Miroir de la culture en Flandre et aux Pays-Bas

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«Trekhaak 73» plaide pour une nouvelle ligne ferroviaire le long de l’autoroute entre Furnes et Dunkerque
© Concorde 215 / Wikimedia Commons - CC BY-SA 4.0
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Société

«Trekhaak 73» plaide pour une nouvelle ligne ferroviaire le long de l’autoroute entre Furnes et Dunkerque

Une nouvelle liaison ferroviaire permettrait de faciliter le transport de fret au départ et à destination du port de Dunkerque et faciliterait le transport de personnes. C'est ce que soutient Trekhaak 73. L’association plaide depuis des années pour une revalorisation du train en tant que moyen de transport. Elle a élaboré un plan détaillé destiné à convaincre les pouvoirs publics d’investir dans une nouvelle liaison entre la France et la Belgique, même si elle est consciente que ce ne sera pas pour demain.

Trekhaak 73 est une association de fait lancée en 1986 par des sympathisants du rail –dont la plupart ont travaillé aux chemins de fer– et qui se présente comme un «groupe de travail politiquement indépendant qui vise à promouvoir les transports en commun dans le Westhoek, le long de la Westkust (partie ouest de la côte belge)». Le nom du groupe de travail fait référence à Spoorlijn 73, la ligne ferroviaire reliant Gand à La Panne. Le groupe franco-belge Trekhaak 73 compte deux collaborateurs français et six belges.

La partie de cette ligne ferroviaire entre La Panne et la frontière a été mise hors service, mais il en subsiste quelques tronçons. Dunkerque-Bray-Dunes est une ligne ferroviaire française qui relie, comme son nom l’indique, Dunkerque à Bray-Dunes et continue vers la frontière belge en direction de La Panne. La voie entre Leffrinckoucke et la frontière est désaffectée, mais elle existe toujours.

Les travaux de construction de la ligne ferroviaire entre Dunkerque et Furnes (Veurne) ont débuté en 1865 et se sont terminés le 10 février 1870. Durant l’entre-deux-guerres, il y avait même deux voies pour relier ces deux gares. Il n’en restait plus qu’une seule après 1945, mais le trafic des voyageurs était en nette diminution, si bien que le 27 septembre 1958, la liaison ferroviaire allait être remplacée par une compagnie de bus française. Entre 1958 et 1960, le trafic international de voyageurs a été supprimé avant que, plus tard, la ligne soit encore empruntée sporadiquement par des trains touristiques.

Depuis 2003, la voie directe entre la ligne 73 et la frontière française est interrompue à La Panne. Un tronçon de rail a été enlevé lors du renouvellement d’un passage à niveau avec la N386 juste après la frontière belge. En France, une partie de l’ancienne ligne a été réaffectée en une piste cyclable verte intégrée à la piste cyclable EuroVelo 4.

Une nouvelle liaison ferroviaire

Trekhaak 73 ne plaide pas pour la remise en service de cette ancienne ligne, mais nourrit un projet plus ambitieux: construire une nouvelle liaison partant du port de Dunkerque et allant jusqu’au Westhoek et, donc, jusqu’à l’intérieur du pays. Le groupe de travail s’est inspiré d’un très grand nombre d’études et de projets de différents niveaux de pouvoir (l’Europe, l’État fédéral belge ou le gouvernement flamand) et est convaincu que son idée tient tout à fait la route. Elle est en tout cas bien étayée.

Aujourd’hui, les trains de marchandises en provenance de Dunkerque transitent par Lille ou Calais. Construire une liaison directe avec Gand leur permettrait d’éviter les goulets d’étranglement d'Hazebrouck, Lille et Courtrai, que longe actuellement le trafic ferroviaire en direction du nord.

La ligne de chemin de fer 73 pourrait ainsi jouer un rôle essentiel dans le réseau de transport, dont la majeure partie est déjà opérationnelle. Le tracé étant particulièrement rectiligne, les trains pourraient traverser le paysage en ayant très peu de virages à négocier. Qui plus est, la ligne épouse un terrain relativement plat, ce qui permet de limiter le dénivelé et d’accroître l’efficacité du trafic ferroviaire. La longueur du trajet serait ainsi réduite de 90 kilomètres, ce qui permettrait non seulement de gagner du temps, mais également d’augmenter la vitesse moyenne des trains empruntant cet itinéraire. Cela représenterait non seulement un avantage pour le transport des marchandises, mais également pour celui des personnes.

Les voyageurs français pourraient accéder plus facilement au Westhoek et à la Westkust ainsi qu’à des villes culturelles telles que Bruges, Gand, Anvers et Bruxelles. Même l’accès à l’aéroport de Bruxelles serait facilité. Les voyageurs en provenance du Westhoek et de la Westkust pourraient embarquer à Dunkerque dans un TGV à destination de Paris et au-delà, tandis que la gare de Calais-Fréthun serait reliée à l’Eurostar. Ces évolutions seraient intéressantes également pour les personnes qui traversent la frontière pour aller travailler et pour le tourisme, notamment parce que la côte belge et la côte d’Opale seraient considérées comme un seul et même territoire.

