernier domaine, le directeur du Réseau franco-néerlandais Thomas Perrin a donné de très nombreux exemples de projets rapprochant les étudiants et les chercheurs des deux pays, allant de l’organisation d’ateliers et conférences à la remise de prix et à l’organisation de la mobilité des étudiants.

Par la suite la neurobiologiste Mme Sonja Janmaat a relaté son expérience concluante d’auteur de thèse sous co-tutelle franco-néerlandaise et ses actions en faveur d’échanges intellectuels et culturels en tant que directrice du Collège néerlandais de la Cité universitaire.

Deux pays complémentaires

Pour illustrer la longévité des relations franco-néerlandaises, M. Vassy a confirmé qu’il était en effet le 99e ou 100e
ambassadeur de France aux Pays-Bas. Selon lui, l’existence d’une multitude de projets concrets et d’actions en commun sur le plan de la politique internationale est la meilleure raison pour ne pas se laisser paralyser par les personnes qui soulignent l’énorme différence culturelle qui existe entre les cultures française et néerlandaise, même si ce clivage existe. Oui, la coopération est possible, et fructueuse. Les deux pays sont complémentaires: les Pays-Bas ont une longue tradition d’innovation et la France a une approche scientifique de longue date. Justement, de ce fait les échanges humains dans le cadre de la coopération s’avèrent extrêmement enrichissants.

Lors de la discussion, Jean-Pierre Decool, sénateur du Nord, a salué le rapprochement entre les Pays-Bas, la Flandre belge et la France grâce aux nombreux projets communs dans la région frontalière, mais il a mentionné aussi les distorsions à la concurrence qui existent au niveau de la coopération portuaire. Quant à l’autre sujet de discorde évoqué, à savoir la fiscalité complaisante des Pays-Bas envers les multinationales, M. de Gooijer a informé les auditeurs du travail bilatéral entamé avec la France et au niveau de l’UE, afin de revoir cette politique de taxation. Le sénateur Backer a ajouté qu’il y a des distorsions dans tous les domaines, aussi dans le social, et pas seulement avec la France. Le développement d’un pilier social pour l’Europe lui semble prioritaire.

M. Michel Boutant, sénateur de Charente, riche de son expérience en milieu rural, a mis l’accent sur les nombreux contacts entre Néerlandais et Français notamment grâce à la présence massive des Néerlandais en France pendant les vacances. Il est convaincu que la compréhension réciproque qui en résulte contribue à la bonne entente nécessaire à la collaboration économique.

Dans ce cadre, il rappelle la contribution néerlandaise à la poldérisation de la Vendée, et l’installation de nombreux agriculteurs néerlandais en France dans l’après-guerre et à nouveau dans les années 1980. D’ailleurs, nous confie-t-il, chez lui en Charente ses voisins directs s’appellent Van de Velde et Lohuis.

Un dernier intervenant a rendu toute son actualité à ce sujet en évoquant la probabilité d’une troisième vague d’immigration d’agriculteurs néerlandais – maintenant que les Pays-Bas ont l’intention de réduire le secteur agricole afin de limiter la production des dioxydes de carbone et d’azote. Aux Pays-Bas, dit-il, il y a des agriculteurs mais plus de terres, en France c’est l’inverse. Pour terminer, il a exprimé le souhait que les sénateurs néerlandais et français prennent en compte ce domaine si important pour notre futur commun.

Dorien-Kouijzer

Dorien Kouijzer

critique et journaliste culturel

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