Sur les traces des libérateurs : la Route de la libération de l’Europe
La Route de la libération de l’Europe, un projet de la fondation Liberation Route Europe lancé en 2014, traverse neuf pays d’Europe et rassemble des milliers de données qui évoquent la période 1944-1945. Liberation Route Europe vient de lancer un deuxième projet, Europe Remembers, et a aussi inauguré le Liberation Tour Hiking Trail, qui permet de littéralement marcher sur les traces des libérateurs.
Entre
le débarquement en Normandie, le 6 juin 1944, et la capitulation
allemande le 8 mai 1945, qui marqua la fin de la Seconde Guerre
mondiale en Europe, il s’est passé moins d’un an. Cette année a
néanmoins généré d’innombrables histoires, les histoires
personnelles de ceux qui vécurent de près le combat acharné.
La
Route de la libération de l’Europe (Liberation
Route Europe)
est un projet qui vise à présenter ces histoires de façon
accessible à un large public international et à maintenir ainsi en
vie la mémoire de la Seconde Guerre mondiale. Entamé il y a dix ans
comme un projet régional destiné à relier entre eux les divers
lieux concernés par la guerre, le projet est aujourd’hui devenu
une route internationale de la mémoire qui traverse neuf pays
européens.
Un
projet régional devenu succès international
C’est
à l’initiative du bureau régional du tourisme d’Arnhem-Nimègue
que la Route de la Libération de l’Europe fut créée en 2008. En
24 endroits de la région, une stèle fut placée accompagnée d’un
panneau d’information sur un événement survenu à cet endroit.
© Fondation «Liberation Route Europe».
En
composant le numéro indiqué, les visiteurs pouvaient écouter avec
leur téléphone portable un récit audio. Des histoires personnelles
de 1944 et 1945 reprenaient ainsi vie. En collaboration avec un musée
de la Guerre et de la Libération dans la région de la Gueldre (dans
l’est des Pays-Bas), une route fut aménagée de stèle en stèle
pour les touristes.
Le
succès fut énorme. Au cours des années suivantes, d’autres
provinces néerlandaises rejoignirent l’initiative. La région
allemande de la Rureifel,
autour d’Aix-la-Chapelle, se montra également intéressée. C’est
ainsi que des portes internationales s’ouvrirent pour le projet,
notamment après que Martin Schulz, à l’époque président du
Parlement européen, eut accepté de parrainer la Route de la
libération de l’Europe début 2013.
À
ce moment, le projet pouvait déjà compter sur un soutien financier
pluriannuel du Nationaal
Fonds voor Vrede, Vrijheid en Veteranenzorg
(Fonds national pour la paix, la liberté et l’aide aux anciens
combattants), basé aux Pays-Bas.
Exactement
70 ans après le D-Day,
le 6 juin 2014, la Route de la libération de l’Europe fut
présentée officiellement lors d’une cérémonie organisée sur la
plage du débarquement d’Arromanches, en présence notamment de
Jeanine Hennis-Plasschaert, à l’époque ministre néerlandaise de
la Défense. Les années suivantes, le nombre de partenaires de la
Route de la libération de l’Europe ne cessa de croître.
Innovant
et durable
La
Route de la libération de l’Europe veut faire prendre conscience à
un large public du prix élevé qui fut payé pour la liberté. Cette
liberté ne peut être considérée comme allant de soi – tel est le
message porté par le projet. Celui-ci accorde une attention
particulière aux souvenirs de la guerre dans les différents pays
touchés et lance un appel à la réaction internationale, passant
notamment par l’étude de l’héritage complexe de la Seconde
Guerre mondiale sous différentes perspectives historiques. Il sert
également de lien entre le passé et la vie d’aujourd’hui en
Europe et dans d’autres parties du monde, et appelle à la
réconciliation internationale et à la réflexion sur la valeur de
nos libertés acquises non sans peine.
La
Route de la libération de l’Europe traverse aujourd’hui la
Grande-Bretagne, la France, la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas,
l’Allemagne, la Pologne, l’Italie et la République tchèque.
Elle rassemble ainsi des milliers de kilomètres de souvenirs,
d’histoires et de lieux qui évoquent la période 1944-1945. La
route suit le chemin historique de l’avancée des Alliés
(occidentaux) au cours de ces années, mais fait aussi quelques
détours. Par exemple en Italie, où la Libération commença dès
1943, ou dans la ville de Gdansk, en Pologne, où, près de deux
générations plus tard, une révolution démocratique éclaterait
pour mettre fin à la division de l’Europe.
