«sentier d’eau», un poème de Gerrit Kouwenaar
Gerrit Kouwenaar (1923-2014) était l’un des poètes néerlandais les plus importants de la deuxième moitié du XXe siècle. Son œuvre a été récompensée par de nombreux prix, dont les prestigieux P.C. Hooft et le prix des Lettres néerlandaises. Pendant plusieurs années, son nom a en outre circulé parmi les candidats susceptibles d’obtenir le prix Nobel. Le poème «pad van water» est extrait de Totaal witte kamer paru en 2002 aux éditions Querido.
sentier d’eau
comme le temps, plus solitaire, salue un vieil ami
ainsi le vent caresse ici l’eau et le polder
derrière la digue la paix reprend encore haleine,
des chemins récents se hâtent lentement
dans la maison se rouille la photo des noces d’or
le fax frémit, le vin tremble dans le verre à lait
la guigne de mai dans la cour agite ses menottes transies
une fois encore le printemps est revenu, arrive le vanneau
le bétail au pelage plus rugueux est déjà dehors
un ciel identique pend plus bas, la mer est un étang
mais pour qui à la cave les salaisons fermentent-elles
déshéritées – il est écrit que rien ne nous manquera
au loin les villes s’approchent dans la brume –
pad van water
zoals de tijd, eenzamer, een oude vriend begroet
zo liefkoost de wind hier laagland en water
achter de dijk schept vrede nog adem, wegen
die er vroeger niet waren haasten zich langzaam
in het huis roest de kiek van het gouden bruidspaar
ritselt de fax, trilt de wijn in het melkglas
op het erf wuift de meikers haar kleumende handjes
het is weer eens voorjaar, straks komt de kievit
het vee staat al buiten in ruigere vachten
een eendere hemel hangt lager, de zee is een vijver
maar voor wie gist de inmaak onterfd in de kelder
niets zal ons ontbreken staat er geschreven
in de verte naderen beneveld de steden –