Selon Trekhaak 73, une offre de trains cohérente, avec une fréquence suffisante, pourrait stimuler une demande durable. Actuellement, les voyageurs qui prennent la navette en bus gratuite entre Adinkerque (Adinkerke) et Leffrinckoucke doivent changer à Leffrinckoucke, de sorte que le trajet jusqu’à Dunkerque dure 56 minutes. Le service actuel semble surtout adapté à un trafic local et n’a pas été intégré au sein du réseau ferroviaire international. Vu l’offre limitée ainsi que la lenteur et le manque de confort du service de bus, le potentiel de la liaison n’est pas exploité en ce moment.

Bref, le projet de Trekhaak 73 n’offre que des avantages, mais encore faut-il que l’infrastructure suive. L’ancienne ligne de chemin de fer ne convient pas pour les trains de voyageurs rapides, ni pour les lourds trains de marchandises. La ligne traverse une zone environnementale protégée, des zones d’habitat et des zones urbaines densément bâties, elle est jalonnée de nombreux passages à niveau, avec toutes les questions que cela pose en matière de sécurité, et l’obtention des permis prend plus de temps que prévu en raison de diverses contestations et protestations. La zone est confrontée à des problèmes tels que l’ensablement et les dunes mobiles, avec pour conséquences un tracé sinueux et des vitesses faibles.

C’est pourquoi la solution pourrait passer, selon Trekhaak 73, par un nouveau tracé, la nouvelle ligne de chemin de fer 73N. Celle-ci contourne les noyaux d’habitat de Furnes et La Panne (Adinkerque), ce qui présente un bienfait pour la qualité de vie des habitants, et suit en grande partie le tracé des autoroutes. Elle doit pouvoir être empruntée par les trains de marchandises longs et lourds, avec une charge à l’essieu de 22,5 tonnes. Elle répond aux normes du réseau transeuropéen de transport (RTE-T), avec des virages longs et des pentes douces qui permettent des vitesses plus élevées. Comme l’autoroute, la ligne de chemin de fer traverse la zone des Moëres (De Moeren) et débouche en partie sur une tranchée ouverte, en partie sur un tunnel.

Trekhaak 73 plaide aussi en faveur de la construction d’une autre ligne locale, la nouvelle ligne 73 A, avec de nouvelles gares qui seront intégrées au trajet: Bray-Dunes et Ghyvelde et Zuydcoote. La proposition n’a pas été chiffrée, mais Trekhaak 73 peut déjà présenter quelques partenaires qui participeraient au financement de ce projet.

Le port s’étend, mais la logique nationale prime

La question qui se pose est de savoir si la France est intéressée par une nouvelle liaison ferroviaire. Dunkerque est un port multimodal en plein essor, qui aspire à une croissance du transport de fret ferroviaire. En 2023, le port a traité 9,5 millions de tonnes de marchandises transportées par le chemin de fer pour un transport total de 49 millions de tonnes. Le géant de l’acier ArcelorMittal est un important transporteur ferroviaire puisqu’il représente 15 des 35 trains qui circulent quotidiennement.

Dunkerque est également le principal port fluvial du nord de la France, avec 3 millions de tonnes transportées par eau. Le port a investi 11 millions d’euros dans de nouveaux docks, avec quatre voies ferrées de 850 mètres de long pour le transport de conteneurs. Objectif: transporter 21 % des conteneurs par rail d’ici à 2035, ce qui représenterait pratiquement le double d’aujourd’hui (13 %). Un terminal de transport combiné avec de nouvelles destinations côté ouest du port doit entrer en phase de développement en 2025, bien que des détails tels que les coûts d’investissement ne soient pas disponibles actuellement. Mais comme de coutume en France, on privilégie les infrastructures nationales et on continuera d’épuiser la liaison via Lille en tant que première option. Rien, dans les documents stratégiques, n’indique un quelconque engagement à adopter le tracé via Furnes.

Côté flamand également, on recherche des points de convergence. Le plan «Visie 2030», dans lequel le Westhoek définit sa politique en matière de transport, met surtout en avant l’ambition de continuer d’utiliser des bus pour le transport public transfrontalier. «Par-delà la frontière, nous nous focalisons au sud sur la liaison avec Armentières, puis vers Lille en bus ou en train (avec correspondance). [...] Côté ouest, nous nous concentrons sur Hazebrouck et Dunkerque via le réseau de bus. Comme prévu dans le plan de transport à court terme, les projets pilotes vers Armentières et Hazebrouck indiqueront s’il est souhaitable d’exploiter ces liaisons de manière permanente et de détenir des participations dans des liaisons transfrontalières rapides vers Dunkerque. Une éventuelle interconnexion des flexbus avec le réseau de transport public français pourrait être étudiée en complément (ou en tant qu’alternative).» Le projet pilote de liaison avec Armentières a été testé pendant un an et a été abandonné le 1ᵉʳ septembre 2023. Dunkerque maintient pour l’heure son système de bus gratuits, avec une fréquence d’un bus par heure au départ d’Adinkerque.

Trekhaak 73 ne manque en tout cas pas d’enthousiasme pour convaincre les décideurs politiques du bien-fondé de son idée de nouvelle ligne de chemin de fer. En décembre, l’association a organisé une réunion d’information à Bray-Dunes et à La Panne, qui a attiré non seulement la presse, mais également des personnalités politiques ainsi que les sociétés belge et française des chemins de fer.

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