© Fondation «Liberation Route Europe».
La
fondation Liberation
Route Europe,
qui organise le projet, collabore aujourd’hui avec plus de deux
cents partenaires répartis dans les pays précités. Divers
organismes basés aux États-Unis et au Canada soutiennent également
le projet. Tous partagent la volonté de rendre la Seconde Guerre
mondiale plus visible et plus accessible pour les visiteurs du monde
entier, en associant à cet épisode important de l’histoire
européenne des initiatives et des offres touristiques innovantes et
durables.
La
présentation du contenu se fait sous une perspective multiple: la
Seconde Guerre mondiale est décrite par différentes personnes dans
divers pays. Cette mise en perspective simultanée dans neuf pays
différents fait de la Route de la libération de l’Europe un
projet unique en son genre.
De
la Normandie aux Pays-Bas
Une
partie importante de la Route de la libération de l’Europe suit la
ligne qui relie la Normandie aux Pays-Bas. Sur ce parcours, les
souvenirs de la guerre surgissent véritablement de toutes parts.
La
libération de l’Europe occidentale commença le 6 juin 1944 avec
le débarquement en Normandie. Des troupes principalement
américaines, britanniques et canadiennes mirent pied à terre sur
cinq plages lors du célèbre D-Day.
Aujourd’hui, cette région propose aux visiteurs une multitude de
musées, monuments et lieux d’intérêt.
© Fondation «Liberation Route Europe».
La
Route de la libération de l’Europe a ouvert une grande partie de
ces lieux au grand public grâce à un site et une application en
cinq langues qui emmènent le public à travers la région. Chacun y
trouve son compte: des énormes cratères provoqués par les
bombardements aux milliers de croix blanches du cimetière américain
en passant par le centre Juno
Beach,
dédié aux Canadiens, et le musée Utah
Beach,
axé davantage sur les Américains.
Plus
loin sur la route, le visiteur passe par des villes d’importance
historique comme Caen et Paris pour arriver dans les Ardennes belges
et luxembourgeoises, région connue entre autres pour la bataille des
Ardennes, dernière offensive de l’Allemagne nazie en décembre
1944. Lors d’une lutte acharnée dans des conditions glaciales, des
dizaines de milliers de soldats perdirent la vie et d’innombrables
autres furent blessés. Dans la ville belge de Bastogne, l’imposant
mémorial du Mardasson et le Bastogne
War Museum
adjacent sont des lieux phares du tourisme de mémoire. Le musée
propose, suivant la méthode de la Route de la libération de
l’Europe, une présentation sous plusieurs perspectives et fait
voyager le visiteur dans les différents lieux qui virent se dérouler
la bataille des Ardennes. Le mémorial du Mardasson est un hommage
aux dizaines de milliers de soldats, pour la plupart de jeunes
Américains, qui tombèrent au combat dans la région.
Les
Pays-Bas, où est née la Route de la Libération de l’Europe, sont
aujourd’hui repris en grande partie dans le parcours, du sud du
Limbourg à la Drenthe et de La Haye à Enschede (à la frontière
allemande). Certains épisodes occupent ici une place centrale.
Ainsi, l’opération alliée Market
Garden
eut lieu en septembre 1944 dans une partie du Brabant-Septentrional
et en Gueldre, plus à l’est, pour finalement échouer près
d’Arnhem. Fin 1944, la bataille de l’Escaut fit rage dans une
autre partie du Brabant-Septentrional et en Zélande. Et en février
1945, l’offensive sur le Rhin commença autour de Nimègue et du
village voisin de Groesbeek.
À
l’aide, notamment, de près de deux cents bornes audio placées sur
les lieux des affrontements de 1944 – 1945 et proposant aux visiteurs
des récits en trois langues, la Route de la libération de l’Europe
fait revivre les histoires personnelles de témoins de la guerre aux
Pays-Bas.
En
route vers les 75 ans de la Libération
Récemment, le fondation Liberation
Route Europe a lancé une nouvelle grande campagne destinée au public: Europe
Remembers 1944-1945.
Étant donné que les grandes commémorations de 2019 et 2020 seront les dernières organisées en présence d’anciens combattants, la campagne
souhaite leur rendre hommage. Dans le cadre du projet, qui vise à
toucher 25 millions de visiteurs, un long chemin de randonnée a été inauguré entre Londres et Berlin, le Liberation
Route Hiking Trail.
Il est ainsi possible de littéralement marcher sur les traces de
ceux qui ont combattu pour notre liberté.